Il est dit que dans la nuit du 28 au 29 novembre, hommes et charrettes convergent vers la Pointe de Pen Lan où sont attendus les navires anglais. A une heure du matin, un coup de canon retentit, signalant le début des opérations avec l’arrivée des trois frégates et deux bâtiments de transport du commodore Keats. Il fait alors un froid terrible et, parmi les hommes qui ont attendu toute la nuit le signal convenu, deux sont morts de froid. Les opérations de débarquement se passent bien, sans incident majeur. Le chef de la flotte anglaise, venant à terre pour s’assurer du bon déroulement des opérations, trouve Georges Cadoudal dans l’eau jusqu’à la hanche, l’épaule sous le bord d’un vaisseau échoué, qu’il voulait remettre à flot. Le capitaine fut bien surpris de trouver dans cette occupation un chef auquel son gouvernement accordait un crédit et dont la réputation était déjà grande en Angleterre. Ce débarquement d’armes s’effectua avec une telle ampleur que les autorités furent très vite averties. Elles préviennent le général Harty à Vannes dès le 8 Frimaire an VIII (29 novembre 1799), alors que les opérations venaient d’avoir lieu : « nous venons d’être informés par des voyageurs témoins des faits, que les brigands qui se sont rendus à la côte en très grand nombre, y ont reçu des anglais des hommes, des armes et des munitions de toute espèce et en grande quantité sur les côtes de Musillac et de Billier, pendant la nuit dernière et jusqu’à midi de ce jour. Les rebelles ont pris la route de Péaule et Bourg Paul avec un train d’environ 60 charrettes chargées de munitions et de canons. Il n’y a pas un instant à perdre pour marcher à leur poursuite… ». Le débarquement de la Pointe de Pen Lan se révéla une totale réussite pour Cadoudal et les chouans. Une autre livraison fut prévue pour le 8 décembre. « Un évènement extrêmement malheureux arrivé au porteur du présent m’a empêché de vous faire parvenir pour cette nuit un pilote qui pût diriger à la côte les bateaux que j’allois y attendre à la tête d’un corps considérable. J’espère que cette fois il sera plus heureux et qu’il arrivera au moins à tems pour guider demain au soir au lieu dont je suis convenu avec lui les chasses marés chargés de tous les objets que vous nous destinez. La marée permettra d’arriver pour onze heures demain soir au lieu dont je suis convenu avec le porteur et qu’il vous indiquera. J’y serai pour cette heure je vous aurai la plus grande obligation de vous y trouver aussi sans manque. J’ai beaucoup de choses à vous dire verbalement relativement à notre position. Les canons de huit et les boulets avec quelque peu de poudre peuvent être déposés à Houat. Le général Mercier a parfaitement réussi dans son débarquement. Je vous serai obligé de tirer demain à midy trois coup de canon pour m’annoncer qu’il vous sera possible d’arriver à la côte pour l’heure ci-dessus annoncée… ». Pierre Mathurin Mercier, dit « la Vendée » (1774-1804), cité dans le texte fut un chef chouan, qui commandait la légion de Vannes et l'Armée catholique et royale des Côtes-du-Nord, lors de la Chouannerie et de la Guerre de Vendée.
Reference : 101C18
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