‎JACQUELIN (Jean)‎
‎"Les Visiteurs du soir"‎

‎ [1942]. 16 pages ch. 1 à 10 (320 x 405 mm) sur bristol et sous couverture bristol fort (480 x 380 mm), gouache, encre de chine et mine de plomb. Tampon de l'atelier au dos. Maquette originale pour un projet d'invitation à la première projection du film, en décembre 1942. Sous l'illustration de la couverture, cette légende : "Suivant un document de l'époque". ‎

Reference : 30549

‎Pour la sortie des Visiteurs du soir, des immenses fresques peintes sont apposées sur les façades du cinéma de la Madeleine, à partir du 5 décembre 1942. Mais une avant-première se tient la veille, au Lord Byron : une projection privée donnée le 4 décembre 1942 (au 122, avenue des Champs-Élysées, à l’emplacement de l’actuel Bistro Romain) pour laquelle une plaquette, vendue au profit des Œuvres sociales du cinéma, est éditée : elle présente un scénario illustré, supervisé par Jean Mounier, directeur de la publicité pour Discina (la société de production d’André Paulvé). C’est ici un projet de maquette de la plaquette éditée, Jacquelin proposant une interprétation classique et merveilleuse du scénario avec des vignettes entourant le synopsis du film, ainsi qu’il sera créé pour la soirée du 4 décembre. Le merveilleux film de Carné tient sa réussite autant des décors de Trauner que des dialogues de Prévert et le jeu d’Arletty, Jean-Louis Barrault et Alain Cuny. Il sort sur les écrans parisiens le 5 décembre 1942, dans deux cinémas prestigieux : le Madeleine et le Lord Byron, sur les Champs-Élysées. Le film restera à l’affiche pendant dix-neuf semaines au Madeleine, cinéma où sera présenté, trois ans plus tard et en exclusivité, Les Enfants du paradis. C’est un immense succès public et critique : « Les Visiteurs du soir ont surgi dans la morne production 1941-1942 comme un événement révolutionnaire. On a tout de suite compris qu’il marquerait une date, le début d’une influence, l’origine d’un style. Le photographe a su créer ici des images parfaitement en accord avec le drame, sèches, blanches et noires, dépouillées et lumineuses comme le paysage méridional qui en constitue le fond. Ce poème en langue d’Oc n’a pas besoin de l’équivoque de l’ombre pour élaborer ses maléfices. Le mystère est tout entier dans l’âme des êtres et des choses qui offrent sans détour leur apparence brûlée de soleil » (André Bazin, Jeux et poésie, 1943). « En compagnie de son fidèle scénariste, Jacques Prévert, Marcel Carné s’est si bien échappé de ses drames bourbeux que nous le retrouvons au beau milieu du pays des légendes, dans ces temps du Moyen Age où le merveilleux était si familier aux hommes. On ne peut assez louer la délicatesse et la sûreté avec lesquelles Carné a su marier le symbole, l’allusion, le goût prodigieux qu’il y a dans la composition de ses moindres images, ces jeux d’éclairage si raffinés qui forment, d’un bout à l’autre du film, l’accompagnement le plus expressif au poème d’un grand amour… » (François Vinneuil, Le Petit Parisien, 12 décembre 1942). Le scénario de Jacques Prévert et Pierre Laroche sera publié en 1947 chez La Nouvelle Édition, avec une préface de Pierre Mac Orlan. ‎