‎SAINT-EXUPERY (Antoine de)‎
‎Jeu du pendu représentant Silvia Hamilton‎

‎ Silvia Hamilton Reinhardt fut le grand amour new-yorkais d'Antoine de Saint-Exupéry : c'est à elle qu'il donna, avant son départ pour l'Afrique du Nord, le manuscrit original du Petit Prince (aujourd'hui conservé à la Pierpont Morgan Library de New York), en témoignage de la trace qu'elle laissa dans ce livre, écrit à New York durant les mois de leur relation. Ils se séparèrent dans l'amertume en 1943, Saint-Exupéry soupçonnant - avec raison - une liaison entre Silvia (que Saint-Exupéry orthographiait "Sylvia" dans ses lettres) et le réalisateur et producteur de films d'origine allemande, Gottfried Reinhardt, qui travaillait pour les studios de la Fox. S.l.n.d. [New York, premier trimestre 1943]. 1 f. (150 x 100 mm) à la mine de plomb. Saint-Exupéry pend Silvia Hamilton : terrible jeu du pendu sur lequel une figure de femme, dans la même tenue que Le Petit Prince, qui se balance au bout de la corde. Le mot à trouver était SILVIA, raturé au premier Y, transformé en i. ‎

Reference : 28929


‎Silvia Hamilton Reinhardt fut le grand amour new-yorkais d’Antoine de Saint-Exupéry : c’est à elle qu’il donna, avant son départ pour l’Afrique du Nord, le manuscrit original du Petit Prince (aujourd’hui conservé à la Pierpont Morgan Library de New York), en témoignage de la trace qu’elle laissa dans ce livre, écrit à New York durant les mois de leur relation. Ils se séparèrent dans l’amertume en 1943, Saint-Exupéry soupçonnant – avec raison – une liaison entre Silvia (que Saint-Exupéry orthographiait "Sylvia" dans ses lettres) et le réalisateur et producteur de films d’origine allemande, Gottfried Reinhardt, qui travaillait pour les studios de la Fox. Ce crayonné est vraisemblablement l’esquisse, voire l’idée princeps, d’un autre fameux dessin, plus abouti, exécuté à l’encre et à l’aquarelle : il représente Saint-Exupéry, pendu sur sa planète, tandis que, sur la planète « Fox », un couple est enlacé. Ce dessin, repassé en vente en 2020 (étude Kâ-Mondo, juin 2020) faisait partie, des nombreux dessins de la vente de 1976 (Laurin-Guilloux-Buffetaud-Tailleur, Drouot RG, mai 1976) ; ils sont les deux seuls à évoquer de manière si tragique cette douloureuse séparation même si, dans la préface au catalogue, Silvia Hamilton en donna une toute autre version : elle impute la tristesse de l’auteur à la décision de la MGM de retirer de la circulation le film Vol de nuit. Cette interprétation, moins romantique, est devenue la version officielle de cette fin de relation et de ces deux dessins « aux pendus » : le premier, où l’une est à pendre, sans doute de colère, puis le second, où l’autre se pend, sans doute de désespoir. Saint-Exupéry dessine ici une seconde potence, et deux autres fleurs de pissenlit, détails emblématiques de son maître-ouvrage. Les lettres AEX – ses propres initiales – sont barrées dans l’angle inférieur droit : le pendu à trouver, ce n’est pas lui, c’est elle ! La seconde potence, si le jeu avait été poursuivi, aurait-il donné comme nom « Gottfried » ? Probable ! Silvia Hamilton-Reinhard livrera par la suite des souvenirs précis : « Quand nous nous sommes rencontrés il m’a raconté l’histoire du Petit Prince qu’il n’avait pas encore commencé d’écrire. Comme il faisait constamment de merveilleux croquis, je lui suggérai d’illustrer lui-même ce livre. […] Au printemps 1943, il réussit enfin à rejoindre l’Afrique du Nord. Les conditions qu’il y trouva le rendirent malheureux, ce que décrivent particulièrement bien les deux dernières lettres qu’il m’adressa. […] Le jour de son départ approchait (pour l’Afrique du Nord, avril 1943). Je lui fis faire un bracelet d’identité en or. […] Je le lui donnai le matin où il vint me faire ses adieux. En partant il me dit : ‘Je voudrais te donner quelque chose de splendide, mais c’est tout ce que j’ai. Il me mit dans les mains son vieil appareil Zeiss Ikon et le manuscrit français du Petit Prince’ » (Icare, n° 84, 1978 ; dans cette même livraison est reproduite la fameuse lettre-testament de mai 1942, écrite depuis Alger). Provenance : collection Claude Seignolle (Paris, Gros & Delettrez, 15 décembre 2022, n° 163). ‎

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