Nohant 4 mars [1858]. 3 p. en 1 f. plié (210 x 135 mm) à en-tête « G.S. » (timbre à sec), rédigées à l’encre bleue, enveloppe conservée avec cachet de cire rouge à la devise « Vitam impendere vero » + cachet de la poste du « 5 mars 1858 La Châtre ». « Mon cher Faivre, votre petit mot m’a été aussi agréable qu’il vous a été ennuyeux à écrire, car Maurice nous a révélé les mystères de votre paresse à l’endroit des lettres, et les horreurs du rhume ou vous étiez plongé. J’espère que le rhume est fini ; quant à la paresse, j’avais dit à Maurice de vous dispenser de lutter contre elle. Je sais que vous ne nous oubliez pas et je compte toujours sur votre promesse de revenir pour plus longtemps, beaucoup plus longtemps [souligné], cette année. Vous savez que j’ai une commande à vous donner, outre les grands travaux dramatiques qui vous réclament. Maurice m’écrit que vous donnez de superbes représentations de marionnettes avec lui, puis que vous êtes l’orchestre à grands effets, à vous tout seul. Je regrette de n’être pas là pour partager de si puissantes émotions. […] pourtant que Maurice travaille un peu, et que la peinture trouve son heure au milieu de tous ces enivrements. Manceau vous envoie mille bonnes amitiés avec les miennes. Il a verni le portrait qui est de plus en plus charmant à regarder et dont je vous remercie en moi-même à toute heure. G. Sand. Nohant 4 mars »
Reference : 28219
Dans le Théâtre de marionnettes de Nohant, paru en 1876, George Sand se rappelle de l’installation du premier théâtre de marionnette dans la maison de Nohant : « C’est en 1847, que pour la première fois, avec l’aide d’Eugène Lambert, Maurice installa une baraque de marionnettes dans notre vieux salon » Et George Sand de concevoir aussitôt les costumes des marionnettes, l’occasion de se livrer à un réel travail d’imagination et de faire preuve d’un génial talent de « bricoleur ». Maurice Sand et Eugène Lambert fabriquent eux-mêmes leurs marionnettes, dites « Burattini » : des marionnettes à gaine ou à manchon en tissu, dont ils peuvent sculpter la tête. Plus d’une centaine de marion¬nettes sont fabriquées à Nohant en trente ans, dans du bois de tilleul, puis peintes, avec des clous pour les yeux et de vrais cheveux, récupérés chez le coiffeur de La Châtre. Excellent aquarelliste, Antoine Jean Étienne Faivre, dit Tony Faivre, est un ancien élève de l’école de dessin de Besançon. Il exécuta de jolis éventails et de charmants panneaux décoratifs et fut, avec Eugène Lambert, le fidèle compagnon de Maurice Sand à Paris comme à Nohant, où il ajoute des effets de voix et participe à la mise en scène. Il séjourna au moins quatre fois dans l’Indre, entre 1857 et 1859, participant activement aux représentations théâtrales : « Faivre est dans le fond qui nous passe les sujets. Je dirige le tout et cela fait un spectacle assez complet », en attestera Maurice Sand à sa mère dans plusieurs lettres enthousiastes. Correspondance, t. XIV, n° 7758. Deux lettres de Maurice Sand à George Sand font état de leur amitié, conservées au Fonds patrimonial de la Bibliothèque de La Châtre (lettres du 8 février 1858 et du 5 mars 1858).
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