Paris, Michel Lévy frères, 1872 1 vol. (145 x 225 mm) de [2] f., frontispice, 337 p. Maroquin marron, dos à nerfs, titre doré, date en pied, contreplats à encadrement ornés, doubles gardes de soie et papier marbré, tranches dorée, couvertures et dos conservés (reliure signée de Marius Michel). Edition originale, illustrée d'un portrait-frontispice de Louis Bouilhet gravé à l'eau-forte par Léopold Flameng d'après Legé. Avec une importante préface de Gustave Flaubert (34 pages). Magnifique exemplaire en pleine reliure de Marius Michel.
Reference : 28035
Dédicataire de Madame Bovary, « accoucheur » de Flaubert, Louis Bouilhet fut d'abord son condisciple au collège de Rouen sans être son camarade, leur amitié ne datant que de 1846. Excellent élève, à l'inverse de Flaubert, il entre à l'école de médecine de Rouen, puis devient interne à l'Hôtel-Dieu, dirigé par le Docteur Flaubert, père de Gustave. Il abandonne la médecine pour la poésie, en gagnant sa vie comme professeur de Lettres. « Voilà un homme, ce Bouilhet ! Quelle nature complète ! Si j'étais capable d'être jaloux de quelqu'un, je le serais de lui. Avec la vie abrutissante qu'il a menée et les bouillons qu'il a bus, je serais certainement un imbécile maintenant, ou bien au bagne, ou pendu par mes propres mains. Les souffrances du dehors l'ont rendu meilleur. Cela est le fait des bois de haute futaie : ils grandissent dans le vent et poussent à travers le silex et le granit, tandis que les espaliers, avec tout leur fumier et leurs paillassons, crèvent alignés sur un mur et en plein soleil. ». (Flaubert, lettre à Louise Colet, 25 octobre 1853). Il réside à Paris de 1854 à 1857, puis à Mantes jusqu'en 1867, et enfin à Rouen, où il sera nommé conservateur à la bibliothèque publique. Melaenis, sa première grande oeuvre, est un long poème en 2900 vers, rédigé en 1849, pendant que Flaubert rédige La tentation de Saint Antoine. Le Musée de Rouen porte sur ses deux faces les monuments élevés à Flaubert et à Bouilhet ; le buste de Maupassant est voisin. Ce rapprochement est à propos : les trois écrivains normands ont été plus que des compatriotes, ils ont formé une vraie famille d'esprits. Flaubert a traité Bouilhet en frère et Maupassant en fils. Cadet de ce trio, Guy de Maupassant se souviendra des « vers charmants, sonores, amoureux» qu'un pion du collège de Rouen déclama en pleine rue après avoir salué « un gros monsieur décoré à longues moustaches tombantes », et désigné à ses élèves (dont le jeune Guy) le poète Louis Bouilhet. Peu de temps après, à l'automne 1868, Maupassant rendit visite au poète et devint dès lors son fervent disciple. Amoureux de la Chine dont il étudiait la langue, Louis Bouilhet eut une existence retranchée et modeste ; méprisé par l'académie de Rouen qui jugeait son oeuvre «surfaite», mal vu des bourgeois locaux pour ses moeurs libres (il vécut avec sa maîtresse et le fils de celle-ci), il n'eut de consolations que dans l'amitié profonde qu'il partagea avec Flaubert, et dans son travail littéraire, mené souvent aux côtés de son ami dont il fut l‘unique et redouté correcteur. A partir de 1869, l'auteur de Madame Bovary, ivre du deuil de Louis Bouilhet mort à l'âge de quarante-sept ans, se battra pour lui gagner une place au panthéon des poètes qu'il eut toujours la délicatesse de ne pas convoiter et s'attacha à faire publier ce volume de Dernières chansons.
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