Rio de Janeiro, Éditions France libre, (juillet) 1946 1 vol. (200 x 275 mm) de 115 p. et [1] f. Broché, non coupé, couvertures à rabats. Édition originale. Portrait-frontispice en héliogravure. Tirage unique à 250 exemplaires sur vélin, signés par l'auteur (n° 222).
Reference : 23369
"On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. » Le texte fut rédigé à la fin de l'année 1944, au Brésil, puis fut ensuite donné au Comité de la France Libre qui le fit imprimer et publier sur place dans cette édition à petit nombre. Cet essai visionnaire est sans doute le plus dense et le plus importants des essais de Bernanos, qui écrit ces lignes - "les dernières que j'écrirai au Brésil, après sept années d'exil -", dont le titre principal devait être "Hymne à la liberté". Georges Bernanos met en garde les hommes contre la civilisation des machines et la technique déshumanisante, dont l'objectif est de nier l'existence de l'âme et donc d'abolir la liberté. A l'homme productif, modèle de la société technicienne, Bernanos oppose le modèle antique de l'homme contemplatif. " C’est un membre du Comité de la France libre de Rio de Janeiro qui lui a suggéré de l’intituler « La France contre les robots ». Une puissante intuition. Le mot « robot » était encore neuf dans la langue française. Il était apparu dans une pièce de théâtre de l’écrivain tchèque Karel Čapek intitulée R.U.R, Rossum’s Universal Robots, jouée à Paris en 1924. En tchèque, robota signifie « travail forcé », « corvée ». Dans la pièce, les robots fabriqués à la chaîne condamnent les individus à l’oisiveté. Une guerre s’ensuit entre les hommes désœuvrés et les machines révoltées contre leurs créateurs. En 1944, avant que paraissent les nouvelles de science-fiction d’Isaac Asimov, le mot « robot » renvoyait encore à un automate à forme humaine, à l’homme-machine d’une civilisation nouvelle. Les robots n’avaient pas fait leur apparition dans les chaînes de production industrielle (1961) ou dans les tâches ménagères (1963). Leur nom évoquait une rivalité dangereuse avec l’espèce humaine. Quand le mot « robot » fait son entrée en littérature française en 1944, il le fait simultanément chez deux écrivains, Georges Bernanos et Antoine de Saint-Exupéry. Le 31 juillet 1944, avant d’embarquer pour son dernier vol, l’écrivain-aviateur a laissé cette lettre sur la table de sa chambre : « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leurs vertus de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier. » (in Georges Bernanos et la question de la technique, Revue des Deux Mondes, 2021, p. 106 et sq.) L'ouvrage est dédié à Auguste Rendu, justement Président du Comité de la France Libre au Brésil et à ses membres. La longue et importante préface est adressée Rendu et ses amis : " Vous étiez pour la plupart des hommes tranquilles et laborieux, attachés à leur métier, à leur négoce, à leur famille, et généralement peu soucieux de politique. La nouvelle de l’armistice vous a tous frappés de stupeur avant de vous enflammer de colère. Vous n’avez pas discuté l’armistice, vous avez refusé d’entrer dans les prétendues raisons de l’armistice. Vos adversaires en profitent pour vous accuser d’intransigeance, et même de fanatisme. Ils ont ainsi dupé un certain nombre de naïfs qui, dans le but de rassurer leur propre conscience, ne demandaient pas mieux que de vous croire aveuglés par la passion (…) Les événements vous ont donné raison, ils ont donné raison à vous et à l’honneur. Cela devrait clore le débat. Malheureusement ce n’est ni à vous, ni à l’honneur que se sont ralliés vos anciens adversaires ; ils ne se sont ralliés qu’au succès, afin d’en tirer parti (…) Nous souhaitons autant que personne l’union des Français ; je ne voudrais pas la retarder d’un jour, d’une heure. Mais, il y a quelque chose de plus précieux que l’union, ce sont les principes au nom desquels on s’unit. L’esprit de l’armistice est inséparable de l’esprit de collaboration, le drame de l’armistice et celui de la collaboration ne font qu’un seul et même drame, celui de la conscience nationale, obscurcie par les équivoques. La loyauté inflexible d’hommes tels que vous a dissipé ces équivoques. Il ne faut pas qu’elles se retrouvent un jour, sous une forme ou sous une autre, dans la conscience des futurs petits Français.". Les autres membres du Comité à qui l'ouvrage est dédié sont Marcel Layolle, Jean Hauser, André Faure, René Bouguié, Léon Reuché, René Wurmser, Maurice Cellier, Pierre Aubaud, Louis Hutier et Arthus Germain et Yves Mainguy. Le feuillet de dédicace ne sera imprimé que pour l'édition française paru chez Robert Laffont en 1947. L'ouvrage original, comme les précédents titres de Bernanos au Brésil (Lettre aux Anglais, Monsieur Ouine, Le Chemin de la Croix-des-Âmes) est imprimé sous la direction de Charles Ofaire, le fondateur des éditions Atlântica editora, et principal éditeur francophone au Brésil. Charles Ofaire aura exprimé son engagement en faveur de la France Libre par ce texte, mais aussi en publiant - en français comme en portugais - la biographie de Charles de Gaulle de Philippe Barres. Après la Guerre, il quitte Rio de Janeiro à l’appel de Charles de Gaulle qui compte lui confier, comme à Georges Bernanos, d’importantes responsabilités. Outre Bernanos, L’Atlantic Editora publia le Jeanne d’Arc de Jules Michelet, des ouvrages engagés en faveur des alliés comme L’Honneur des poètes, et mit en place une collection, « Les Cahiers de la Victoire », consacrée à des ouvrages de résistance.
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1955 Club Français du Livre 1955, in-8 relié toile noire décorée de l'éditeur, titre en rouge et blanc. 227 p. (bon exemplaire)- Joint un cahier de 16 pages d'illustrations en noir de facsimilés de la couverture originale, photos et textes manuscrits de Bernanos. Tirage limité à 8126 exemplaires numérotés sur bon papier,N°4952. Une édition club très réussie (maquette de Jacques Darche) du plus abouti de ses cris de révolte contre le monde moderne.
Club Français du Livre 1955, in-8 relié toile noire décorée de l'éditeur, 227 p. (très bon exemplaire) Tirage limité à 8126 exemplaires numérotés sur bon papier. Une édition club très réussie (maquette de Jacques Darche) du plus abouti de ses cris de révolte contre le monde moderne.
Rio de Janeiro, France Libre, 1946
Justification autographe du tirage par de l'auteur, complet de sa photo,uniformément jauni, très bon état.
PARIS Robert Laffont 1947 Un volume in-12°, 222 pp., couverture imprimée. (couverture légèrement marquée, plis au dos). Édition originale, exemplaire du tirage ordinaire. Non coupé.
Editions France libre, Rio de Janeiro 1946, 19,5x27,5cm, broché.
Edition originale imprimée à 250 exemplaires numérotés. Ouvrage illustré, en frontispice, d'un portrait photographique de l'auteur. Une très légère éraflure sans gravité en pied du premier plat, deux traces de pliures verticales sur la première garde, quelques petites piqûres. Signature manuscrite de Georges Bernanos en dessous de la justification du tirage. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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