[Paris], 18 avenue Elisée-Reclus, 10 juillet 1956. 1 f. (210 x 300 mm), à l'encre bleue. [Grand point d’interrogation], signé par Guitry de sa large écriture, suivi d’un mot autographe : « P.S. : je m’étais juré de vous écrire la lettre la plus courte du monde afin de vos importuner le moins longtemps possible, monsieur le ministre et ami. De tout cœur votre 10/7/1956 ».
Reference : 23075
Le gouvernement de Guy Mollet, en place du 1er février 1956 au 21 mai 1957, est le plus long de la IVe République. Paul Ramadier y occupe le ministère des Finances, son dernier poste ministériel. Ancien résistant, député sous Daladier, démissionnaire et refusant les pleins pouvoirs à Pétain, il sera plusieurs fois ministre sous de Gaulle à la Libération et le premier président du Conseil de la IVe République en 1947. Il sera ministre tour à tour du Ravitaillement, de la Justice, de la Défense, des Affaires économiques et financières et des Finances en 1956. Sacha Guitry est alors en proie à de graves difficultés financières, qui ne l'empêchent pas, en empruntant de-ci de-là, d'intégralement financer les enterrements de Paul Léautaud et de Charlotte Lysès qui meurent au début de l'année 1956. Mais sa dette est abyssale : cinquante millions de francs, rien que pour la partie fiscale. Il demande alors un rendez-vous directement avec le ministre Ramadier qu'il obtient et plaide sa cause : « Mes films, Versailles, Napoléon, Paris, ont déjà rapporté plus d'un milliard de francs à l'État, monsieur le Ministre, grâce à leur exploitation mondiale. Et, aujourd'hui, on me poursuit pour cinquante millions. Il y a quelques jours, des huissiers sont venus me saisir des meubles... ». Ramadier accepte de plaider sa cause auprès de ses services, mais précise que « l'administration fiscale ne peut effacer votre dette. Cependant, après avoir fait réexaminer votre dossier, j'ai le plaisir de vous annoncer que votre dette est réduite de 17 millions. Il vous faudra donc régler 33 millions. Je ne peux faire mieux, croyez-moi » (cité in C'était Sacha Guitry, p. 240). Seule solution pour Guitry : vendre ses plus beaux tableaux, discrètement, par l'entremise de marchands d'arts qui lui négocieront des Manet, Modigliani, Cézanne et un fameux Toulouse-Lautrec : Rouge.
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