Paris, Éditions surréalistes, (25 novembre) 1930. 1 vol. (185 x 235 mm) de 1, [16], 1, [3], 1 f. Broché, sous emboîtage et étui de Julie Nadot. Édition originale. Un des 185 exemplaires sur papier Ingres rose (n° 185). Envoi autographe signé : « à Georges Hugnet… Quand le poème se sépare du poète… pour un autre poète avec les amitiés de René Char ». Très bel exemplaire, de remarquable provenance. Les fragiles couvertures roses sont parfaitement conservées, ainsi que le rare prière d'insérer.
Reference : 18408
Rédigé par René Char avec la collaboration d'André Breton et de Paul Éluard, le prière d'insérer s'ouvre sur cette exclamation « Femmes qu'on ne voit pas, attention ! », paru dans un journal parisien sous forme de petite annonce qui fit son petit effet puisque, le soir même, deux jeunes femmes se présentèrent chez René Char... Artine, femme rêvée ou plutôt femme de rêve éveillé, cheminera dans l'oeuvre de Char, à nouveau nommée dans Ralentir travaux, La Parole en archipel ou Sous ma casquette amarante. « Les six lettres d'Artine, insiste Pierre Sebbag, se trouvent dans Ralentir [Travaux] (...), l'achevé d'imprimer du premier est le 24 novembre 1930, celui du second, du 25 novembre ». Tout cela semble avoir été coordonné, d'autant que, de l'aveu de Char lui-même, le titre de Ralentir Travaux « a été trouvé sur la route de Caumont-sur-Durance, à quelques mètres de la demeure d'une jeune fille rencontrée sur la pelouse d'un hippodrome » : celle là-même qui fut à l'origine d'Artine, faite « à partir d'une jeune femme morte noyée, Lola Abba, et d'une jeune fille que j'avais rencontrée trois ou quatre ans auparavant, sur la pelouse d'un hippodrome, lieu fascinant entre tous, que je fréquentais comme une terre magnétique » (Sous ma casquette amarante). Les rapports entre les deux titres sont à l'évidence multiples et ces coïncidences, mannes pour les surréalistes qu'ils étaient alors. Deux ans avant Ralentir Travaux, elle marque le premier rapprochement, déterminant, entre Char, Breton et Éluard. Char fera à ce dernier le plus beau des cadeaux une fois le texte publié : il lui offrira le manuscrit d'Artine, rédigé sur papier jaune. Éluard le conservera jusqu'à sa mort, avant que René Char ne le récupère. Lequel, lui aussi, le gardera aux Busclats toute sa vie. Très bel exemplaire, en parfaite condition. De la bibliothèque Bernard Loliée, avec ex-libris.
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Édition originale. Un des 185 exemplaires sur papier Ingres rose. Précieux exemplaire offert à Raymond Roussel, le seul connu. Paris, Éditions Surréalistes, chez José Corti, (25 novembre) 1930. 1 vol. (185 x 235 mm) de [48] p. Broché. Édition originale. Un des 185 exemplaires sur papier Ingres rose (n° 38). Précieux exemplaire offert à Raymond Roussel, le seul connu. Envoi signé : « à Raymond Roussel », suivi de cette citation : « Il y avait un naufragé qui attirait tous les regards. Au lieu de crier : ‘Au secours, à l’aide, mon Dieu sauvez-nous !’ Il se bornait à s’accrocher à une fissure au rocher répétant avec un orgueil étrange en face d’une mort imminente : ‘qu’est-ce que je vous avais dit ? Vous voyez si j’avais raison !’ Ch. R. Maturin (Melmoth). » L’envoi est daté et signé « René Char, 4 avril 1931 ».
On connaît l’admiration passionnée de René Char et des surréalistes pour l’œuvre de Raymond Roussel. Dans son testament daté du 20 janvier 1933, quelques mois avant son suicide, ce dernier avait indiqué d’envoyer « un exemplaire de chacun de [ces] livres par la poste à Messieurs… ». Suivaient les noms et adresses de Robert Desnos, Paul Éluard, Tristan Tzara, Michel Leiris, Fernand Gregh, André Breton, Jacques-Émile Blanche, René Char, Salvador Dali, André Gide, Philippe Soupault, Louis Aragon et Edmond Jaloux, en joignant une lettre à l’adresse de ces « chers confrères » : « Songeant à la bienveillance que vous avez bien voulu manifester à mes livres, je me suis dit qu’il vous intéresserait peut-être de savoir par quel procédé très spécial j’ai écrit certains d’entre eux - procédé expliqué dans le manuscrit ci-inclus […] [Il s’agit de Comment j’ai écrit certains de mes livres] ». Artine semble être le seul livre que Char offrit à Raymond Roussel : le jeune poète n’avait publié, auparavant, que trois ouvrages : Les Cloches sur le cœur, en 1928, Arsenal, en 1929 et Le Tombeau des secrets, en avril 1930. Pour ces trois livres, aucun exemplaire n’est connu comme envoyé à Roussel, que Char, à ces dates, n’a pas encore rencontré. Sans doute grâce à l’amitié naissante avec Éluard et Breton, le rendez-vous n’aura lieu qu’au début de l’année suivante. Le poète lui offre alors Artine, son dernier livre paru, avec cette dédicace qui en appelle au chef-d’œuvre du roman noir gothique de Charles Maturin, Melmoth : ce roman-labyrinthe, construit en dédales et abîmes, renouvelle le thème faustien du pacte démoniaque et brosse avec fureur sur près de six cents pages la vie d’un « héros » possédé par le mal, pour qui le temps n’existe pas. Arrêtons-nous un instant sur cette présence, car elle est d’importance : le révérend Maturin, vicaire à Dublin, publie Melmoth ou l’Homme errant en 1820. L’ouvrage est traduit en français dès l’année suivante. Bien qu’incomplète, cette traduction d’un certain Jean Cohen marque les esprits des décennies durant. Nodier, Walter Scott, Banville, Nerval, Edgar Poe l’honorent ; Balzac, en premier, en écrit une suite, intitulée Melmoth réconcilié. « Pour lui, Melmoth a été une grande œuvre inspiratrice, à l’égal de Tristram Shandy de Sterne, des Contes d’Hoffman, des romans historiques de Scott : il est une source reparaissante, aux multiples résurgences, de l’œuvre balzacienne »(Le Yaouanc). Avant que Baudelaire ne s’en empare. Hanté par le regard insoutenable de ce « rire qui ne dort jamais », le poète évoque par deux fois, dans Les Curiosités esthétiques puis dans L’Art romantique, le « rire terrible de Melmoth », selon son expression, emblème satanique par excellence : « Aussi comme il rit, comme il rit, se comparant sans cesse aux chenilles humaines, lui si fort, si intelligent, lui pour qui une partie des lois conditionnelles de l’humanité, physiques et intellectuelles, n’existent plus ! Et ce rire est l’explosion perpétuelle de sa colère et de sa souffrance. Il est, qu’on me comprenne bien, la résultante nécessaire de sa double nature contradictoire, qui est infiniment grande relativement à l’homme, infiniment vile et basse relativement au Vrai et au Juste absolus. Melmoth est une contradiction vivante ». Insatisfait par ailleurs de la traduction, il projeta d’en donner une traduction plus conforme pour le compte des éditeurs belges Lacroix et Verboeckhoven, mais finalement ces derniers firent réaliser la traduction par Maria de Fos en 1867 - mais elle aussi toujours incomplète. C’est probablement André Breton qui signale l’existence du roman à René Char, ainsi qu’aux autres membres du groupe surréaliste. Breton, dès lors, ne lâchera plus le texte et sera à l’origine de son édition, enfin complète, en 1954 chez Jean-Jacques Pauvert. Jacqueline M.-Chadourne, la traductrice de cette version moderne, précise que les parties retranchées correspondent surtout aux passages où le romancier « donne le plus libre cours à ses assauts contre les jésuites, l’Église romaine, l’Inquisition en Espagne, les misères des couvents, le sadomasochisme monacal, bref contre toutes les perversions d’une religion, fondée selon lui, sur la souffrance et les tourments. Là, Maturin pousse aux extrêmes la dialectique de la révolte luciférienne » (note du traducteur de la première traduction intégrale en français, Phébus, 1996, p. 29). « Ce célèbre roman noir dont l’imagination frénétique atteignit un degré qui ne fut égalé que par Le Moine de Lewis […] exerça une influence énorme sur la littérature fantastique française » (Marc Loliée) et constitue « l’apogée du roman noir. Il eut une influence considérable sur la jeunesse romantique, sur Balzac qui déclarait que Melmoth était égal et par endroits supérieur au Faust de Goethe (…) André Breton en fit le plus grand cas » (Gérard Oberlé). Ce concentré couleur de nuit, que ni Sade ni Goya n’auraient reniés, fascina également Lautréamont, ainsi que le rappelle André Breton dans la préface qu’il donne en tête de l’édition Pauvert : « il n’est pas douteux que Lautréamont a pourvu Maldoror de l’âme même de Melmoth. Il s’agit bien dans les deux cas, non point du démon lui-même, mais de l’agent du démon : l’“ennemi du genre humain”. Le génie de Maturin est de s’être haussé au seul thème qui fût à la mesure des très grands moyens dont il disposait : le don des noirs à jamais les plus profonds, qui sont aussi ceux qui permettent les plus éblouissantes réserves de lumière. Il tenait l’éclairage voulu pour appeler à s’y inscrire le problème des problèmes, celui du mal ». Dans cette même préface, dont l’intérêt est aussi grand que celle rédigée en 1931 par Artaud pour la traduction du Moine, Breton précise que « la présente réédition de Melmoth, ou l’Homme errant vient combler une des plus considérables lacunes de cette information qui nous est nécessaire non seulement pour l’élucidation du problème des sources - on en a rarement vu jaillir d’aussi fécondantes - mais encore pour la fixation d’un point véritablement crucial de l’histoire des idées », celui de l’union du ciel et de l’enfer : certes, ce moment unique a été guetté par Blake et Hugo mais Maturin, lui, « n’a eu besoin que de sonder à l’origine les profondeurs du cœur ». Breton donne alors en exemple la réponse d’Immalee à son amant satanique : « Vous devez m’apprendre à souffrir et je serai bientôt préparé à entrer dans votre monde, mais j’aime mieux pleurer sur vous que sourire sur des roses ». Charles R. Maturin est accessoirement le grand-oncle d’Oscar Wilde, qui puisera dans Melmoth quelques éléments pour son Portrait de Dorian Gray, notamment celui du tableau caché dans le grenier. À sa sortie de prison, Wilde adopte d’ailleurs le pseudonyme de Sébastien Melmoth, s’identifiant au héros maudit créé par son grand-oncle par alliance. Signalons enfin que Humbert Humbert, le héros du Lolita de Vladimir Nabokov, avait baptisée sa voiture Melmoth. Roussel lui offrira l’année suivante ses Nouvelles impressions d’Afrique, avec un envoi plein de gratitude, daté de décembre 1932. C’est, là aussi, le seul exemplaire connu de Roussel envoyé à René Char. Cet envoi, du printemps précédent, est remarquablement poétique, noir et prémonitoire de la disparition de Roussel, que l’on retrouve mort dans sa chambre d’hôtel à Palerme le 14 juillet 1933. Exemplaire bien complet du prière d’insérer.
Tchou, Paris 13.10.1967. Reliure pleine soie décorée 13 x 8, titre et tête dorés, signet, étui. Édition en partie originale. Dessin de Picasso en frontispice.
En fin, un texte inédit court sur sept pages: "Réponses interrogatives à une question de Martin Heidegger". Charmant petit volume minuscule, soigneusement imprimé à Lausanne, qui prendra peu de place sur votre table de chevet. Tchou tout plein ! > En cas de problème de commande, veuillez nous contacter par notre page d'accueil / If you have any problems with your order please contact us via our homepage <
Editions Surréalistes à Paris, 1930. In-8 broché, non paginé, de 28 pages, au format 18,5 x 23,5 cm. Couverture rose rempliée, avec titre imprimé en noir. Dos carré avec titre et deux minuscules fentes horizontales. Plats partiellement décolorés, surtout sur la partie supérieure du 1er. Intérieur frais. Exemplaire en très grande partie non coupé. Un des 15 exemplaires sur papier Ingres vert, après 5 sur Japon blanc nacré, 10 Japon ancien et avant 185 sur Ingres rose. Seul les trente premiers exemplaires comportaient une gravure de Salvador Dali, qui est manquante sur notre exemplaire, qui est certainement un exemplaire de " passe ", puisqu'il n'est pas numéroté. Bel état général. Rarissime édition originale de ce recueil de poèmes de René Char, dédié « Au silence de celle qui laisse rêveur ».
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Paris, Editions Dominiques Walper 1951, 220x140mm, XVI - 343pages, broché. Bel exemplaire.
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Paris, Tchou, 1967. 8 x 12, 120 pp., reliure d'édition pleine toile, sous étui, bon état (étui défraîchi).
Frontispice d'après Picasso.