9 janvier 1918, [Cuverville]. L.A.S.[à André]; 3 pages in-12 (170 x 108).
Reference : 1430
Lettre adressée à l’écrivain belge André Ruyters (1876-1952) ami de Gide et l’un des six pères fondateurs de La Nouvelle Revue Française, alors en poste (depuis 1916) de secrétaire du délégué du ministre français de la guerre à Londres. Il est l’auteur d’un texte intitulé Les Marginalia de Stendhal publié dans le numéro de novembre 1909 de La Nouvelle Revue Française, peut-être doit-on voir un lien avec la mention de Gide "Ci-joint une lettre pour le Stendhal..."André Gide y évoque un prochain voyage en Angleterre : "Je travaille ferme et ne me permettrai le voyage en Angleterre cet été (et pour y rester assez longtemps je présume) que si j’ai suffisamment de besogne derrière moi. "Il se trouve alors à Cuverville, et travaille à l’un de ses ouvrages les plus controversés: Corydon. Essai dialogué ayant pour thème l’homosexualité et la pédérastie, Corydon ne sera publié sous le nom de l’auteur qu’en 1924 après deux timides tentatives clandestines. L'année 1918 est une année clé dans la vie de Gide; il partira bien en angleterre au mois de juillet jusqu'en octobre avec Marc Allégret dont il est éperdument amoureux. Dans son Journal Marc Allegret évoque, durant cette escapade anglaise, de nombreuses rencontres avec André Ruyters.Cette liaison et plus précisément ce voyage seront à l'origine de la séparation de Gide et de son épouse Madeleine comme il le dévoile dans Et Nunc Manet in te, texte rédigé après la mort de sa femme : " Madeleine a détruit toutes mes lettres. Elle vient de me faire cet aveu. Elle a fait cela, m'a-t-elle dit, après mon départ pour l'Angleterre. Oh ! je sais bien qu'elle a souffert atrocement de mon départ avec Marc ; mais devait-eIle se venger sur le passé ?... C'est le meilleur de moi qui disparaît et qui ne contre-balancera plus le pire. Durant plus de trente ans, je lui avais donné (et je lui donnais encore) le meilleur de moi, jour après jour, dès la plus courte absence. Je me sens ruiné tout d'un coup. Je n'ai plus coeur à rien. Je me serais tué sans effort. " (Et nunc Manet in te, 21 novembre 1918).A la fin de la lettre Gide donne son sentiment sur l'ouvrage de Joseph Conrad Under Werstern eyes. Ainsi pour lui, ce roman "dont les premiers chap. sont passionnants, devient assez décevant par la suite..." Gide et Ruyters avaient avait eu un petit différent à propos de la traduction de Gide de Typhon de Joseph Conrad paru en juin 1918.
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