4 pages in-8 (146 x 190), adresse avecfragment de cachet de cire rouge portant son chiffre.
Reference : 1270
Très belle et émouvante lettre adressée à l’abbé Jean de Hautefeuille (1647-1724) dans laquelle Saint-Évremond évoque plusieurs sujets. Tout d’abord la mort de son amie et protectrice Hortense Mancini, duchesse de Mazarin (1646-2 juillet 1699), nièce du cardinal Mazarin. Elle épousa en 1661 le duc de Meilleraye avec lequel elle eut quatre enfants. Le mariage fut un échec et la duchesse de Mazarin quitta le domicile conjugal en 1668. C’est totalement ruinée par un mari jaloux qui lui intenta un ultime procès, qu’elle termina sa vie dans l’indigence la plus totale.Ce dénuement transparait dans les propos de Saint-Évremond qui évoque « la copie collationnée sur l’originale de ce que Madame Mazarin a signé devant le notaire Anglois, de ce quelle a signé de ce qu’elle me devoit, elle la dit avant que de mourir » à plusieurs personnes dont Milord Montaigu. Il évoque le procès qui opposa madame Mazarin à son mari avant de détailler les qualités de son amie « L’avocat de Monsieur Mazarin disoit à l’audiance, qu’elle avoit voulu me paier les louanges que je luy avois données. Je puis vous assurer que j’ai fait ce qui n’arive guère : j’ai paié les louanges que je donnois ; je voudrois qu’elle fut en état den recevoir, j’emploirois de bon coeur ce qui me reste desprit à la louer, et ce qui me reste d’argent à la faire subsister. En certaines ocasions, ou sans le secours de ses amis elle se fut trouvée réduite à de grandes extrémités. La mort ne l’a point étonnée, sa nécessité avoit bonne grace, & lon eust dit quelle pretoit de largent a ceux qui luy en pretoient […] Languir trois ans, & avoir le mesme esprit, la mesme beauté est une chose qu’on n’a peutestre jamais vüe. »Il s’enquiert ensuite très brièvement de la santé de « Melle de Lenclos, elle m’est aussi chère que la mienne » avec laquelle il entretint une longue correspondance en qualité d’ami et de confident. LE RESTE DE LA LETTRE EST CONSACRÉ À SA CRITIQUE DU TÉLÉMAQUE DE FÉNELON, publié en 1699 pour l’éducation du duc de Bourgogne. Saint-Évremond insiste sur la nouveauté du traitement de la notion de voyage tout en soulignant la lourdeur de l’ensemble : « Vous me demandes mon sentiment sur le Telemaque c’est un poème en prose dun stile trop figuré pour de la prose, admirable pour de la poésie. L’invention de faire chercher Ulysse à Télémaque par mer et par terre est une leçon admirable pour les Enfants du siècle ou nous sommes qui voiageroient plutot pour s’éloigner d’un père que pour le trouver sil etoit absent. […] A parler serieusement le premier tome de Thélémaque me charme, les autres épuisent la matière… ».Infime manque de papier au premier feuillet, déchirures sans manque aux pliures restaurées.
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