‎Baron Ernouf‎
‎Histoire de Waldrade de Lother II et de leurs descendants (Récits historiques et moeurs du Xe siècle)‎

‎Lib. de Techener. 1858. In-8. Broché. Etat d'usage, Couv. légèrement passée, Dos plié, Quelques rousseurs. XV + 508 pages. Nombreux passages soulignés au crayon de papier dans le texte. Léger manque en coiffe de pied.. . . . Classification Dewey : 929.2-Histoire des familles célèbres‎

Reference : R300317235


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‎ERNOUF (Baron).‎

Reference : 240

(1858)

‎Récits historiques et moeurs du Xe siècle. Histoire de Waldrade, de Lother II et de leurs descendants, d'après Liudprand, Frodoard, Erchempert, Léon d'Ostie, Benoit de St-André, Annales de St-Bertin et de Fulde, panégyrique de Bérenger, etc.‎

‎ P., Techener, 1858, in-8°, xv-508 pp, une planche hors texte, broché, qqs rares rousseurs, bon état‎


‎Par le baron Alfred-Auguste Ernouf (1816-1889) — "L'histoire de Waldrade et de ses fils, de Lothaire et de ses ennemis... Lothaire ou Liut-heer, fondateur du royaume de Lorraine, neveu de Charles-le-Chauve, et par conséquent arrière-petit-fils de Charlemagne, a été chargé de toutes les malédictions des écrivains ecclésiastiques. M. le baron Ernouf a résumé leurs narrations et reproduit leurs dires avec une fidélité trop aveugle. Son livre suit fidèlement la chronique monacale et gallo-romaine. Cet ouvrage est assez intéressant par lui-même, assez neuf et assez bien écrit. Donc Lothaire le Germanique est accusé par les écrivains ecclésiastiques d'avoir calomnié et chassé sa femme ; de lui avoir préféré une femme de basse extraction ; d'avoir installé cette indigne rivale sur son propre trône et d'avoir tramé la mort de l'épouse. Je pense qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela. Lothaire, dont le domaine semi-germanique embrassait les Vosges, la Bourgogne transjurane et la Lorraine, a défendu comme il a pu son royaume et sa femme menacés par des voisins puissants ; voilà son crimé. A côté de lui régnait son oncle, le possesseur de la portion la plus romaine de la Gaule ; ce chef frank devenu roi comme Clovis. C'était le Koenig que nous appelons maintenant Charles-le-Chauve. Maître de Paris et du centre français, il aurait bien voulu s'étendre jusqu'au Rhin, aux Alpes et aux Pyrénées. Pressé du côté de l'Allemagne par son neveu Lothaire {Liut-heer), du côté de l'Espagne par son autre neveu Karl, il convoitait un ou deux domaines qui lui manquaient. L'Alsace, la Lorraine et la Provence lui auraient fort convenu... Lothaire, que M. Ernouf traite si mal d'après les chroniqueurs et les flatteurs anti-germaniques, avait vu à sa petite cour une jeune fille très belle, nommée Wald-rath, évidemment de race teutonique, sœur de l'archevêque Gunther, nièce ou cousine de trois ou quatre autres évêques ou archevêques, tous assez probablement Saxons. Lothaire, épris d'elle, l'avait épousée solennellement, devant les parents assemblés, par le don de l'anneau et l'échange du serment (tryst). C'était, notez-le bien, la cérémonie germanique, non la consécration chrétienne. Tout, dans la vie de Liut-heer ou Lothaire, porte ce caractère d'un germanisme invétéré. Charles-le-Chauve, le successeur à demi romain de Clovis, était aussi fort amoureux de son côté ; ces rois barbares l'étaient beaucoup. Bien que sa femme fût en vie, il gardait à sa cour une maîtresse, Reich-hilt (Richilde), nièce, sœur et fille des Boson, lesquels (à ce que prétendent quelques généalogistes) seraient les premiers ascendans des Talleyrand-Périgord. C'étaient déjà de grands manoeuvriers politiques que ces Boson qui ont fondé le royaume d'Arles. Richilde-Boson, maîtresse de Charles-le-Chauve, lui persuada qu'il était dangereux de laisser subsister le mariage teutonique de Lothaire avec Wald-ralh, et que, la cérémonie ecclésiastique n'ayant pas consacré l'union légale, on forcerait aisément la volonté de Lothaire à qui l'on ferait épouser Theut-berge-Boson, – la propre tante de Riçhilde-Boson, qui relierait ainsi les deux cours et les deux couronnes. C'était un piège dangereux tendu au pauvre Lothaire. Soit que les fidèles, les leudes, alors plus puissants que les rois, lui aient forcé la main, soit qu'il ait pensé que ses deux femmes lui seraient laissées, l'une pour la politique, l'autre pour le coeur ; il contracta ce second mariage, sans renoncer au premier. Les annales mérovingiennes et carlovingiennes sont remplies de pareils scandales. Charlemagne avait impunément répudié ses femmes, gardé ses filles chez lui, tout en fermant les yeux sur leur plus ou moins de chasteté ; et usé trop librement du mariage. Son palais d'Aix-la-Chapelle laissait beaucoup à dire. Mais ses prouesses scandaleuses ne l'empêchaient pas de rester au mieux avec le Pape ; il protégeait Rome. Lothaire au contraire ne. protégeait personne et avait grand besoin qu'on le protégeât. Theut-berge Boson, dont on avait voulu faire la femme de Lothaire, malgré la cérémonie religieuse, et avec laquelle il refusait d'habiter, n'avait pas été entourée de bons exemples. On lui imputait des relations scandaleuses avec son propre frère, Huc-behrt Boson. Theut-berge en convenait. Toute la cour de Charles-le-Chauve était une école de licence. Le frère prit la fuite, ne défendit point sa sœur accusée, et se contenta de courir les bois et les champs avec une bande d'affidés. Lothaire suppliait Rome de le laisser épouser religieusement Wald-rath. Il voyait bien qu'en le contraignant à garder la tante de Charles-le-Chauve, on ne voulait que le jeter dans les bras du monde gallo-romain ; que Charles-le-Chauve amant de Reich-hilt et bientôt mari de cette dernière, entrerait sans peine dans ses secrets et son intimité ; que par le double mariage de Theut-berge avec lui et de Karl avec Reich-hilt, il courait toutes sortes de dangers ; et que dans une situation pareille, à la fois oncle de Karl par alliance et son neveu par le sang, il n'échapperait pas aux usurpations, aux chicanes et aux ruses qui dans une proche parenté s'exercent si aisément, et dont Karl n'était pas avare. A ses yeux sa véritable épouse était cette Wald-rath, sœur et nièce d'archevêques germains sans alliances avec la cour de Charles-le-Chauve, qui, ayant accepté l'époux qu'elle voulait choisir, l'ayant accepté en présence de parents, solennellement, publiquement, selon le tryst, la foi donnée (trust, confiance), d'après la coutume d'individualité personnelle que ces peuples aiment et pratiquent encore ayant échangé l'anneau des fiançailles contre celui de Liut-heer, ne pouvait (disaient les guerriers germains) être arrachée à son mari. Quant à la seconde épouse, n'étant pas l'épouse du choix, mais de la force elle devait se retirer et se taire. Imposée par Karl, par Boson et la terreur politique, cette Theut-berge. impure n'avait pas le droit de venir se substituer à l'épouse première, vraie, choisie, élue, seule légitime. Que manquait-il en effet à Wald-rath ? prétendaient-ils. Une formule : « Pareniibus arbitris (dit le capitulaire), matrirnonium contractum. » Les parents y étaient. Ils avaient consenti ; le serment mutuel, la parole ne pouvaient être brisés. Voilà l'opinion teutonique. Karl-der-Bald (Charles-le-Chauve) et Theut-berge elle-même la partagèrent. Quand il fut reconnu que le Germain Liut-heer (Lothaire) tenait à son premier choix et n'entendait pas manquer au serment, à la protection promise, le sentiment germanique parla chez l'un et l'autre ; ils se repentirent tous deux; Theut-berge s'effaça devant sa rivale; et Karl l'y encouragea. Elle alla même à Rome supplier le Pape de rendre libre Liut-heer. C'était le sentiment teutonique qui éclatait. Il avait tant de poids sur les esprits, que les enfants même de Theut-berge se réconcilièrent avec les enfants de Wald-rath, et finirent par livrer aux Gallo-Romains une guerre furieuse. (...) Un récit que M. le baron Ernouf a résumé élégamment d'après les chroniqueurs ecclésiastiques, tous ennemis de Wald-rath et partisans dévoués de son antagoniste Theut-berge." (Philarète Chasles, Journal des débats politiques et littéraires, 6 nov 1859) ‎

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