Gallimard. 1963. In-8. Broché. Etat d'usage, Couv. légèrement passée, Dos plié, Papier jauni. LX+521 pages - couverture jaunie et légèrement salis - rousseurs sur le dos.. . . . Classification Dewey : 301-Sociologie
Reference : R100056977
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Gallimard, 1963, in-8°, lx-521 pp, index, broché, dos lég. sali, bon état (Coll. Blanche)
"Ouvrage touffu, mais remarquable par la pénétration des vues qui sont exposées. A vrai dire, le titre lui convient assez mal, et les sociologues pourraient bien ne pas reconnaître leur méthode dans cette « sociologie » du communisme, qui en est plutôt l’histoire et la critique. Mais, au fond, il importe assez peu : il faut examiner surtout la valeur de ce qui nous est offert. Le communisme nous y est présenté comme une « entreprise » qui, à plus d’un trait, ressemble à celle de l’Islam. Il est une religion issue d’une doctrine, le marxisme, et devenue telle par la foi eschatologique et conquérante qu’on a ajoutée à la science de Marx. Cette transformation est l’œuvre principalement du bolchevisme, surtout de Staline, qui, moitié parce qu’il a été servi par les circonstances, moitié parce qu’il a eu le talent d’en profiter, a réussi à concentrer en ses mains les fonctions de législateur, de gouvernant et de magistrat ; et sa dictature, rendue nécessaire par la guerre, a fini par apparaître comme nécessaire également pour le communisme, de même que la lutte menée contre le capitalisme a fini par être une lutte pour la domination de la Russie, avec d’autant plus de chances d’efficacité que ce qui était à l’origine un simple parti politique a pris la forme, la structure et la puissance d’une armée. De là, une nouvelle mentalité. Le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ont été à nouveau unis ; l’activité politique a pris un caractère sacré, tant par le dévouement de ceux qui y participent que par l’interdiction absolue et l’impossibilité d’y apporter le moindre esprit critique. (...) La seconde partie du livre est la plus philosophique. A elle, moins encore qu’au reste, convient le titre de « sociologie », mais elle paraît beaucoup plus forte. L’auteur y fait ressortir la contradiction fondamentale du marxisme, qui est à la fois une «dialectique », c’est-à-dire une philosophie du mouvement, et un système, qui, comme tel, aboutit à nier ou à arrêter le mouvement, contradiction qui du reste était déjà chez Hegel. (...) La troisième partie expose comment cette entreprise en est arrivée à l'impérialisme propre aux religions séculières. Elle analyse en détail le phénomène de « convergence » entre les aspirations ou « projections » du communisme et les réalités sociales et économiques..." (P. Guérin, Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, 1951) — "Ce livre a été écrit en 1948-49 au lendemain de la guerre et du « coup de Prague ». L'auteur définit le communisme par l'immanence réciproque et l'interdépendance fonctionnelle de trois facteurs : un Empire, une Religion séculière et une Organisation subversive... Pour J.M., le communisme peut être comparé à l'Islam (il est un « Islam du XX siècle ») : « Le communisme est à la Russie soviétique comme à l'empire abbasside la religion islamique ». Il est d'autre part indistinctement politique et religion... (...) Dans sa préface à l'édition de 1963, l'auteur se plaint du silence quasi général (un homme comme Mounier, cependant, a fait exception) de l'intelligentzia de l'époque. De fait il a certainement été victime d'un refus idéologique de considérer le communisme comme un objet d'analyse. Et il y aurait beaucoup à écrire sur la façon dont la référence à un marxisme stalinien a stérilisé la recherche intellectuelle dans certains milieux... Il faut constater qu'à une époque où beaucoup d'intellectuels français étaient fascinés par le stalinisme, l'auteur amène une réflexion sur le totalitarisme qui ne manque pas de pertinence sociologique. Il montre bien que le totalitarisme provient de la conjonction de deux facteurs : une resacralisation du politique qui lui donne les traits classiques de l'absolutisme, le développement technique et institutionnel moderne qui permet de soumettre les individus à des suggestions et des pressions continuelles, et ne leur laisse jamais prendre du champ par rapport à ce qu'on leur inculque. Le danger totalitaire guette toutes les sociétés modernes : « l'ère capitaliste » a révélé qu'il était possible de tout organiser, de tout rationaliser. Le totalitarisme, nous dit Monnerot, fait à l'échelle de la société globale ce que le capitalisme a fait à l'échelle de l'usine." (Jean Baubérot, Archives de sciences sociales des religions) — "Comment s'y prennent les communistes ? Quelles sont leurs méthodes ? Quel est le mécanisme de la contagion ? Comment les choses en sont-elles venues au point où elles en sont ? Quelle est la signification d'ensemble des phénomènes totalitaires dans le monde actuel ? Quel est le rapport des masses à l'absolutisme du XXe siècle, et du totalitarisme à l'évolution industrielle ? Quelle est la place du politique dans l'ensemble et dans le jeu des activités humaines ? Comment se sont formés les grands mythes d'aujourd'hui, à quoi ils répondent ? Comment ils agissent et comment enfin intervient le « facteur temps » ?... Telles sont les questions auxquelles, dans ce livre, l'auteur répond, en se basant sur une méthode historique (en ce sens qu'elle vise à comprendre le présent par le passé), en faisant un usage parfois nouveau des données fondamentales de la psychanalyse, et aussi en mettant au point la notion nouvelle en sociologie de « phénomènes de convergence ». Rien, dans ce livre, qui ne puisse intéresser l'homme d'aujourd'hui : même si un individu ne s'intéresse pas aux faits, les faits s'intéressent à lui." (Bulletin de la NRF, juil. 1949)