Paris La clé d'or. 1949 189p 1 volume IN12 broché.
Reference : 130304
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L’exemplaire du roi Louis XIV relié en maroquin à ses armes et pièces d’armes. Paris, Laurent d’Houry, 1698. In-4 de (8) ff., 838 pp., (31) pp. Maroquin rouge, guirlande de fleurs de lys autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné de grosses fleurs de lys dorées, lettres RBC en pied, roulette intérieure et tranches dorées. Reliure de l'époque. 254 x 185 mm.
Edition originale de l’un des livres les plus importants pour la connaissance des plantes et de leurs vertus thérapeutiques. Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 505. Il fut, avec l'Histoire des drogues de Pomet, la référence dans ce domaine pendant près de cent ans. Lémery publia une première édition du Cours de chymie en 1675 qui fut constamment rééditée durant toute sa vie et même après sa mort jusqu'en 1757, ainsi que traduit en anglais, allemand, italien, espagnol et latin. Habile expérimentateur, il présente sur près de mille pages dans les dernières rééditions, tout le savoir empirique de la chimie de la fin du XVIIe siècle. Le Cours de chymie est l'aboutissement d'un genre littéraire, dit des « cours de chimie », qui s'est développé en France à partir du succès du Tyrocinium chymicum de Jean Béguin au début du siècle. Lémery contourna les insuffisances de l'analyse chimique, en proposant un modèle corpusculaire et mécaniste dit de pointes et pores, d'application certes très restreinte mais qui, allié à des pesées précises des réactifs, permettait de se faire une représentation plus précise d'une réaction chimique, concept en cours de formation mais pas encore complètement abouti. Si son Cours de Chymie a fait autorité pendant un siècle, ses autres publications n'en ont pas moins connu au siècle des Lumières un réel succès. Lémery donnait dans son laboratoire (d'abord installé dans l'hôtel du Prince de Condé, dans le quartier de l'Odéon), des démonstrations très courues des savants et des gens du monde. Le Grand Condé lui-même, Bourdelot, futur médecin de Christine de Suède, y assistaient. Selon Fontenelle, les dames-mêmes, entraînées par la mode, s'y pressaient. Lemery était protestant et la Révocation de l'Edit de Nantes (1685) l'obligea à vendre toutes ses charges, lui interdisant l'enseignement et l'exercice de la chimie, de la médecine et de la pharmacie. Acculé à la ruine, il finit par abjurer. Louis XIV reconnaissant ses talents et voulant en faire un exemple éclatant de retour au catholicisme lui accorda de nouvelles lettres patentes et imposa leur acceptation à ses confrères. « Nicolas Lémery (1645-1715) était ‘ le premier chimiste raisonnable’ au jugement de Voltaire […] ‘M. Lémery fut le premier qui dissipa les ténèbres naturelles ou affectées de la chimie, qui la réduisit à des idées plus nettes et plus simples, qui abolit la barbarie inutile de son langage, qui ne promit de sa part que ce qu’elle pouvait et ce qu’il la connaissait capable d’exécuter, et de là vint le grand succès. En 1675 il fit paraitre son ‘Cours de chimie’. Les éditions se succédèrent pour ainsi dire d’année en année ; il fut traduit en latin, en allemand, en anglais, en espagnol. L’auteur fut appelé le ‘Grand Lémery’. Tant de services rendus à la science ne le mirent pourtant point à l’abri des persécutions. L’an 1681, la vie de Lémery commença à être fort troublée à cause de sa religion. Il reçut ordre de se défaire de sa charge dans un temps marqué […]’. Tel est le récit de Fontenelle. Il crut être plus tranquille à l’abri de la qualité de docteur en médecine. Sur la fin de 1683, il prit le bonnet dans l’université de Caen. Mais l’édit de Nantes ayant été révoqué en 1685, l’exercice de la médecine fut interdit aux prétendus réformés. Lémery demeura sans fonction et sans ressource. Il fut poussé à se convertir en août 1686 et reprit de plein droit l’exercice de la médecine […] ‘Presque toute l’Europe, dit Fontenelle, a appris de lui la chimie, et la plupart des grands chimistes, françois et étrangers, lui ont rendu hommage de leur savoir’. Le ‘Traité des drogues’ montre, selon M. Dumas, un observateur d’une habileté consommée ». (La France protestante, VI, p. 543) Précieux exemplaire de Louis XIV relié en maroquin rouge à ses armes et parfaitement conservé. Au bas du dos, initiales du relieur de la bibliothèque du roi. Il a ensuite appartenu à Pierre Perrinet de Faugnes (1715-1773; ex-libris héraldique), financier très prospère issu d'une importante famille de financiers et fermiers-généraux. Sa fille épousera en 1775 le fils de Mme d'Houdetot, née Lalive (autre lignée de fermiers-généraux) - pour laquelle Rousseau éprouvera un amour passionné mais sans retour ("Nous étions ivres d'amour l'un et l'autre, elle pour son amant -Saint-Lambert-, moi pour elle" note-t-il dans les Confessions).
Edition originale du livre le plus réputé du Docteur Pierre-Toussaint Navier (1712‑1779), médecin du roi Louis XVI. Paris, Veuve Méquignon et Didot le Jeune, 1777.2 tomes en 2 volumes in-12 de : I/ xxv pp., (1) p. d’errata, 30 pp., 360 pp.; II/ xxi pp., (1) p. d’errata, 389 pp. Plein maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, grandes armoiries dorées au centre, dos lisses ornés, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées sur marbrures. Infime accroc à une coiffe. Reliure de l’époque.168 x 96 mm.
Edition originale du livre le plus réputé du Docteur Pierre-Toussaint Navier (1712‑1779), médecin du roi Louis XVI. « Cet ouvrage, puisé dans la chimie la plus profonde, et le fruit de plus de trente années d’étude, jouit encore d’une estime méritée ; il a été traduit en allemand par C.-E. Weigel, Greifswald ». (C. T-Y).Pierre-Toussaint Navier, né à St-Dizier le 1er novembre 1712, fut reçu docteur en médecine à Reims en 1741. Il choisit Châlons-sur-Marne pour le lieu de sa résidence, et mérita bientôt le titre de correspondant de l’Académie royale des sciences, par un Mémoire contenant la découverte de l’éther nitreux. Depuis ce temps chaque année de sa vie fut marquée par de nouveaux mémoires ou dissertations, que l’on trouve insérés dans les Recueils de l’Académie des sciences, de l’académie de Châlons, et dans la Gazette de médecine. Toujours animé de l’amour du bien public et du désir de contribuer au progrès des sciences et des arts, il entreprit de les fixer parmi ses nouveaux concitoyens, en formant, avec Dupré d’Ornay et d’autres, le projet d’une société littéraire qui commença ses séances en 1753, et qui fut érigée, au mois d’août 1775, en académie des sciences, arts et belles-lettres. Louis xvi lui donna en 1779 une pension. « Lorsque M. Navier fit paroître son ‘Traité des contre-poisons’, il était déjà connu comme chimiste et l'Académie royale des sciences l’avoit inscrit an nombre de ses correspondans. Il avait présenté à cette Compagnie, en 1741 un procédé pour la préparation d’une espèce d’éther jusqu’alors inconnue, qu'il obtint en mêlant et en agitant de l'esprit de vin avec de l'acide nitreux. Cette découverte, qui est consignée dans tous les livres de chimie aurait seule transmis son nom à la postérité, quand même cette science ne lui aurait pas eu d’autres obligations. Un fait nouveau est un pas de plus vers la vérité et cette route, qui conduit à une célébrité durable, étoit la seule qui fût digne des vœux du savant que nous avons perdu. Jamais il n’a fatigué la voix de la renommée, qui fait quelquefois succéder un silence éternel à des faveurs d'un moment. Ce médecin a plutôt éprouvé un sort contraire. Longtemps ignoré, il n'avoit ni rivaux, ni admirateurs. Ses recherches ayant enfin fixé l'attention du public, on accorda, sans prévention comme sans enthousiasme, des applaudissemens à ses travaux ; mais sa réputation ne fut jamais égale à ses talens, parce qu'il s'étoit reposé sur les autres du soin de les faire connoître, et qu'il ne savoit peut‑être pas lui-même ce qu'ils valoient.M. Navier ne s'est pas contenté d'avoir obtenu une nouvelle espèce d'éther. Ayant employé dans cette préparation différentes solutions métalliques nitreuses, il a observé que plusieurs de ces substances lui restoient unies, et il a indiqué celles qui se sont refusées à cette combinaison. Ces expériences ont été jugées très favorablement par l’Académie royale des sciences.Elle a rendu la même justice à deux mémoires du même auteur sur différens moyens de dissoudre le mercure par l’acide végétal et par quelques sels neutres, et sur une nouvelle méthode de le rendre soluble dans l'eau sans le secours d'aucune espèce d'acide, avec des réflexions sur les avantages que la médecine peut retirer de ces préparations.Ayant mis en usage la méthode indiquée par Homberg, et pratiquée par Boërrhaave, pour réduire le mercure en une poudre fine par le seul secours du mouvement longtemps continué ; M. Navier est parvenu à le rendre soluble dans l’acide végétal. Le sel ammoniac et le sel acéteux mercuriel, dont il a publié les procédés, sont surtout très utiles dans la pratique de la médecine. L’un est plus doux que la panacée ; l'autre à moins d’activité que les sels de la même nature préparés avec les acides minéraux. Lorsque M. Navier commença ses belles expériences, leur composition était tenue secrète par les sieurs Keyser et Mollée, qui les vendoient à leur profit. M. Navier en les faisant connoître, rendit un double service ; il dévoila, par la même opération, deux des plus importans mystères de l'empirisme, et il offrit à la médecine deux moyens de guérison qui lui manquoient.La réunion du fer et du mercure a été longtemps l'objet des vœux de plusieurs chimistes. M. Navier l’a obtenue par dix procédés différens, qui se réduisent à mêler ensemble une dissolution de fer et une dissolution de mercure, faites l'une et l'autre par le vinaigre on par l'acide vitriolique. Le précipité salin, composé de ces deux substances métalliques, parait sous la forme d’une neige cristalline brillante, et semblable, quant à l'extérieur, au sel sédatif.Une autre découverte de cet académicien est la dissolution du mercure dans le foie de soufre, que personne n’avoit tentée avant lui, et qui lui a fourni un remède fondant très utile dans le traitement des maladies scrophuleuses et de plusieurs maladies cutanées.Ces expériences, exposées dans l'ouvrage présenté ici même, sont accompagnées d'un grand nombre, de circonstances nouvelles d'observations fines, de détails intéressans, qui annoncent dans leur auteur ce tact et ce coup d'œil que la nature semble ne donner qu'à ceux auxquels elle veut bien révéler quelques-uns de ses secrets. »L’Abbé Rozier, Observations sur la physique sur l’histoire naturelle et sur les arts, 1783, p.15.Précieux exemplaire de l’auteur portant sur chacun des volumes la signature autographe du docteur Navier, offert à la reine Marie-Antoinette et revêtu d’une reliure de luxe en maroquin rouge de l’époque orné de ses grandes armoiries. Ernest Quentin Bauchart nous confirme que la reine Marie-Antoinette possédait, à côté des livres du Petit Trianon, une bibliothèque importante qu’elle avait fait installer au château des Tuilerie.Les livres de la reine, en grande partie reliés par Blaizot sont, pour la plupart, uniformément revêtus de maroquin rouge, aux armes de France et d’Autriche accolées, avec de simples filets sur les plats.Les ouvrages de moindre importance qui garnissaient les armoires du petit Trianon sont restés, en grande partie, à Versailles. Ils sont modestement reliés en veau porphyre, granité de points noirs sur un fond rouge sombre.
Édition originale de l’éloge de la Faculté de Médecine de Paris prononcé par Gabriel Naudé en 1628. Lutetiae Paris., Jean Moreau, 1628.Petit in-8 de (12) pp., 150, (1). Ancien ex-libris manuscrit rayé à l’encre sur le titre. Petit cachet d’appartenance sur le titre. Relié en plein vélin souple de l’époque, dos lisse avec le titre manuscrit en long.171 x 109 mm.
Édition originale de ce « volume rare » (Brunet). Brunet, Supp. II, 10 ; Double, Cabinet d’un curieux, 93. Gabriel Naudé (1600-1653), est un célèbre bibliographe français et l’un des hommes les plus instruits de son temps. Après avoir achevé avec succès sa philosophie, il commença l’étude de la médecine. « Dès sa jeunesse, Naudé avait montré une vive passion pour les livres ; il put la satisfaire de bonne heure, car il entrait à peine dans sa vingtième année quand le président de Mesmes lui donna la direction de sa bibliothèque. Naudé dut pourtant abandonner bientôt une position qui ne lui laissait pas le temps de suivre ses études médicales, et il alla en 1626 les terminer à Padoue. La mort de son père le rappela à Paris, et en 1628 la Faculté de Médecine le choisit pour prononcer le discours de clôture des examens et l’éloge des nouveaux licenciés. Ce discours, où l’ancienneté et la gloire de la Faculté (‘De Antiquitate et dignitate Scholae medicae Parisiensis’) étaient développées avec une véritable éloquence, attira les yeux sur son auteur. Le savant Pierre Dupuy le mit alors en relation avec le cardinal Bagni, qui l’emmena à Rome et lui confia sa bibliothèque ». (Nouvelle biographie générale, 37, col. 513). Naudé prononça donc cet éloge plein d’érudition en 1628, à l’occasion de la clôture des examens à la Faculté de Médecine de Paris. « Dans un de ces discours d’apparat, si fréquents à l’époque qui va nous occuper, Gabriel Naudé (‘De Antiquitate et dignitate Scholae medicinae Parisiensis’) décrit tout au long et avec une singulière complaisance les colonnes, les statues, les pilastres, les festons, les astragales, que la Faculté n’a pas, mais qu’elle pourrait avoir. En revanche, le tableau qu’il nous donne du local occupé par elle nous la montre largement et commodément installée. Une grande cour, une vaste salle pour les disputes solennelles, d’autres pour les leçons journalières, une belle chapelle, un riche mobilier, une bibliothèque remplie des livres les plus précieux, un laboratoire pour la préparation des médicaments, des logements pour tous les employés, un jardin botanique contenant toutes les plantes usitées en médecine… » (M. Raynaud, Les médecins au temps de Molière, p. 6). « Cet ouvrage de Gabriel Naudé est écrit en excellent style, de ce beau latin du grand siècle dont la tradition s’était encore conservée dans notre Université jusqu’aux dernières et regrettables réformes » (Double). Séduisant exemplaire de toute pureté de cet ouvrage rare et recherché, conservé dans son vélin souple de l’époque. Aucun exemplaire du présent ouvrage n’est répertorié sur le marché public international depuis plus de trente ans.
Paris, Les amis d'Edouard Rist, 1966. In-8, rel. éd. pleine-toile vert amande, titre doré au dos et sur le premier plat, XII-274 pp.
" L'auteur (1871-1956) voulait donner une suite à la présente étude qui ne relate que l'histoire des premiers essais de cette science, il se proposait de montrer l'influence que cette médecine avait exercé sur la science médicale aux siècles suivants. Il s'élève contre l'admiration abusive professée par les historiens de la médecine. C'est un livre de combat écrit à la fin de la longue carrière d'un défenseur passionné de la rigueur scientifique de la médecine. Il a été édité 10 ans après sa mort. " Très bonne condition. - Frais de port : -France 6,9 € -U.E. 9 € -Monde (z B : 15 €) (z C : 25 €)
Conservé dans son vélin ivoire de l’époque. Paris, Sébastien Cramoisy, 1624. In-8 de (12) ff. et 328 pages. Plein vélin ivoire, dos lisse, traces d’attaches. Reliure de l’époque. 167 x 99 mm.
Édition originale fort rare de « ce précieux manuel que l’on pourrait sous-titrer ‘Le Bâtiment sans douleur’ (Jean-Pierre Babelon). L’architecture françoise des bastimens particuliers paraît en 1624 à Paris chez Sébastien Cramoisy. L’auteur est qualifié à cette date de « médecin du roi ». Sa vie est mal connue ; il est né à Saulieu vers 1579, et il est mort vers 1640. Il étudia la médecine à Paris à l’âge de vingt ans. À son activité de praticien mais aussi de théoricien de la médecine se sont ajoutées des curiosités d’humaniste et des réflexions sur les meilleures conditions d’existence de ses contemporains. C’est à elles que nous devons son traité d’architecture. Comme le remarquait François Blondel, il est naturel que des médecins s’intéressent à l’architecture, Claude Perrault en est un autre exemple. Le premier témoignage que nous ayons de son activité est la traduction commentée d’un traité de Galien sur la saignée : Le livre de Galien, de l’art de guérir par la saignée, traduit du grec. Ensemble un Discours dédié à messieurs les médecins de Paris sur les causes pour lesquelles on ne saigne pas encore tant ailleurs qu’à Paris et pourquoy quelques médecins mesme ont détracté de cette pratique de Paris, un in-12 paru à Paris chez Pierre Mettayer en 1603. Nous le retrouvons ensuite en 1605, qualifié de bachelier en la faculté de médecine, témoignant déjà de son intérêt pour l’aménagement des logis en commandant l’exécution de deux cheminées en marbre de couleur pour sa maison de la rue Neuve Notre-Dame, dans la Cité. En 1609, nouveau traité, dédié à Godefroy de Pontac, De causis colorum sententia, avec des observations sur Hippocrate, De tetragoni... contra chymicos, Paris, chez Adrien Périer. C’est sans doute peu après 1614 qu’il faut situer son Discours sur le subject du colosse du grand roy Henry, posé sur le milieu du Pont-Neuf de Paris... avec un sommaire de la vie de ce grand prince, opuscule paru à Paris chez Nicolas de Montroeil, qui sera réédité au début du XIXe siècle par Antoine Laurent Castellan. Savot est également un numismate, comme en témoigne son Discours sur les médailles antiques, épais traité de 400 pages in-4° qui paraît à Paris en 1627 chez Sébastien Cramoisy, et dont la Bibliothèque nationale conserve un exemplaire relié aux armes de Condé. En 1624 il publie L’architecture françoise des bastimens particuliers. Sans doute avait-il réuni des réflexions sur le sujet depuis longtemps, et la parution en 1623 du traité de Pierre Le Muet, Maniere de bastir pour toutes sortes de personnes, dut-elle hâter sa décision d’intervenir dans le débat. Son compétiteur fait œuvre d’architecte, en proposant à une clientèle très diverse un catalogue de plans-types pour toutes les bourses. L’ouvrage de Savot est d’une tonalité bien différente. Les «particuliers» auxquels il s’adresse ne sont ni des princes ni le menu peuple : pas de palais, pas de petites maisons, mais les demeures de la noblesse et de la grande bourgeoisie, hôtels à élever en ville, dans les nouveaux quartiers où l’on dispose librement de la place, ou bien demeures « aux champs ». Médecin et donc hygiéniste, Savot conseille ses clients pour la construction de la maison parfaite par le confort et l’agrément, intervenant sur la meilleure orientation, le meilleur éclairage, l’éloignement nécessaire des écuries et des cuisines pour cause de pollution, bruits, odeurs, fumées. Il légifère sur la place de l’escalier, le nombre des salles, la disposition des chambres et des cabinets, le percement et la taille des fenêtres, la disposition des cheminées. Dans ses rééditions, François Blondel observera que l’ouvrage fut écrit « pour tirer les honnêtes gens des griffes des entrepreneurs et des ouvriers », notation qui fait suite aux cruels reproches que l’on adressa à François Mansart dans le pamphlet de la Mansarade (1651). De fait, Savot donne à ses lecteurs le meilleur mode d’emploi pour discuter avec les entrepreneurs des différents corps de métier, il leur procure le détail chiffré des dépenses à prévoir, les conditions du toisé des ouvrages, et même la description des matériaux à utiliser, pierre, brique, bois, plâtre, terre cuite, leurs dimensions, leur origine, leur coût. On n’avait jamais abordé la construction dans un sens aussi pratique, qui permettait à un particulier de surveiller personnellement son chantier. On comprend dès lors le succès remporté par ce précieux manuel que l’on pourrait sous-titrer « Le bâtiment sans douleur ». Dédié à l’éphémère surintendant des finances Charles de La Vieuville, il fut réédité, toujours sans gravures, en 1642, et le succès se prolongea bien au-delà de la mort de son auteur puisque l’architecte François Blondel, premier directeur de l’Académie d’architecture et illustre professeur, jugea bon de le rééditer, preuve qu’il était toujours utile à la clientèle. Cette première réédition parut en 1673 chez François Clousier l’aîné, enrichie de figures et de notes de Blondel (423 pages), et la seconde en 1685, augmentée de nouvelles figures contemporaines de son cours d’architecture, laissent bien mesurer l’évolution des réflexions de la société sur la maison et son usage depuis la génération précédente.» Jean-Pierre Babelon (Institut de France, Paris 2006). Précieux exemplaire conservé dans son vélin ivoire de l’époque.