Manuscrit autographe signé, s.d. [ca 1895]. 29 pp. in 4°
Reference : AMA-585
À propos d'une controverse née de la publication d'un billet confidentiel adressé par le Nonce apostolique aux évêques de France. Il transgressait ainsi le second des articles organiques. Elle amena un débat animé au Parlement dans sa séance du 17 mai, nombre de députés, même parmi ceux attachés au pape Léon XIII, s'insurgeant contre l'ingérence de celui-ci dans les affaires intérieures françaises. « C'est puisqu'il faut appeler le monstre par son nom notre vieux gallicanisme qui réapparaissait dans le langage gouvernemental et qui touchait, dans les cœurs les plus dévoués au Saint-Père, une fibre toujours sensible ». Vogüé s'interroge sur les racines du gallicanisme « aujourd'hui si démodé » : « angoisse intime de la conscience chrétienne française, un effort pour concilier les deux puissances souveraines qui gouvernaient [les] âmes » de nos pères] : le sentiment religieux et le sentiment patriotique ». Lutte ancienne, bien antérieure à la déclaration de 1682.Il rappelle ensuite les restrictions apportées à l'autorité romaine par le Concordat de 1801, par lesquelles il ressuscitait les traditions de l'ancienne France. Et les gouvernements qi lui ont succédé, même « les plus dociles à l'influence de l'Eglise, comme la Restauration, n'ont pas laissé les armes impériales se rouiller. » Le débat du 17 mais s'inscrit dans cette école de pensée qui impose « de faire la part de la nationalité dans la catholicité ».« Ceci dit… le débat.. avait un côté délicieusement ridicule et réjouissant pour l'ironiste ; pour l'homme moderne, affranchi de préjugés, que chacun de nous porte dans le cerveau, et qui se moque là-haut du vieil homme de la vieille France tapi au fond de notre cœur… tandis que les représentants du pouvoir fourvoyaient cet attentat, il nous semblait entendre le chef d'une de nos grandes gares s'efforçant d'appliquer, entre deux rapides, un décret qui prescrirait aux entrepreneurs de messageries, d'exiger, au nom de l'Empereur, les passeports de tout voyageur monté dans la diligence. »« Il n'est plus possible de tenir la gageure des articles organiques contre le bon sens public et la gaîté française. On ne les conçoit désormais qu'illustrés par Mr Forain. » Il y a donc urgence à refondre une législation surannée. Mais comment ? « je crois bien qu'il faudra se contenter du jugement sans appel des lecteurs, lorsqu'ils diront en parcourant le journal du matin : "Tiens ! ce pape a raison, son avis a du bon !" ou "Ce pape n'entent rien à nos affaires… »Il note ensuite le « remarquable caractère de suite et de stabilité » de la politique religieuse de l'Etat français dans les temps modernes, respectant le principe de l'Eglise et concentrant leur action contre les gens d'Eglise. « Bref, la politique invariable sous des attitudes différentes revenait toujours à ces deux termes : limiter le pouvoir de l'Eglise et l'utiliser au profit de l'Etat. Sous la Troisième République, on n'a retenu que la première de ces deux règles ; on a dédaigné d'appliquer la seconde. »Le Concordat apparaît comme un lien gênant et l'idée de séparation de l'Eglise et de l'Etat fait son chemin, séduisant même de jeunes prêtres, mais des appréhensions la retardent des deux côtés.Taine dans Le régime moderne, et Renan dans Questions contemporaines, ont étudié notre désorganisation sociale et tous deux notent la prépondérance, en province, de l'évêque dans son diocèse se dressant seul avec une force propre au-dessus des faibles institutions civiles.Vogüé rappelle ensuite sur un point qu'il avait déjà étudié : « la régression qui semble ramener notre démocratie… aux idées, aux formes, aux méthodes d'organisation et de défense que les peuples du Moyen Age inventèrent pour s'émanciper de la féodalité. ». Il continue ensuite sur l'évolution évidente de l'idée de patrie. « On n'a jamais tant parlé de la patrie ; mais pendant que l'on se grise du mot, la chose s'altère » et est ébranlée notamment par les « tendances fédératives des passes ouvrières. »Longue conclusion sur sa préférence pour le maintien du Concordat.
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Mme Chantal Bigot
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