1867-1898. 1 p. in 8°, 14 pp. in 12, 2 enveloppes
Reference : AMA-414
– 7 janvier 1867: «Vous nous avez promis vos sympathies pour L’Oiseau, je vous les demande aussi pour les Mémoires d’une enfant, que vous avez dû recevoir. C’est un petit livre bien modeste près de son aîné, mais c’est un livre où la moitié de mon cœur est restée dans un douloureux regret...» – Paris samedi [1886]: «Vous pouvez croire que j’ai grand désir que la chose se fasse... Vous m’aviez parlé d’une offre beaucoup plus acceptable. Voyez encore avant que je ne parle à Lacroix. La somme étant si minime, je crains une chose, c’est de lui donner l’idée de cette publication, et d’éveiller en même temps celle de la faire lui-même, je veux dire avec l’aide de ses capitalistes. En pareil cas, ce sera gâté, mais comment s’y opposer, il est le maître...» – 8 février 1886 : «Je n’ai reçu que samedi soir Mr Lacroix. Il avait à consulter ses traités. Il y a un qui pourrait faire une édition illustrée dans votre format sans que les autres éditeurs de l’Histoire de France aient rien à y prétendre. Mais votre proposition lui parait trop faible... » – Paris, 19 décembre 1887: «J’ai eu le plaisir de dîner avec vous chez notre ami, Mr Gasmann. Je m’en autorise pour vous demander un instant d’entretien sur une affaire...» – 27 janvier 1898: «Quelle belle récompense vous me donnez... Vos chaudes invitations pour le bien de la patrie, seront peut-être entendues. Si l’on ne commence avec l’enfant dès la première heure, l’histoire de France restera pour lui lettre morte, il croira même qu’elle est d’un pesant ennui...» – Vélizy, 23 mars 1898: «Je me hâte de vous dire qu’il ne dépend pas de moi de régler le prix des ouvrages de Michelet que publient les éditeurs. Tout ce que je puis faire, c’est d’en parler à M. Colin. Ce que vous dites de la valeur de l’anthologie me touche et m’est une récompense. Car ce livre est à nous deux, croyez-le bien. Tant que je serai vivante, je ne laisserai à personne le soin de donner aux jeunes, à tous, le meilleur de son âme...” – Paris mardi. 2 pp. in 12: «Je serais contente d’avoir un compte rendu de «ma Jeunessse» dans votre revue Le Livre. J’ai parmi vos rédacteurs des amis: M. Chantelauze, Champier....”
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S.N. S.L. 1968 3 lettres autographes signées par Jean GIONO adressées à Pierre LHOSTE. 2 pages et demie in-4 et une enveloppe."Jai lu vos deux poëmes jaime assez Ronde de femmes. Essayez-vous sur des sujets plus directement extérieurs et plus humains et adressez-moi votre travail sans crainte je serais ravi de vous dire ce que jen pense..." Il transmet sa lettre à Grasset: "Je ne suis jamais à Paris. Si vous voulez me voir ici, je vous attends. Le Paraïs, Manosque [] Il y a peu de chances que nous nous rencontrions jamais ailleurs quici..." 27-3-1968. Il lui renvoie un papier signé, en y joignant ses coordonnées bancaires à la Société Marseillaise de Crédit. Il corrige son correspondant: "Non, non, je suis né très exactement : à Manosque, rue Torte n°1 au deuxième étage le 30 mars 1895 à 23 heures..."On joint une L.A.S. dÉlise GIONO à propos de la défense de son mari. GIONO a été arrêté pour collaboration LE 08 SEPTEMBRE 1944. Accusé injustement et sans preuve, il a été incarcéré à Digne puis à Saint-Vincent-les-Forts. Il ne sera libéré que le 31 janvier 1945. Elle envoie des papiers importants, dont un qui précise "quil na pas participé au voyage des écrivains français en Allemagne pendant loccupation". Elle remercie son interlocuteur "de ce que vous faites pour mon prisonnier..." Une mention manuscrite au verso de cette lettre signale qu'elle aurait été écrite en 1944 lors de l'incarcération de Jean GIONO à Saint-Vincent-les-Forts et adressée à RABINIAUX. Cette missive était présente au fonds André LHOTE.
7 vol. in-8 br., A la guerre comme à la guerre, Quartier Latin, 2007 [ Avec une carte autographe signée : ] [ Avec : ] L'étincelle volée, Librairie Quartier Latin, La Rochelle, 1982 [ Avec 2 cartes autographes signées : ] [ Avec : ] Comme un qui s'est perdu, Librairie Quartier Latin, La Rochelle, 1986 [ Avec une lettre autographe signée : ] [ Avec : ] Où sont tous les Soleils, Quartier Latin, 1995 [ Avec 2 lettres autographes signées : ] [ Avec : ] La poussière et la Cendre. Poésie 1982-1997, Les Amis du Vieux Cusset, 2014 [ Avec : ] J'ai promené mon coeur. Poésies, Les Amis du Vieux Cusset, 2017 [ Avec : ] Portraits de famille. Charente-Maritime, Editions Verso, 1997 [ Avec une carte autographe signée ]
Bel ensemble réunissant 7 ouvrages (dont 6 dédicacés) de l'écrivain charentais Michel Suffran, auquel on joint 7 lettres et cartes autographes signées de Jean Humbert, souvent très belles (notamment l'une évoquant le "Pilate" de Michel Suffran). Enseignant à La Rochelle, mais toujours attaché à son Bourbonnais, Jean Humbert (1933-2016) fut notamment couronné en 1974 par l'Académie Française.
Librairie Plon Paris 1949 Fort in-8 ( 230 X 145 mm ) de 671 pages, maroquin vert à grain long, dos à nerfs janséniste, insigne métallique émaillé polychrome de la Première Armée Française "RHIN et DANUBE" enchâssé au centre du premier plat, couvertures conservées. Planches photographiques et cartes dépliantes hors-texte. Nombreuses surlignures, dos et mors frottés. Exemplaire enrichi d'un bel envoi autographe signé du Général DE LATTRE DE TASSIGNY. De la bibliothèque du Colonel POUMAREDE ancien Commandant du 9e Régiment de Hussards ( timbre humide, timbre sec et ex-libris armorié à la devise "Ubique quo honor ducit" ). EXCEPTIONNEL ET PRECIEUX EXEMPLAIRE du plus vif intérêt historique en effet:Le Colonel POUMAREDE a enrichi l'exemplaire:- D'une lettre tapuscrite avec signature autographe du Général DE LATTRE DE TASSIGNY ( La distinction de Maréchal sera attribuée à titre posthume ) P.C., le 24 Mars 1945 adressée à un subalterne BESANCON. ( Dernière page de garde ).- 2 lettres cartes ou billets de La Maréchale DE LATTRE DE TASSIGNY.- 2 billets de voeux.- 1 carte de voeux imprimée avec SIGNATURE AUTOGRAPHE de Dwight EISENHOWER. - De cartons ou cartes d'invitation, de voeux ou de remerciements dont: Général A.J. POMMIER ( P.84 ) - Général Walter Bedell SMITH ( P.166 ).- 1 lettre tapuscrite à en-tête du Gouvernement Provisoire avec signature autographe du Contre-Amiral BARJOT du 4 Mai 1945 adressée au Général DE LATTRE DE TASSIGNY.- 1 billet tapuscrit à en-tête du Gouverneur Militaire avec signature autographe du Général CHEVILLON du 6 Mai 1945. ( P.572 ).- Télégramme du Chiffre en date du 5 Mai 1945 relatif à la rédition des troupes allemandes.- 1 importante lettre manuscrite de l'Attaché Militaire de France à Londres avec signature autographe du Général Roger NOIRET du VE Day ( Victory Europe Day - soit le 8 Mai ) 1945 adressée au Général DE LATTRE DE TASSIGNY. ( P.612 ).- Carte autographe signée du Médecin Général Inspecteur PETCHOT-BACQUE. ( P.660 ).- 1 carte postale avec poème autographe signé du Colonel POMAREDE.- 1 lettre manuscrites avec signature autographe du Général REVERS du 24 Août 1945 adressée au Général DE LATTRE DE TASSIGNY. ( Page de garde ).- 5 télégrammes officiels, secret et très secret au sujet du passage du Roi des Belges LEOPOLD sur les territoires occupés de la Première Armée Française.- Photographies légendées.- De feuillets historiques tapuscrits, télégramme.- De nombreuses coupures de journaux, certaines interfoliées, d'autres collées sur les gardes et contreplats.
DEGAINE (Edouard) peintre français, considéré comme l’un des précurseurs de la rénovation de la tapisserie (1887-1967)
Reference : 40C20
Belle correspondance amicale et professionnelle. Plusieurs lettres font état de rencontres et invitations partagées avec l’éditeur. L’une d’elle, a été particulièrement appréciée par les Degaine revenant de Bretagne, où leur séjour a été magnifique, « magnifique à tous points de vue et je pense que nous aurons plaisir a en parler ensemble car c’est bien souvent que les "Courville" étaient évoqués… Nous devions vous envoyer une ou plusieurs cartes les trois hommes Zunz (Robert, banquier et mécène), Briant (Théophile, son galeriste pendant plusieurs années) et moi, mais en mer, il n’y a pas encore de boite aux lettres et sur terre il faut rouler ! ». 1947. Il lui avoue qu’il prend conscience de son « affreuse déficience amicale ? C’est un peu comme si elle se matérialisait, je la palpe, je la considère et écœuré, je la rejette à l’écart ». Il continue à travailler dans « son coin » et ne vois pour ainsi dire personne. « Lors de mon séjour à Paris, en 45 mon ami Briant….m’informait que Robert Rey (l’historien d’art et conservateur de musée), qui fréquentait dans les temps anciens sa galerie et aimait ma peinture, venant d’être nommé, directeur des Arts Plastiques à l’Education nationale, Briant l’avertissait de ma présence à Paris et lui parlait de mes portes laquées ; a la suite de ça, Rey venait me voir et se déclarait fort intéressé, il me donne la certitude d’importantes commandes. En attendant le Mobilier national me commande un petit paravent et c’est ce dernier que j’ai livré il y a une quinzaine. Il fut fort bien accueilli par M. Fontaine administrateur du Mobilier National qui me dit qu’il irait sans doute à l’Elysée ou à Rambouillet ; Mme Auriol et sa belle fille étant deux femmes de goût…». Il est très sensible de la bonne volonté de son ami éditeur au sujet d’illustrations possibles, « mais il faut que cette sorte de travail, être en contact avec éditeur, imprimeur et collaborer et s’entendre sur la conception que l’on a de l’illustration ; pour ma part je ne la conçois que comme une sorte d’accompagnement plastique très loin du descriptif… ». Il a vu également à Paris, le relieur Bernasconi et l’interrogea pour une éventuelle collaboration concernant « La Mort de Venise ». Il lui demande des nouvelles de Zunz, car sa mère l’avait poussé à solliciter « Bernasconi à faire quelque chose ». Très certainement, il pourrait participer à la création de « très intéressantes reliures, mais il faut-il encore trouver de nouveaux amateurs dans le genre de Robert Zunz… ». Marguerite, son épouse, très attachée à son mari et à ses filles conseille, aux Courville, en septembre 1939, de ne pas « s’exposer à Paris ni de remonter le courant. Quels remous ! ». Elle l évoque à l’épouse du libraire, leurs difficultés du quotidien et précise que son mari n’a pas travaillé du tout dehors. « Il dit que cette période est révolue et que le calme de l’atelier lui est nécessaire – Il a peint qqs natures mortes et fait 2 têtes de laque. Il se plait beaucoup ici (à Vallière), loin des ascenseurs, chauffage central, concierge etc… Zunz lui avait demandé en effet d’illustrer un manuscrit de G. Marcel, il ne se sentait pas au moment même dans l’atmosphère souhaitable, mais ça peut venir, l’inspiration étant une grande fantasque… ». Quant à Riquette qui entretient avec la jeune « Luce » des Courville, une correspondance soutenue, on constate qu’une réelle amitié est installée entre les deux jeunes filles et un échange constructif concernant leur scolarité y est présent. Une de ces lettres est terminée par quelques lignes autographes du peintre, en signe d’amitié.
René Benjamin, né le 20 mars 1885 à Paris et mort le 4 octobre 1948 à la clinique Saint-Gatien de Tours, est un écrivain, journaliste et conférencier français. Prix Goncourt en 1915 pour son roman Gaspard qu'il écrivit à l'hôpital de Tours où il séjourna plusieurs mois, ayant été gravement blessé dès le mois de septembre 1914. Il a été reçu à l'académie Goncourt en 1938. Ami de Maurras et de Léon Daudet, partisan de l'Action française, il soutint le maréchal Pétain pendant l'occupation allemande et est considéré comme l'un des idéologues du régime de Vichy. Sisley Huddleston, né le 28 mai 1883 et mort le 14 juillet 1952 est un journaliste et écrivain britannique. Il est rédacteur en chef d'un journal des forces britanniques pendant la Première Guerre mondiale, et réside ensuite à Paris jusque dans les années 1930, écrivant pour le Times (Londres) et le Christian Science Monitor. Il publie en 1929 Europe in Zigzags, dans lequel il soutient le manifeste paneuropéen de Richard von Coudenhove-Kalergi, puis en 1933 War Unless, qui est un appel "délibérément alarmiste" à la révision du traité de Versailles. Il séjourne en France pendant la Seconde Guerre mondiale, prend la nationalité française et témoigne par écrit de sa sympathie pour le régime du maréchal Pétain, qu’il a l’occasion d’interviewer. Correspondance entre René Benjamin et Sisley Huddleston (de 1943 à 1948), lot de 11 lettres autographes signées René Benjamin (+ un brouillon manuscrit de lettre au Maréchal Pétain) et de 8 lettres autographes signées Sisley Huddleston (+ 1 lettre dactylographiée signée et 1 L.A.S. incomplète) - Bon état général L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 15 novembre 1943 - 2 pages sur un feuillet L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Monaco, 20 novembre 1943 - 2 pages sur un feuillet L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 28 novembre 1943 - 3 pages sur deux feuillets L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Monaco, ? 1943 - 4 pages sur deux feuillets L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 17 décembre 1943 - 2 pages sur un feuillet Brouillon manuscrit lettre René Benjamin au Maréchal Pétain - 29 décembre 1943 - 2 pages sur un feuillet L.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Monaco, 10 février 1944 - 2 pages sur un feuillet L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 15 février 1944 - 2 pages sur un feuillet L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 1er juin 1946 - 2 pages sur un feuillet L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Nice, 27 juin 1946 - 1 page sur un feuillet Copie dactylographiée d'une lettre de Sisley Huddleston à René Benjamin - 4 juillet 1946 - 2 pages sur deux feuillets L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Saint-Pierre-d'Autils, 5 octobre 1946 - 1 page sur un feuillet L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 8 septembre 1946 - 2 pages sur un feuillet L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 9 octobre 1946 - 2 pages sur un feuillet (13,5 x 21) L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Saint-Pierre-d'Autils, 28 juin 1947 - 4 pages sur trois feuillets L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 3 juillet 1947 - 2 pages sur un feuillet (13,5 x 21) L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 15 février 1948 - 1 page sur un feuillet L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Genève, 29 février 1948 - 3 pages sur trois feuillets L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 9 mars 1948 - 1 page sur un feuillet (13,5 x 21) L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Saint-Pierre-d'Autils, 2 août 1948 - 1 page sur un feuillet L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 6 août 1948 - 2 pages sur un feuillet L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Saint-Pierre-d'Autils, 9 août 1948 - 1 page sur un feuillet L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin incomplète - 5 pages sur 5 feuillets mais le 1er feuillet est manquant - s.l.n.d. 15 novembre 1943 - De René Benjamin à Sisley Huddleston "Monsieur, Je vous sais un gré infini d'avoir eu la pensée délicate de m'envoyer votre livre. Votre beau livre ! Car c'est un livre de conscience et de méditation, un livre de réflexions qui font réfléchir. Il y a là des fruits de votre verger que vous avez aimé voir mûrir, et la merveille, c'est que quand ils sont mûrs, c'est à nous que vous les offrez ! Merci. L'entretien sur la religion est celui qui m'a le plus ému. C'est le plus urgent. L'an dernier, en voyageant au Maroc, causant avec un grand chef religieux à Fez, j'ai entendu ce musulman, dont l'esprit était très élevé, me dire : " Le monde ne se relèvera pas, ne se sauvera pas, si tous les chefs de toutes les religions ne s'accordent pas sur un certain nombre de règles et de principes à proposer comme cadres à tous les gouvernements." C'est votre pensée majeure. Je la crois la vérité même. Comme vous le dites avec tant de force, que c'est dérisoire de voir tous ces humains errants à la recherche d'une "mystique" - par peur de dire "religion" ! Le mot "religion" est admirable, qui nous "relie". C'est l'ancre. C'est l'amarre. C'est la force. "Mystique" c'est la faculté de divaguer. Tout ce chapitre est extrêmement fort. Il faut redonner un sens spirituel à la vie des peuples, à la vie des hommes. Ce doit être le premier article du traité de paix. Ou bien elle ne sera pas la paix. Voici des semaines que pour ma modeste part, je rumine cette idée et cherche comment pratiquement on pourrait lui donner vie. Vous pensez alors à quel point la lecture de votre livre m'a saisi ! [...] René Benjamin" 28 novembre 1943 De René Benjamin à Sisley Huddleston "Cher monsieur, Votre lettre m'a beaucoup touché, et j'ai lu avec avidité cette brochure émouvante que je ne connaissais pas, parce que dans la zone occupée on ne peut pas avoir la "Revue Universelle". Si vous saviez comme nous sommes d'accord, et de quel cœur je vous tends les deux mains ! Nous avons vingt ans d'expérience commune (démocratie et Société des Nations) Nous avons eu les mêmes chagrins. Nous avons les mêmes espoirs. Je dis "Nous avons", parce qu'il faut que nous les ayons ! Vivre, c'est espérer. Le battement de cœur, c'est l'espoir. C'est admirable ce cœur qui ne s'arrête... qu'une fois, et qui en le prévoyant, nous donne encore l'espérance... de l'au-delà. Vous dites que j'ai adouci chez vous un peu de mélancolie ? Vous avez fait bien plus chez moi ! J'ai un grand projet. Je voudrais qu'on m'aide à ne pas le trouver absurde. Il y a des heures où je faiblis ; en vous lisant j'étais réconforté ; je me figurais que vous m'approuviez. L'Europe est en train de se suicider. Je voudrais aller trouver le Président de la République helvétique, pays de paix miraculeuse, d'honnêteté préservée, de charité active ; Franco, victorieux d'un drame cruel ; Salazar, le grand méditatif ; le Pape, qui doit être l'âme de l'Europe - et leur dire, oser leur dire : "Jetez-vous ensemble à la tête de l'Europe, qui ne sait plus ce qu'elle fait, qui sombre dans la honte. Ensemble criez-lui par la radio (cela réhabilitera la radio !) que vous vous constituez en Tribunal d'arbitrage, avec... oui avec... j'oserais cela aussi !... avec le Maréchal à votre tête, parce qu'il n'y a personne depuis trois ans qui ait servi comme lui, si hautement, si noblement, si clairement, la cause de la Paix ! (Ses messages, c'est la préfiguration de la Paix). Et qui sait - vous paraîtrez d'abord des fous, des naïfs, des idéalistes. Mais demain, vous serez peut-être une tentation pour l'Europe sanglante, frémissante, épuisée. Il faut tenter cela. Chacun de vous a sauvé son pays. Ensemble tâchez de sauver l'Europe. Un devoir en crée un autre. La paix ne doit pas être une victoire, une hégémonie. Elle doit être un apaisement. Un retour à des sentiments nobles. (et les sentiments nobles ne sont possibles que si on s'appuie à Dieu.) Un renoncement à l'horreur et à l'intérêt. Un rapprochement. Un accord. Un resserrement de la famille "Europe" pour résoudre ensemble la seule question à résoudre, la seule qui constituera la paix : la question sociale. Voilà, cher monsieur, ce que je voudrais faire, avec une audace qu'on n'a que quand on approche comme moi de la soixantaine - âge de la foi, sans souci du ridicule. [...] J'ai vu le Maréchal. Il a été ému. Il m'a dit : "Faites vite cela !" Et vite, son cabinet a demandé pour moi des passeports aux allemands. Il y a un mois de cela. Je n'ai rien... Aurai-je jamais quelque chose ? Excusez-moi de vous parler de tout cela. Mais tout cela me travaille. Une grande conviction monte en moi. Je n'ai plus de repos. J'ai senti en vous des tourments et des pensées proches des miens. Je me suis confié. Et je vous dis de loin ma profonde admiration pour votre caractère. René Benjamin Je pars pour Lyon jeudi. Je vais vois Maurras."