Angers, Imprimerie-librairie de V. Pavie, et Paris, chez Labitte, 1842. Grand in-8 de (4)-XXII-324 pp., fine reliure souple, papier gaufré aux rinceaux d’acanthes à feuilles molles, bronze luisant, pièces de titre en maroquin incrustées sur le plat, tête dorée, gardes florales assorties (reliure du début du XXe siècle).
Reference : 42138
Édition originale. Ce recueil de 66 poèmes en prose fut publié après la mort d'Aloysius Bertrand (1807-1841) par son ami David d'Angers avec l'aide de Sainte-Beuve.Dans une lettre adressée à David d'Angers (18 septembre 1837), Aloysius écrivait : « Gaspard de la Nuit, ce livre de mes douces prédilections, où j’ai essayé de créer un nouveau genre de prose, attend le bon vouloir d’Eugène Renduel pour paraître enfin cet automne, et un drame à peu près reçu à la Porte Saint-Martin, n’a guère la chance d’être joué que cet hiver. Comprenez, Monsieur, à l’effort que je fais aujourd’hui en vous écrivant ces détails, toute la fatalité de ma position. Un homme à qui je dois une centaine de francs s’est présenté chez moi ce matin pour me les réclamer avec une insistance et une brutalité qui m’ont réduit au désespoir (...) Vous serait-il possible, Monsieur, de me prêter cette somme de cent francs qui vous serait fidèlement rendus avant la fin de l’hiver ? »Une dernière lettre au même datée du 19 avril 1841, la veille de sa mort, signale sa détresse : « Nous reverrons-nous ? Je suis dans une crise que je crois la dernière. Vivez de long jours et soyez heureux ! Renduel m’a donné pour Gaspard de la Nuit, je ne sais plus à quel titre, sans doute comme prix de la première édition, et comme prix du manuscrit, la somme de cent cinquante ou soixante francs (...) Ce manuscrit ensuite, je dois vous le déclarer est un vrai fouillis. Renduel m’y faisait faire tant de changements. Il est tout à fait provisoire, et devrait être rangé et revu d’avance, feuille par feuille d’impression. C’est donc une oeuvre en déshabillé dont mon amour-propre (il est si grand dans les barbouilleurs de papier !) ne pourrait souffrir qu’on examinât les nombreuses imperfections, lacunes, etc., avant que je ne l’eusse remis dans ses habits décents. Si je vis dans huit jours, faites-moi le plaisir de me remettre le manuscrit. Si je suis mort à cette époque, je le lègue et le livre tout entier à vous, mon bon ami, et au si bon Sainte-Beuve qui fera tous les retranchements, modifications qu’il croira convenables ».En novembre 1842, près d'un an après la mort de son discret auteur, la première édition de Gaspard de la Nuit ne rencontra guère que le silence : vingt exemplaires furent écoulés, « tant donnés que vendus ». Il faudra attendre Baudelaire pour que le poème en prose fut reconnu, et c'est justement l'auteur du Spleen de Paris qui fera découvrir à un public plus large ce « fameux Gaspard de la Nuit ».Exemplaire charmant, établi dans une délicate reliure souple. Pâles rousseurs en début de volume, une trace claire de mouillure en tête de quelques feuillets.Vicaire I, 447 ; Escoffier 1494.
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