A Bruxelles , , 1789. In-8 broché de 118 pp., couverture bleue de l'époque.
Reference : 41306
Deuxième édition publiée une première fois l'année précédente sous le titre Apologues modernes, à l'usage du Dauphin (1788). Comme "Député Présomptif aux futurs Etats-Généraux" et sous le fallacieux prétexte de donner des leçons au fils aîné d'un roi, Sylvain Maréchal énonce des affirmations antimonarchiques d'une rare violence sous la forme de cent apologues, tous destinés au futur souverain. « Les Premières leçons du fils aîné d’un roi, qui sont de 1788, enseignent qu’il n’y a aucune nécessité qu’il y ait des rois, que les humains doivent s’en débarrasser « par esprit de justice », le roi « le mieux intentionné » ne valant rien. « Malheur au peuple dont le roi est généreux ! Le roi ne peut donner que ce qu’il a pu prendre à son peuple. Plus le roi donne, plus il a pris au peuple. » Maréchal entrevoyait encore dans ce petit volume, donné comme paru à Bruxelles, ce que serait une grève générale des producteurs, et il énonçait leur revendication : « Mettons la terre en commun entre tous ses habitants. » (Max Nettlau). L'ouvrage fut mis à l'index par la police. Couverture de l'époque abimée avec pertes de papier.Dommanget p. 453.
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A Bruxelles, 1789 In-8 de 3 à 118 pp. (manque le faux-titre), broché non coupé, sous couverture d'attente de papier gris bleu (reliure de l'époque).
"Seconde édition, après l'originale publiée à la date de 1788 sous le titre Apologues modernes a l'usage du Dauphin ; composition typographique identique. D'abord avocat au Parlement de Paris, mais ne pouvant plaider à cause d'un fort bégaiement, Sylvain Maréchal (1750-1803) obtient un emploi de sous-bibliothécaire au collège Mazarin. Il en est renvoyé en 1784 après la publication d'écrits teintés d'athéisme et parodiant la Bible. Admirateur de Rousseau, évoluant vers le républicanisme, en 1788, il fait paraître l'Almanach des Honnêtes-Gens, préfiguration du calendrier révolutionnaire, dans lequel il substitue aux noms des saints celui de grands hommes : pêle-mêle Moïse, Michel-Ange, Léonard, Brutus, Newton, Bayard, Jésus, Socrate, Bossuet, Young, Cervantes, l'abbé de Saint-Pierre, Benoît XIV, Winckelmann, Henri IV, Héloïse, Dürer, Linné, Voltaire, Mahomet, Rembrandt, Bougainville, Rousseau, César, Hus, Bouchardon, Philippe d'Orléans, Dolet, Madame Dacier, Pascal, Coligny, Soliman, Louis le Grand, Montaigne, Ninon de Lenclos, Bayle, Poussin, Spinoza, Machiavel, Wyclif, Spartacus, Hobbes, Épicure, Cromwell, Quesnay, etc. Cet ouvrage, brûlé par le Parlement, lui vaut de séjourner à la prison de Saint-Lazare de janvier à avril 1788. Apologues antimonarchiques. Quelques mois plus tard, dans le contexte de la convocation des États généraux, il fait paraître, sans nom d'auteur et sous une adresse bruxelloise, ses Premières Leçons du Fils aîné d'un Roi. Mêlant pour mieux les subvertir deux genres littéraires bien établis, l'institution du prince et les contes, Boccace, La Fontaine ou Perrault, il propose 100 apologues titrés ""leçons"", courts récits narratif rythmés par l'anaphore ""En ce tems-là…"", à travers lesquels il tympanise le système monarchique qu'il associe au mensonge, au vol ou au crime. Révolutionnaire avant la Révolution, il dénonce la corruption de la société comparée à ""un vaste marché d'esclaves […]. Les petits se vendent aux grands, les pauvres aux riches ; les grands & les riches aux plus grands & aux plus riches. Les courtisans se vendent aux rois ; les gens crédules se vendent aux prêtres, & ceux-ci aux tyrans. Les femmes surtout se vendent aux hommes, & quelquefois ceux-ci à celles-là"" (p.68) et de l'argent ""depuis que le gouvernement est financier, tout va de bien en mieux pour quelques uns, & de mal en pis pour tous les autres"" (p. 67). Ce précurseur de l'anarchisme prône la réappropriation par le peuple des richesses nationales, ""Malheur au peuple dont le roi est généreux ! Le roi ne peut donner que ce qu'il a pu prendre à son peuple. Plus le roi donne, plus il a pris au peuple"" (p. 25), l'émergence d'une société égalitaire, ""Mettons la terre en commun, entre tous ses habitants. […] partageons le gâteau également"" (p. 34-35). Et c'est dans ces mêmes Premières Leçons qu'il énonce ce qui sera considéré comme la préfiguration de la grève générale : ""En ce tems-là : dans la capitale d'un grand empire, le luxe, l'égoïsme, la dureté, l'impudence de la classe la moins nombreuse des habitans, c'est-à-dire, des maîtres, étoient portés à un point, que la classe la plus nombreuse, c'est-à-dire, celle des valets, ou de tous ceux qui servent chez les riches & les grands, après une patience dont la durée indignoit même le sage, cessèrent tout-à-coup & de concert leurs travaux & leurs services"" (p. 33). Le prophète du 10 août 1792. Visionnaire, Maréchal semble annoncer avant la prise de la Bastille, la chute de la monarchie et le sort funeste de Louis XVI. Il évoque ainsi une leçon d'anatomie donnée sur ""le squelette d'un tyran nagueres décapité juridiquement"" (p. 14), l'épitaphe d'un tyran ""Le peuple,/ Las de souffrir,/ Versa le sang de ce mauvais roi"" (p. 39), l'abolition universelle de la monarchie (p. 30) et prophétise encore ""Si les rois payoient leurs négligences de leur tête, si on les forçoit à se dévouer au salut de la nation qu'ils ont mis en danger, il ne seroit pas si facile de bien régner ; mais du moins les hommes en seroient sans doute mieux gouvernés"" (p. 81). Il décrit aussi un prince ombrageux découvrant ""dans une place publique de sa capitale […] sa statue renversée"". Enfin, dans une de ses dernières leçons, le fléau des rois restitue le dialogue imaginaire entre un antiquaire et un pasteur nomade vivant parmi les ruines du ""mausolée d'une famille souveraine"", comme un avant-goût de la profanation des tombeaux de Saint-Denis : ""promets-moi de dire au prince que tu as vu la cendre d'un grand roi servant à la lessive d'un berger, son urne cinéraire convertie en ruche à miel, & son buste de marbre suspendu derrière la porte d'une chaumière. Tu diras aussi à la reine que le caveau de son aïeule n'est plus aujourd'hui qu'une étable"" (p. 106). Avec la Révolution, Maréchal multipliera les publications irréligieuses, donnant notamment en 1793 le livret de l'opéra La Fête de la raison, sur une musique de Grétry. Lié à Babeuf, il rédigera le Manifeste des Égaux de la conjuration de 1796. Bon exemplaire broché, tel que paru. Le faux-titre fait défaut ; feuillet Hii, déchirure latérale due à un défaut du papier. J. Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, notice S.Maréchal. - P. Matyaszewski, ""Ci-gît, enfin, un tyran !, ou une épitaphe en tant que prophétie dans les Apologues modernes de Sylvain Maréchal (1789)"", Romanica Silesiana 2021, n° 2 (20), pp. 1-11."