, , 1884. 4 pp. in-4 manuscrites.
Reference : 10790
Pli autographe cacheté, signé et adressé de l'Ile Nou (Nouvelle-Calédonie) par Marin Fenayrou à son épouse Gabrielle incarcérée à la Maison Centrale de Clermont (Oise).Sombre affaire criminelle qui défraya la chronique. Gérard Oury en fit un film (Le Crime ne paie pas, avec Pierre Brasseur et Annie Girardot, 1961).Les époux Fenayrou avaient été condamnés aux travaux forcés pour le meurtre le 29 mai 1882 de Louis Aubert, pharmacien à Paris, amant de Gabrielle Feynarou, attiré dans un guet-apens dans une maison de Chatou.Le 6 décembre 1884, Marin Feynarou adressa à son épouse cette requête expédiée de l'ile Nou en Nouvelle-Calédonie : Ma chère femme, J'ai été si étonné d'après ta dernière lettre en voyant que tu n'avais rien reçu de Mr le Ministre de la Marine que j'ai écrit tout de suite à la D.tion pour qu'elle daigne m'informer des suites qu'elle avait jugé à propos de donner aux démarches que j'avais faites au mois de mai dernier. Il m'a été répondu que, d'après une récente dépêche, il n'y avait que les condamnés de 1ère classe et concessionnaires qui pouvaient faire venir leur famille dans la colonie. Cette nouvelle m'avait plongé dans une tristesse fort grande, je me demandais quand est-ce finirait cette vie pleine d'incertitudes et de tourments ; j'ai passé pendant quelques jours dans les alternatives d'espoirs et de découragements faciles à comprendre, heureusement que la confiance que j'ai dans l'avenir est fort grande et que j'ai pu grâce à elle chasser de biens noirs soucis et me faire entrevoir que bientôt nos inquiétudes cesseraient et que au milieu de nos chers enfants nous pourrions oublier le passé sinon tout à fait du moins en atténuer l'amertume. Pour cela ma chère femme il faut que maintenant tu fasses toutes les démarches auprès du Ministre de la Marine, afin qu'il daigne notre réunion, exprime lui le désir que j'ai de t'avoir et toi celui de me rejoindre, joins à l'appui s'il le faut ma lettre pour mieux confirmer nos intentions, quand il verra que nos désirs sont mutuels, il pourra j'en suis presque certain, nous accorder une faveur exceptionnelle, surtout voyant que je suis de 1ère classe. Cette nomination à laquelle j'étais loin de m'attendre est venue agréablement me surprendre, comme elle te surprendra toi-même ; voilà toujours un obstacle de moins à surmonter (…) Je ne suis plus à Bourail, j'habite l'Ile Nou, elle est fort agréable ; on aperçoit à deux kilomètres Nouméa le chef lieu de la colonie ; je suis occupé comme écrivain. Tu vas sans doute te demander le motif de ce changement, je n'en sais rien moi-même, je l'attribue (ce qui du reste est facile à comprendre) à ce que je n'étais pas de 1ère classe. Ce changement m'a été fort possible et quoique sachant bien que je n'occupais ce poste que par faveur et que je n'y avais aucun droit, je l'ai quitté avec beaucoup de regrets mais aussi avec beaucoup de résignation. Depuis quelques temps mes idées se sont modifiées par rapport aux enfants, je ne sais pas si tu ne ferais pas mieux de les emmener avec toi, je ne puis t'expliquer les raisons qui me font agir ainsi (…) voilà deux ans et demi que je ne les ai embrassés (…).
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