6 pages et demie in-12, s.l.n.d. [1887]. Réjouissante lettre du jeune directeur du Théâtre libre au sujet de "Renée", la pièce que Zola a tirée de La Curée (1872) et dont Sarah Bernhardt devait initialement interpréter le rôle titre autour de 1877. La première est finalement donnée dix ans plus tard, le 16 avril 1887, au Théâtre du Vaudeville. Antoine, qui venait de faire jouer le 30 mars "Jacques Damour" de Zola (une pièce en un acte inspirée d’une de ses nouvelles), y a été invité par le maître. Il en sort révolté : "Dès le lever de rideau la salle était prévenue contre vous. On a refusé la bataille et on a préféré faire de l’ironie toute la soirée plutôt que d’écouter loyalement et de chercher à comprendre !" Et de trancher d’une phrase, qu’il souligne rageusement dans sa missive : "On a assassiné votre pièce." Quoique "tout honteux de la liberté" qu’il prend en s’exprimant ainsi, Antoine vitupère contre une distribution indigne : Mary Brandès, "absolument incapable de jouer Renée", promise "à la Comédie française (où elle ira) compléter dignement la troupe de grues qui y fait florès, les Bartet, les Vierson, les Montaland et les Léonide Leblanc" ; Montigny, "cabotin raseur et bénisseur" ; "et ce petit Garaud, qui ne sait même pas que faire de ses mains !"… En toute franchise (par contraste avec les deux derniers actes qui "ont une grandeur tragique à faire haleter une salle", il juge d’ailleurs les deuxième et troisième "gris et ennuyeux"), Antoine dénonce une cabale orchestrée contre Zola qu’il invite à mieux veiller à la distribution de ses pièces, à l’exemple de Dumas fils et de Victorien Sardou, "ces deux grands faiseurs" : "Là est je crois le secret de ces premières flamboyantes dont ils ont le monopole." Zola n’en aura pas le cœur et "Renée" sera sa dernière adaptation pour le théâtre. Cette longue lettre d’Antoine, avec son enthousiasme et son engagement, n’en apparaît que plus belle.
Reference : 57900
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M. Henri Vignes
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S.n., s.l. 24 Juillet 1879, 10x13,5cm, deux pages + une enveloppe.
Lettre autographe datée et signée d'Eugène Labiche (27 lignes à l'encre noire) adressée au journaliste et librettiste Philippe Gille à propos de l'adaptation au théâtre de l'Assommoir d'Emile Zola. Trace de pliure inhérente à la mise sous pli, enveloppe jointe. Le monogramme d'Eugène Labiche étant estampé à froid en tête de la lettre. En 1879, deux ans après sa parution en roman, l'Assommoir est adapté au théâtre par William Busnach et Octave Gastineau, aidés par Emile Zola. Eugène Labiche et Philippe Gille semblent avoir participé à la création de la pièce :"... je n'ai pas vu l'assommoir et j'ignorais que notre monologue y ait été introduit. Je suis absolument de votre avis, il ne faut pas le mettre. La bande à Zola pousserait des cris de blaireaux..." et préfèrent tempérer leur collaboration : "Nous verrons plus tard s'il faut ajouter quelque chose pour Brasseur, mais il faudra être très discrets, Brasseur s'impose un peu trop au public.." Ses tourments théâtraux sont heureusement attenués par la présence à ses côtés de son ami Emile Augier et de sa femme : "... ce sont de charmants compagnons. Quant il pleut nous fesons des whists échevelés et nous ne parlons pas plus théâtre que si nous étions deux quincailliers retirés..." - Photos sur www.Edition-originale.com -