Sans lieu, sans nom, sans date [1929] "Cet ouvrage a été tiré à 110 exemplaires sur pur fil Lafuma. Exemplaire N°17" (mention imprimée au bas de la page de titre. 1 volume grand in-4 (30,5 x 25 cm) de 38 feuillets non chiffrés dont la page de titre, 18 lithographies hors-texte dont 4 ont été coloriées à la main par l'artiste, en tête de chaque paragraphe on trouve 18 lithographies tirées en noir (plus petites). Reliure d'artiste en maroquin noir avec papier peint à la main ciré encastré dans chacun des deux plats, dos lisse titré à la verticale en grandes lettres d'or, auteur doré à l'horizontale en tête du dos, doublures et gardes de papier vert d'eau, charnières de même maroquin noir, non rogné, couverture imprimée en noir conservée. (reliure signée J. CRISTOFINI). Parfait état de la reliure. Intérieur très frais sans rousseurs. A noter deux ou trois petites déchirures marginales sans gravité.
Reference : AMO-4523
Tirage unique à 110 exemplaires d'après la page de titre. Exemplaire de dédicace offert par l'artiste "à son vieux Chassagny et à sa charmante femme, avec mes vœux pour 1930. [signé] An Giard" André Girard, natif de Chinon, orphelin dès 1915, il intègre alors l'École nationale supérieure des arts décoratifs puis en 1916 l'École des Beaux-Arts. Fuyant les bombardements la famille se réfugie en 1918 à Saumur chez les grands-parents. C'est là qu'il rencontre le peintre Georges Rouault dont il devient l'élève et l'ami. Il sera également inscrit dans l'atelier de Pierre Bonnard. Il dessine déjà régulièrement. Libéré de ses obligations militaires en 1923, il exerce alors les métiers de peintre, caricaturiste, décorateur de théâtre et affichiste publicitaire. En 1925 il est lauréat du concours pour l'affiche de l'Exposition internationale des arts décoratifs. Il réalise, entre autres, les affiches publicitaires de Duco (1928-29), Peugeot (1930), Mercier Frères (1930), les cigarettes Gitanes (1930), Marconi (1935), Dubonnet, The Capehart, Shell. Dans les années 1930, il est l'un des affichistes en vogue à Paris. Il se marie le 5 avril 1924 à Asnières-sur-Seine avec Andrée Jouan et s'installe à Levallois-Perret, où naissent ses deux premières filles, Évie (qui épousera le pianiste Jean Casadesus) et Gabrielle dite Danièle (qui sera actrice sous le nom de Danièle Delorme), puis à Neuilly. Il commence également une longue collaboration avec Columbia dont il illustrera de nombreuses pochettes de disque et dont il dessine le logo. Il travaille également comme scénariste et acteur du cinéma parlant à ses débuts, cosignant notamment avec Jean Renoir le scénario de La Chienne (1931). Dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, il publie de nombreux dessins politiques dans la presse, Les Échos, Paris-Midi, Paris-Soir, Match, Marianne, Le Rire. Fin 1940 il fonde avec un ami le Réseau Carte (réseau de la Résistance antiallemand, antigaulliste, anticommuniste et anticollaborationniste). Il part pour les Etats-Unis en 1943. s'active au sein du courant antigaulliste. Il y donne des conférences et écrit des articles et des livres où il manifeste son opposition à la fois aux Britanniques et aux Gaullistes. À New York, il peint des toiles d'inspiration religieuse (chemins de croix, apocalypse...). En 1950, il utilise une technique qu'il nomme peinture sur lumière, peignant directement sur de la pellicule selon le procédé inventé par Norman McLaren dans les années 1930. En 1952, il réalise la décoration de plusieurs églises à New-York, dans le Vermont, chapelle du Mont Mansfield, et en Californie, la Saint Ann Chapel à Palo Alto dont il peint les vitraux. George Stevens lui commande 352 toiles de scènes bibliques pour le film La Plus Grande Histoire jamais contée (1965). Il meurt à Nyack, aux États-Unis, le 2 septembre 1968, où il est enterré. Cette édition illustrée du Corbeau d'Edgar Poe n'est nulle part documentée. Très tôt dans la production de l'artiste, ce livre n'est cité nulle part. Le tirage a-t-il été moindre que celui annoncé ? Les exemplaires ont-ils été détruits accidentellement ? C'est une possibilité. Quoi qu'il en soit il s'agit d'une superbe interprétation du texte de Poe. Nous ne savons pas de quelle imprimerie sort le texte (la typographie est très agréable et en grands caractères) ni même de quel atelier sortent les lithographies. Ce livre n'est pas présent au Catalogue Collectif des Bibliothèques de France (donc absent de la Bnf). La reliure est signée J. Cristofini. Ce nom de relieur est inconnu à Fléty (Dictionnaires des relieurs contemporains). La reliure est d'une finesse d'exécution et décorée de manière très artiste, ce qui dénote un relieur de grande maîtrise. La seule mention de ce relieur se trouve dans un catalogue d'acquisitions (Enrichissements de la Bibliothèque nationale 1961 - 1973, reliure signée J. Cristofini sur un ouvrage de René Char orné de lithographies de Georges Braque, édition de 1963). Notre reliure doit dater des années 1950 ou 1960 ? Aucune information n'apparaît sur ce relieur dont l'activité a du être très courte ou interrompue brutalement. Provenance : de la bibliothèque Marcel Chassagny (1903-1988) industriel fondateur en 1941 de la société MATRA. Au moment de cette dédicace Marcel Chassagny est âgé de seulement 27 ans et est alors un ami de l'artiste André Girard (1901-1968) lui même âgé alors de 28 ans. Les routes des deux amis ont divergé à l'arrivée de la guerre, semble-t-il sans plus jamais se recroiser. Superbe exemplaire finement relié d'un très beau livre illustré rare.
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