Parisiis, ex officina Claudii Chevallonii sub sole aureo in dia ad divum Jacobum. 1528 mense Aprili. [Paris, Claude Chevallon, avril 1528] 1 fort volume in-folio (39 x 28 cm) de 28 feuillets non chiffrés, CCCCLIX fol. chiffrés (le folio CCLXXIX manque), XLVI fol. chiffrés et 1 fol. non chiffré. Titre imprimé en rouge et noir dans un encadrement gravé sur bois, marque de B. Rembolt sur le titre. Grande gravure sur bois au verso du folio I (L'auteur présentant son ouvrage). Grande gravure sur bois au verso du folio CCCCXVIII (Arbor consanguinitatis) et autre grande gravure au recto du feuillet suivant (qui n'est pas chiffré). Le dernier feuillet contient le registre. Texte imprimé en rouge et noir pour la plupart des feuillets, le plus souvent sur 4 colonnes avec différentes tailles de caractères, le tout en caractères gothiques. Reliure ancienne (probablement du début du XVIIe siècle) en veau brun. Reliure usagée encore solide. Manque de cuir au dos, mors fendus. A restaurer. Intérieur assez frais. Quelques mouillures sans gravité à quelques feuillets. Mouillure avec petit manque de papier dans la marge inférieure des derniers feuillets, sans atteinte au texte. Comme indiqué plus haut le folio 279 manque (trace d'arrachage dans la marge intérieure), sinon tous les autres feuillets sont présents. Superbe mise en page avec de très nombreuses grandes lettrines historiées.
Reference : AMO-4518
Le Decretum Gratiani (« Décret de Gratien »), ou Concordia discordantium canonum (« Concorde des canons discordants »), est une œuvre majeure du droit canonique, composée vers le milieu du XIIe siècle, qui rassemble plus de 3 800 textes : canons dits « apostoliques », textes patristiques, décrétales pontificales, décrets conciliaires, lois romaines et franques, etc. Le Decretum Gratiani a formé la base du Corpus juris canonici, modifié par des Correctores Romani en 1582, qui est en vigueur jusqu’à la publication du Code de droit canonique de 1917. Cette œuvre collective sous la tutelle de Gratien n'a pas pour seule finalité de rassembler des règles canoniques mais surtout de les concilier et donc de les rendre plus cohérentes. La biographie de Gratien est amplement sujette à caution. Selon la Chronique de Martin d'Opava, il naît à Chiusi en Toscane. Selon une autre source, c'est plutôt à Carraria, près d'Orvieto, en Ombrie. Son prénom aurait été Jean. La tradition médiévale en a fait le frère de Pierre Lombard — auteur du Liber Sententiarum, considéré alors comme le père de la théologie médiévale — et de Pierre Comestor (ou Pierre le Mangeur) — auteur de l’Historia Scholastica, considéré comme le père de l'histoire médiévale. Par cette parenté fictive, les érudits médiévaux soulignent les rapports étroits qui unissent la théologie, l'histoire et le droit canonique. Par la suite, il serait devenu moine camaldule au couvent des Saints-Nabor-et-Félix — ou bénédictin — et aurait enseigné le droit dans son monastère. Selon Robert de Torigni encore, il serait devenu évêque de Chiusi. D'autres chroniqueurs en font le conseiller du pape Innocent II (1130–1143) ou le légat d'Eugène III (1145–1163). La date de sa mort est également inconnue. Elle survient probablement avant le IIIe concile du Latran (1179), puisque selon certaines sources, l'on y regrette l'absence du Maître, comme on l'appelle alors. On ignore également le lieu de sa mort, même si la ville de Bologne revendique cet honneur, et a édifié à Gratien un monument funéraire dans l'église Saint-Pétronius. Le Decretum se compose de trois parties. La première, les Distinctiones, se divise en 101 distinctions : définitions (droit divin, naturel, positif et coutumier) ; un exposé sur les diverses sources du droit canonique : droit écrit, décrets conciliaires, décrétales, droit romain ; un exposé sur les clercs : offices, droits et devoirs, conditions d'accès ; un exposé sur les évêques. La seconde partie, les Causæ, aborde les grands thèmes du droit canonique : la simonie, la nomination et la récusation des évêques, le temporel et les revenus des clercs, l'hérésie et l'excommunication, la pénitence (considéré comme une interpolation), etc. La troisième partie est intitulée De consecratione, elle traite de la consécration des églises, de la célébration de la messe, des fêtes, du baptême, de la confirmation et du jeûne. La plus courte des trois, elle est souvent considérée comme une interpolation. Le Decretum Gratiani est rapidement adopté par les écoles de droit, à commencer par celle de Bologne, alors capitale de l'étude du droit canonique. Tout aussi rapidement, elle est glosée et interpolée, notamment par l'ajout d'extraits de droit romain, identifiés dans les manuscrits comme paleae — terme usuellement interprété comme « l'ivraie » parmi le bon grain trié par Gratien. Selon une tradition médiévale, le Décret aurait été approuvé par le pape Eugène III à Ferentino. Il s'agit probablement d'une légende, cette approbation publique étant étrangère aux conceptions de l'époque. Le Decretum ainsi revu et corrigé est l'œuvre canonique la plus importante du XIIe siècle, par son exhaustivité et la sûreté de son analyse. Il devient le fondement du droit qui suit, et ce pour huit siècles. Une des nombreuses éditions anciennes du Decretum de Gratien. Cette édition est cependant très peu commune pour ne pas dire rare. Provenance : ex libris manuscrit sur la page de titre Pierre Martin Conseiller du Roi et son Avocat au bailliage de Sézanne 1608. Autres ex libris de 1652 (à identifier). Pierre Martin de Senoyé, conseiller du roi et avocat au bailliage de Sézanne (Marne actuelle - au centre du triangle Paris - Reims - Troyes) est bien identifié. Il a laissé un ouvrage intitulé "Conférence du droit civil, avec le droit municipal et coutumier du bailliage de Meaux. A Paris, chez Georges Lombart, 1609." Il ne fait aucun doute que ce petit volume de format in-12 de 104 feuillets a été rédigé avec l'aide de cette somme de droit canon et romain qui fut une précieuse source. Très belle impression de Claude Chevallon (né en 1479) qui fut actif à Paris entre 1506 et 1537. En 1520, sa carrière connaît un tournant décisif lorsqu'il épouse Charlotte Guillard, veuve de Berthold Rembolt. Il s'installe dès lors rue Saint-Jacques, dans l'atelier du Soleil d'Or. Pendant 17 ans, il se spécialise dans l'impression des livres de droit et de patristique. Les bibliographes lui attribuent environ 220 éditions. Localisation : La Bibliothèque nationale de France ne semble pas posséder cette édition (absente du catalogue en ligne). Un exemplaire à la Bibliothèque de Châlons-en-Champagne (qui a eu la gentillesse de nous fournir une version numérique du feuillet manquant - que nous fournissons avec l'ouvrage), cette bibliothèque mentionne "La Bnf n'a pas cette édition" ; un exemplaire à la BM de Sedan. Aucun autre exemplaire au CCfr. Le WorldCat ne recense aucun exemplaire de cette édition. Un monument du droit canon et du droit romain mélangés servi par une monumentale impression parisienne de Claude Chevallon.
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