Paris, E. Dentu, 1882 [Imprimerie de la Veuve Gourdet et fils, à Nevers]. 1 volume in-12 (18,5 x 12,5 cm) de (4)-320 pages. Reliure plein maroquin rouge vif, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, plats décorés à la Duseuil, large jeu de roulettes et filets dorés en encadrement intérieur des plats, tête dorée, autres tranches non rognées, les deux plats de couverture jaune conservés en parfait état. Boîte cartonnée à ouverture vers le haut avec pièce de titre en maroquin rouge (reliure de l'époque signée GRETZINGER). Superbe exemplaire, comme neuf. Intérieur parfait, immaculé, sur beau papier vergé de Hollande. Édition originale. Mention de deuxième édition sur la couverture uniquement (fausse mention). Exemplaire unique imprimé pour l'auteur sur papier vergé de Hollande (non justifié). Exemplaire de l'auteur, relié pour sa bibliothèque par son relieur (Louis Gretzinger). Ni Édouard Montagne, ni son Roman d'un épicier n'auront laissé une grande trace dans la littérature française. Edouard Montagne (1830-1899) était romancier, librettiste, auteur dramatique et vaudevilliste français (surtout). D'abord économe de l'hôpital des Enfants, il devient journaliste et collabore au Mémorial diplomatique, au Figaro et à Gringoire. Ses pièces ont été représentées sur les plus grandes scènes parisiennes du XIXe siècle : théâtre des Délassements-Comiques, théâtre Beaumarchais, théâtre des Folies-Dramatiques, théâtre de l'Ambigu-Comique, etc. Montagne est aussi (et surtout) connu comme le délégué du comité de la Société des gens de lettres, auquel Octave Mirbeau s'affrontera lors de l'affaire Zola-Jean Grave, en août 1891. Nous comptons une vingtaine de pièces de théâtre écrites entre 1854 et 1880, dix romans publiés entre 1866 et 1893, un recueil de nouvelles publié en 1885, et cinq ouvrages dit d'érudition sur divers sujets. Exemplaire relié pour l'auteur sur ses recommandations, en plein maroquin rouge, comme tous les ouvrages de sa bibliothèque que nous avons pu étudier. Louis Gretzinger, relieur à Paris, 45 rue de Sèvres, fut semble-t-il son unique artisan-relieur. Nous possédons plusieurs autres ouvrages reliés dans le même style à la même époque (dans les années 1875-1890). Les reliures de Gretzinger sont assez rares sur le marché et celles que nous avons sous les yeux démontrent un savoir faire de qualité, digne des Chambolle-Duru et autres Allô, relieurs à la même époque. Nous tenons à disposition des amateurs une petite étude que nous avons réalisée sur ce relieur méconnu. Concernant cet ouvrage, Le roman d'un épicier, fut visiblement très mal reçu par la critique qui eut la chance s'apercevoir de sa parution. On lit pourtant dans La Liberté du 8 mai 1882 la critique suivante : Le Roman d'un Épicier, tel est le titre d'un volume que M. Edouard Montagne vient de publier chez Dentu. Dans cette amusante odyssée d'un marchand de denrées coloniales, l'humour, l'esprit, la verve abondent comme dans tous les ouvrages de l'heureux auteur du Manteau d'Arlequin, de La Bohême camelote, du Retour d'Ulysse, etc. Nous prédisons un grand succès au Roman d'un Épicier." Tout le monde ne fut visiblement pas de cet avis. On lit au même moment dans la Revue Bleue : "Le Roman d'un épicier par M. Édouard Montagne, a comme fiction les défauts de l'œuvre précédente, sans en avoir les qualités. Je voudrais bien invoquer des circonstances atténuantes, mais j'ai beau chercher, je n'en trouve pas.". Voici comment Edouard Montagne lui-même définit son roman dans un envoi autographe sur l'exemplaire offert à Paul Eudel : "En ce temps-la, j'étais gai, et j'écrivais beaucoup plus pour ma propre satisfaction que pour celle du public. De là le Roman d'un Épicier qui, dans le principe, devait être un livre de science professionnelle. On ne s'en douterait guère aujourd'hui. Il s'est produit pour lui le même phénomène que pour les autres d'aucuns l'ont trouvé fort amusant.et d'autres absolument idiot. Evidemment ce sont les premiers.qui possèdent la meilleure vue et le plus sain jugement." (Envois d'auteurs à Paul Eudel, p. 84) Ce volume, tout comme Le Manteau d'Arlequin du même auteur paru en 1866, est très peu représenté dans les fonds publics (on en trouve seulement un exemplaire à la Bnf, fonds Lovenjoul et un exemplaire à la BM de Troyes). Superbe exemplaire sur Hollande (exemplaire de l'auteur et relié pour lui) d'un ouvrage rare et méconnu.
Reference : AMO-3944
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