Rapport sur la condition morale, intellectuelle et matérielle, des ouvriers qui vivent de l'industrie du coton, par M. Louis Reybaud. Fait à la suite d'une mission que lui a confiée l'Académie. Lu dans les séances des 1er et 15 décembre 1860 ; 23 février, 1er et juin, 20 juillet, 10 août, 2 et 23 novembre 1861 ; 18 janvier, 8 février, 10 et 24 mai et 7 juin 1862. S.l.n.d. [1862] [Imprimerie Royale] 1 volume grand in-4 (27,8 x 22 cm) paginé de [603] à 1014. Reliure postérieure demi-percaline noire, filets dorés au dos, plats de papier marbré. Deux coins légèrement touchés sans gravité sinon très bel exemplaire très frais. Il n'y a pas de page de titre spéciale (ce qui est normal). Papier de qualité, sans rousseurs. Edition originale rare publiée immédiatement à la suite des lectures à l'Académie dans le tome XI des Mémoires de l'Académie des sciences morales et politiques. L'Académie des sciences avait confié à Reybaud plusieurs missions sur l'état de l'industrie en France : ouvriers du coton, de la soie, de la laine, de l'industrie du fer. Chacune de ces missions a fait l'objet d'un rapport très détaillé et très intéressant. Louis Reybaud (1799-1879) est un homme politique et économiste libéral et auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire politique et sociale de la France au milieu du XIXe siècle : Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale (1842), Jérôme Paturot à la recherche de la meilleure des républiques (1846), Etudes sur les réformateurs ou socialistes modernes (1842), etc. "En disciplinant la vapeur et en la mettant au service de l'homme, la science a du même coup créé l'agglomération manufacturière et porté une atteinte profonde à l'activité qui avait le toit de la famille pour abri. Devant cette fatalité inexorable, comment oublier les avantages d'un régime qui, depuis tant de siècles, avait prévalu dans l'exercice des industries ? Comment assister sans regret au bouleversement de tant d'existences, aux souffrances et aux misères inséparables d'un changement de condition ? Même aujourd'hui que cette révolution est plus d'à moitié accomplie, des milliers de tisserands luttent encore dans nos campagnes contre cette force qui doit les briser si elle ne les absorbe pas ! Les Vosges, la Normandie, l'Alsace, la Bretagne, l'Artois, le Hainaut, les Flandres et d'autres provinces encore comptent des légions d'ouvriers qui restent attachés à leurs métiers de ménage comme à un dernier débris. Ils voient monter le flot qui les doit engloutir, et plutôt que de chercher un refuge ailleurs, ils l'attendent avec une énergie désespérée. La manufacture a beau empiéter sur eux, ils lui tiennent tête; ils se résignent aux réductions de salaires, aux chômages, aux privations; en vaillants soldats, ils aimeront mieux mourir que de rendre leurs armes. Quand on a vu de près comme moi ces derniers défenseurs de l'industrie domestique, recueilli leurs plaintes, calculé leurs ressources, on se sent pris d'une compassion profonde. L'illusion n'est cependant pas permise. En comparant ces instruments imparfaits avec les appareils perfectionnés des manufactures, cette main d'œuvre élémentaire avec la main-d'œuvre organisée, on comprend que la vie se retire de ces ateliers de campagne; si dignes d'intérêt qu'ils soient, ils sont, pour certaines industries du moins, irrévocablement condamnés. [...]" (extrait p. 617-618). Ce texte a paru l'année suivante en librairie au format in-8 sous le titre : Le Coton. Son régime, ses problèmes, son influence en Europe. Nouvelle série des études sur le Régime des manufactures. Paris, Michel Lévy Frères, 1863. Bel exemplaire.
Reference : AMO-2303
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