Fragments posthumes d'un ouvrage de Claude Larcher, recueillis et publiés par Paul Bourget, son exécuteur testamentaire. Paris, Alphonse Lemerre, 1891. [achevé d'imprimer le 8 novembre 1890 par Alphonse Lemerre (Aug. Springer, conducteur), à Paris]. 1 volume in-12 (19 x 19 cm), broché, de (4)-IX-435-(1) pages. Couvertures imprimées. Exemplaire à l'état de parution, non rogné, à grandes marges. Petites fentes le long du premier plat de couverture, dos néanmoins solide et non fendu. Exemplaire à l'état proche du neuf. ÉDITION ORIGINALE.UN DES TRÈS RARES 15 EXEMPLAIRES SUR JAPON (n°12) SUR UN TIRAGE A 150 EX. DE LUXE SUR DIVERS PAPIERS (avec 100 ex. sur Hollande, 10 ex. sur Whatman et 25 ex. sur Chine). Exemplaire paraphé des initiales de l'éditeur Alphonse Lemerre comme il se doit.
Reference : AMO-1399
Cet essai de Paul Bourget est dédié "A mon cher éditeur et ami Alphonse Lemerre, je dédie ces pages, qui font suite à Mensonges, comme un témoignage d'une déjà vieille affection. P.B. Rapallo, ce 8 octobre 1890." (dédicace imprimée placée sur le feuillet suivant le feuillet de titre). Claude Larcher était un personnage déjà présent dans le roman précédent de Paul Bourget, Mensonges(1887). Hofmannsthal a largement étudié la Physiologie de l'amour moderne de Paul Bourget et notamment le personnage-écrivain fictif inventé par ce dernier : Claude Larcher. Paul Bourget décrit Claude Larcher :"Comme beaucoup d’écrivains d’analyse, il [Claude Larcher] était habitué à s’étudier et à se juger sans cesse, étude et jugement qui n’avaient d’ailleurs aucune influence sur ses actions. Les plus menus détails lui servaient de prétextes à des retours sur lui-même et sur sa destinée, mais le seul résultat de ce dédoublement continuel était de l’entretenir dans une lucidité inefficace et douloureuse de tous les instants."(Mensonges, p. 4-5). « Il flotte un parfum si aristocratique de cercle et de mirliton, de bookmakers et de marquises dans ce livre », dit Hofmannsthal à propos de La Physiologie de l’amour moderne. Dans cet essai, sous titré Méditations de philosophie parisienne sur les rapports des sexes entre civilisés dans les années de grâce 188- , Paul Bourget expose sa théorie de l'amour moderne. C'est l'œuvre d'analyse du « premier » Bourget, écrite par un véritable physiologiste littéraire à prétention de physiologie scientifique et « qui a pour but d'arriver à la découverte de la loi générale dans le plus individuel des sujets ». Cette histoire de la maladie d'amour en évoque tous les aspects : l'amant, la maîtresse, le flirt, la naissance de la jalousie, la colère, la vengeance, la rupture et les remèdes à l'amour. L'auteur aborde ce sujet au travers d'anecdotes, introduisant une foule de personnages et parfois se mettant en scène. Dans cet « ouvrage grouillant de vie », nous découvrons un étalage chirurgical à propos des plus vulgaires sensations, l'ensemble des phénomènes cérébraux qui constituent l'instinct sexuel. En décrivant sur un ton de persiflage la femme, proie naturelle des désirs masculins, Paul Bourget (il a trente sept ans et vient de clôturer sa liaison parfois ombrageuse avec Marie Kann, qu'il a fini par détester) nous livre en fait toutes les découvertes qu'il a faites depuis dix ans sur la passion qui domine dans ce monde. Cette enquête sur les mœurs galantes des Parisiens dans les années 1880 apparut parfois comme une intention de libertinage et l'essayiste dut en adoucir plusieurs passages. Le « premier » Paul Bourget, celui d'avant sa conversion au catholicisme, est moraliste, un analyste des désordres du cœur ; faisant preuve d'un certain relativisme, il accorde moins d'importance aux mœurs qu'à la psychologie et considère ses romans comme « de simples planches d'anatomie morale » Il accuse en effet une vision souvent pessimiste de la société. Pour Edouard Rod, son contemporain, Paul Bourget apparaît comme « un désabusé, sceptique, pessimiste, indifférent, aristocrate, bien décidé à s'isoler du troupeau vulgaire, curieux de joies et de douleurs plus rares que celles du commun, prêt à aller chercher une consolation au mal de vivre dans d'égoïstes jouissances artistiques » Bourget recherche en effet le style analytique, la précision de l'observation minutieuse et se réfère à la science médicale et anatomique de l'époque. Il s'oppose pourtant au naturalisme. Il définit en effet le moraliste comme étant « l'écrivain qui montre la vie telle qu'elle est » et cette prise de position littéraire est soutenue par une volonté de connaissance psychologique. Dans Mensonges, il dresse ainsi le tableau complet d'une société, avec ses ramifications, y compris ses lisières douteuses. Il ajoute : « Ce que Claude Bernard faisait avec ses chiens, ce que Pasteur fait avec ses lapins, nous devons le faire, nous, avec notre cœur, et lui injecter tous les virus de l'âme humaine. Nous devons avoir éprouvé, ne fût-ce qu'une heure, les mille émotions dont peut vibrer l'homme, notre semblable » Il écrit par ailleurs dans la préface de Physiologie de l'amour moderne : « Interdire à l'artiste la franchise du pinceau sous le prétexte que des lecteurs dépravés ne voudront voir de son œuvre que les parties qui conviennent à leur fantaisie sensuelle, c'est lui interdire la sincérité, qui est, elle aussi, une vertu puissante d'un livre […] Imaginons-nous un lecteur de vingt-cinq ans et sincère, que pensera-t-il de notre livre en le fermant ? S'il doit, après la dernière page, réfléchir aux questions de la vie morale avec plus de sérieux, le livre est moral. C'est aux pères, aux mères et aux maris d'en défendre la lecture aux jeunes garçons et aux jeunes femmes, pour qui un ouvrage de médecine pourrait être dangereux, lui aussi. Ce danger-là ne nous regarde plus. Nous n'avons, nous, qu'à penser juste si nous pouvons et à dire ce que nous pensons. Pour ma part, je m'en tiens à ce mot que me disait un saint prêtre : — « Il ne faut pas faire de mal aux âmes, et je suis sûr que la vérité ne leur en fait jamais […] ». Il ajoute : « la peinture de la passion offre toujours ce danger d'exercer une propagande. Rendre l'artiste responsable de cette propagande, c'est faire le procès non seulement à tel ou tel livre, mais à toute la littérature ».(Source documentée et bibliographie Wikipedia, article Paul Bourget). Le second Paul Bourget (antidreyfusard, militariste et ami de Maurras, antisémite prosélyte, etc.) a éclipsé le premier pour n'en faire plus qu'un auteur de second rang répudié et dédaigné. Ses premiers romans et ces premiers essais, telle cette Physiologie de l'amour moderne, méritent à eux seuls d'être redécouverts et appréciés. TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CET ESSAI ANALYTIQUE SUR LES "DÉSORDRES DU CŒUR". TRÈS RARE SUR PAPIER JAPON.
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