broché - 23.5x30 - 16pp - collection GRANDS ECCRIVAINS choisis par l'Académie GONCOURT - n° 53
Reference : 10481
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Paris, Pierre Cailler Editeur à Genève, 1968, in-4, relié-Jaquette éditeur., np. Catalogue de l'oeuvre gravé de Dunoyer de Segonzac. Tome VII 1953-1956 comprenant : Paris-sur-seine, Quelques Sonnets de Ronsard, Suite de vingt gravures pour les exemplaires de têtes du Ronsard, PLanches et bandeaux écartés pour l'édition des Sonnets de Ronsard (Natures mortes et fleurs, femmes, Paysages). Jaquette défraichie. Bon état intérieur.
A La Cité Des Livres Paris 1923 4 volumeS in-8 ( 200 X 140 mm ), demi chagrin bleu-nuit à coins, dos à nerfs ornés de chainettes et filets dorés, têtes dorées, couvertures et dos conservés ( Reliure signée de FRANZ ). Très belle édition à l'impression soignée. Volumes non rognés. Oeuvres recueillies par Henri LONGNON . Tirage à 1050 exemplaires numérotés, celui-ci 1 des 1000 sur Vergé d'Arches. Très bel exemplaire, de cette série complète et bien reliée.
A L'enseigne De La Cité Des Livres Paris 1923 In-4 ( 305 X 210 mm ) de X-104 pages, broché sous couverture rempliée. Partitions et textes réunis par Henry EXPERT, bibliothécaire du conservatoire national de musique. Frontispice: portrait gravé d'Orlande DE LASSUS. Belle édition, imprimée sur papier d'Arches tirage limité à 1050 exemplaires. Musique d'Orlande de Lassus, Guillaume Costeley, N. de La Grotte, N. Regnard et Jehan Chardavoine. Le texte est imprimé par Coulouma, et la partie musicale par l'Imprimerie Française de Musique. Très bel exemplaire.
D’après Jean-Paul Barbier, Ma bibliothèque poétique, cet exemplaire réunissant cinq œuvres rarissimes de Pierre de Ronsard en reliure du XVIIIe siècle serait le seul connu. A Paris, chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enseigne S. Claude, 1563. In-4 de 10 ff., signés A à B par 4 et C par 2. Soit: «A ma connaissance, cet exemplaire est le seul connu (voir Barbier, 4, n°45) d’un premier état de la seconde famille des éditions de 1563, qui se caractérise par: Le privilège au verso du feuillet 10 (et non au verso du titre). Un plus grand nombre de vers par page, de telle sorte que le texte se termine au recto du feuillet 10 et non au verso. Le décalage du début des strophes à droite» (Jean-Paul Barbier). Plein veau marbré, dos lisse richement orné, tranches rouges, coiffe supérieure restaurée. Reliure vers 1740. 214 x 133 mm.
Selon Jean-Paul Barbier, un seul exemplaire connu: le sien, «lavé, en reliure moderne, 205 mm de hauteur». Le présent exemplaire, le second connu «non lavé, en reliure ancienne, hauteur 214 mm». Premier état rarissime – de la secondefamille des éditions de 1563 de la «Continuation du Discours des Miseres de ce temps». «Cette édition de 1563 ne diffère de la première de 1562 que par la date» mentionne Tchemerzine. «Ces éditions originales renferment un certain nombre de vers que ne donne pas la collection des œuvres, imprimées en 1584 et depuis. Dans ces discours en vers, l’auteur retrace avec une énergique éloquence les maux que les calvinistes occasionnèrent à la France, sous la minorité de Charles IX; ce qui lui attira de la part des partisans de la réforme de violentes réponses» (Brunet). Dans la Continuation du Discours des Miseres de ce temps Ronsard monte au créneau pour défendre le parti catholique mais surtout l’unité de la France alors emportée dans la tourmente depuis le massacre de Vassy (1562). Adversaire de Théodore de Bèze, mais aussi critique des défaillances internes de l’église, Ronsard s’engage dans la lutte polémique, où il souffrit maints pamphlets. Mal à l’aise peut-être dans ces rivalités sans fin, mais forcé malgré lui de prêter sa plume au parti du roi, le poète produit conjointement ces épîtres politiques en vers et des poèmes à la nouvelle Genèvre. Le «poète royal» entre en action et procure ici 14 discours très variés, tous marqués d’une forte rhétorique délibérative, et d’un mélange de tons, noble et familier. Ronsard tour à tour morigène, exhorte, déplore, conseille et flatte ses lecteurs multiples en s’adressant à leur conscience pour les inviter à agir, c’est-à-dire, pour le poète, à respecter l’ordre ancien. - Suivi de: Ronsard, Pierre de. Institution pour l’Adolescence du Roy tres chrestien Charles Neuvième de ce nom. A Paris, chez Gabriel Buon, 1564. Seuls 4 exemplaires recensés par J.P. Barbier. 6 feuillets signés A par 4 et B par 2. Il y a 26 vers à la page courante, 16 vers à la première page de texte et 14 vers à la dernière page (dans les trois éditions de 1563, on avait 18 vers à la première page, ce qui retranchait deux vers à la dernière page, les pages courantes restant les mêmes. Il y a une réclame au verso du feuillet 4. «A ma connaissance, c’est la seule édition datée de 1564. J’en ai recensé quatre exemplaires: à Harvard, à la Bibliothèque nationale, à la Bibliothèque de l'Institut, et celui-ci (Barbier 4, n°19)». (Jean-Paul Barbier). L’exemplaire Barbier, l’un des quatre connus, est lavé, en reliure moderne, hauteur 205 mm; le présent exemplaire non lavé, en reliure ancienne, mesure 214 mm. Les conseils prodigués par le poète au roi de onze ans qu'il aima tant et dont la mort prématurée le laissa plus tard inconsolable s'inspirent largement d'une épître latine que le futur chancelier Michel de l'Hospital avait adressée au frère de Charles IX, François II, en 1559 («De sacra Francisci II. Galliarum regis initiatione... »), et de la traduction de cette épître par Joachim du Bellay («Discours sur le sacre du treschrestien Roy Françoys II... »). Bien que cette pièce soit rangée parmi les discours politiques du Vendômois (et bien qu'on y trouve le conseil de punir les séditieux), les querelles suscitées par la religion n'y sont guère évoquées. L'Institution fut composée à l'époque du Colloque raté de Poissy, en automne 1561. S'inscrivant dans la tradition des conseils prodigués par Erasme au jeune Charles-Quint et par Budé à François Ier, démarquant parfois mot pour mot les déclarations et mises en garde proférées par le bon L'Hospital, l'Institution, composée «en moraliste, non pas en pamphlétaire » (R. Aulotte, in Renaissance Studies in Honor of I. Silver : 37), ne contient pas d'idées puissamment originales. Mais le ton vigoureux qui caractérisera les Discours de 1562-1563, le sens de l'harmonie, la vivacité et l'élévation d'esprit du poète éclatent déjà dans le premier vers, où sont résumés tous conseils donnés plus loin : « Sire, ce n'est pas tout que d'estre Roy de France,... ». - Suivi de: Ronsard, Pierre de. Elegie de P. de Ronsard Vandomois, sur les troubles d’Amboise, 1560. A. G. des Autels Gentilhomme Charrolois. A Paris, chez Gabriel Buon, au clos Bruneau à l’enseigne S. Claude, 1563. Unique exemplaire répertorié. 6 feuillets, signés A par 4.et B par 2. Unique édition et seul exemplaire répertorié contenant 28 vers à la page pleine. L’édition originale rarissime de 1562 contient 27 vers à la page pleine. «L’élégie sur les troubles d’Amboise a paru pour la première fois dans l’édition collective de 1560 (tome III, Cinquième Livre des Poèmes, du f. 215 verso au feuillet 219 verso). C’est le premier des discours politiques de Ronsard, dont on constate la modération extrême. On sait qu’en 1560 le poète avait recommandé de s’opposer au péril que représentait la Réforme. Cet ennemi qui se trouvait alors partout dans la population, ce séditieux qui avait tenté un coup de main contre le château d’Amboise où résidait la famille royale, il fallait «par livres l’assaillir, par livres luy respondre». En 1562, alors que la guerre civile menace, le Vendômois fait réimprimer son poème en plaquette. Et il persiste à recommander l'usage des livres pour seuls moyens de répression. J’ai découvert l'exemplaire apparemment unique de cette version à la Bibliothèque Publique et Universitaire de Genève (Barbier 4, n°1). Mais le 1er mars 1562, l’échauffourée de Vassy met le feu aux poudres. Saisissant ce prétexte, les chefs protestants, bouclent leur cuirasse et le poète modifie son conseil. Le rebelle mérite un autre traitement; il faut «par armes l’assaillir, par armes lui respondre». C'est le texte que l'on trouve ici. C'est celui que le seul Buon réimprimera durant la première guerre de religion. L’exemplaire Jean-Paul Barbier mesure 206 mm, celui-ci 214 mm. - Suivi de: Ronsard, Pierre de. Remonstrance au peuple de France. A Paris, chez Gabriel Buon, au clos Bruneau à l’enseigne S. Claude, 1564. 16 feuillets signés A à D par 4. Il y a 28 vers à la page courante, 24 vers au f (I) v°, et 8 vers au f. 16 v°. Il y a des réclames au dernier feuillet des cahiers A, B et C. Le début des strophes est décalé à droite. Seule édition recensée à la date de 1564 (voir Barbier 4, n° 57). Elle est semblable à l’édition dont j’ai fait la « quatrième famille » des éditions de 1563, à cette différence que le début des strophes est décalé à droite, et non à gauche. La « quatrième famille » de 1563 se caractérise par la suppression du cahier E, composé de deux feuillets, le texte commençant désormais au verso du titre, et le privilège étant repoussé au verso du feuillet 16, où il est casé après la fin du poème. Par ailleurs, on y observe la correction du vers où Ronsard reproche à Condé d'avoir envoyé son frère Antoine de Navarre à la mort (voir Notice N°37, deuxième vers du f. 15 v°, reproduit). Ici, on lit cette version banalisée (f. 14 v°, vers 22, reproduit ci-dessus à droite) : « Vostre frere avant l'age au sepuichre envoyé... ». L’exemplaire Jean-Paul Barbier, lavé, en reliure moderne, mesure 205 mm; celui-ci, non lavé en reliure ancienne, mesure 214 mm. - Suivi de: Ronsard, Pierre de. Responce de P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois, aux injures et calomnies, de ie ne sçay quels Predicans, & Ministres de Geneve. A Paris, Chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enseigne S. Claude. 1563. 26 feuillets signés a à f par 4 et g par 2. Il y a 28 vers à la page courante, 16 au feuillet 3 v°. Il n'y a pas de réclame à la fin des cahiers. « D'après mes recherches (Barbier : 145SS.), il existe trois familles (chacune comportant des états différents) d'éditions de cet ouvrage données en 1563 par Buon, éditeur officiel choisi par Ronsard. Cet exemplaire appartient à la troisième famille. Brièvement on peut résumer la situation ainsi : a) première famille Il n'y a pas de manchette en marge du feuillet 12 r°, et on trouve au vers 16 du feuillet 22 r° : « Et plus vous mesprisés... » (pour : « m'espuisés »). Le deuxième état a pour titre de départ au feuillet 2 r° «Epistre », au lieu de « Epistre au lecteur ». Enfin, le poème « In laudem Ronsardi » ne se trouve pas au verso du feuillet 26 dans le premier état. b) deuxième famille Le dernier mot de la deuxième ligne du transport du privilège, au verso du feuillet I, est coupé ainsi : « calom- », alors que l'on trouvera « calomnies » dans la troisième famille. De même au feuillet 2 r° le dernier mot est « t'imprimer » («une marque» dans la troisième famille). Enfin, au feuillet 25 r° la dixième ligne se termine par « seul-» (« seule -» dans la troisième famille). c) troisième famille (J'y ai englobé l'édition de 1564, malgré quelques minuscules différences avec la dernière édition de 1563). On y trouve les différences signalées ci-dessus (description de la deuxième famille) et d'autres variantes orthographiques ou textuelles comme : « Or ce Dieu tout puissant... » au lieu de « Or ce Dieu tout parfait... » au vers 7 du feuillet 10 r° dans les éditions des première et deuxième familles. On doit aussi signaler la présence dans le Bulletin de la Librairie Morgand (VIII, 1898-1899, n° 33269) d'un exemplaire portant la date de 1562. Comme la mort du duc de Guise, à laquelle Ronsard se réfère, survint en 1563, on peut douter de l'exactitude d'une telle indication. Ce poème est l'avant-dernière apostrophe de Ronsard aux protestants, la dernière étant 1'Epître qui ouvre le Recueil des Nouvelles Poésies. Il répond ici à trois «petits livres » qui ont été « segrettement composez deux moys au paravant par quelques ministreaux... et depuis... imprimez à Orleans contre moy ». Je décris plus loin mon exemplaire du pamphlet protestant, effectivement divisé en trois parties, dont la première était signée A. Zamariel (pseudonyme d'Antoine de la Roche-Chandieu, Zamariel signifiant « chant de Dieu » en hébreu), tandis que les deuxième et troisième étaient l'œuvre d'un certain B. de Mont-Dieu, dans lequel il faut certainement voir Bernard de Montméja « ia » signifiant également « Dieu » dans la langue hébraïque. Ajoutons que Chandieu et Montmejà, dont l'opuscule s'intitulait : Response aux calomnies contenues au Discours et Suyte du Discours sur les Miseres de ce temps… entendaient se venger des attaques lancées par Ronsard contre leurs coreligionnaires dans les Discours des Misères de ce temps. Ce qui est remarquable dans la Réponse décrite ici, c'est le ton de dignité adopté par le poète. Après un début sarcastique après avoir réfuté les accusations portées contre sa personne, il transporte le débat sur le plan de l'histoire de la littérature avec une hauteur extraordinaire mais sans aucune morgue […]. Voilà qui témoigne déjà d'une personnalité exceptionnelle. Mais que dire de la manière dont le maître se défend de l'accusation de lasciveté portée, non sans quelques motifs, contre lui ? Un autre se serait embrouillé dans de fumeuses dénégations, tentant d'expliquer que sa tonsure ne lui interdisait pas d'écrire des vers amoureux, qu'il n'avait pas été ordonné prêtre malgré ses cures et ses abbayes, etc. Au contraire, avec la plus parfaite aisance et cette fraîcheur de ton qui marque tant de sonnets dédiés à Marie, notre poète explique simplement comment se passe une de ses journées... C'est un récit exquis, trop long à reproduire ici, malheureusement, mais que je compte au nombre de mes vers préférés. Je n'en donne qu'un échantillon : « Jayme à faire l'amour, j'ayme à parler aux femmes, A mettre par escrit mes amoureuses flammes, J'ayme le bal, la dance, et les masques aussi, La musicque et le luth, ennemis du souci. Puis quand la nuit brunette a rangé les estoilles Encourtinant le ciel et la terre de voilles, Sans soucy je me couche, et là levant les yeux, Et la bouche et le cueur vers la voute des cieux, Je fais mon oraison, priant la bonté haute De vouloir pardonner doucement à ma faute ». (f. 13 v°). L’exemplaire J.P. Barbier mesure 189 mm de hauteur, le présent exemplaire, 214 mm. Précieux et remarquable volume dans lequel un amateur de littérature précieuse réunit vers 1740 cinq œuvres de Pierre de Ronsard imprimées en 1563 et 1564 qui étaient déjà à l’époque d’une insigne rareté et dont Jean-Paul Barbier qualifie certaines «d’unique exemplaire connu». L’exemplaire relié vers 1740 est à grandes marges – une œuvre dépasse de 25 mm celle de J.P. Barbier - et non lavé – (rares taches et traces d’anciennes mouillures; déchirure marginale sans manque de texte aux deux derniers feuillets de la cinquième œuvre.)
Les Amours de Ronsard, conservé dans sa reliure ancienne du XVIIe siècle. Paris, veuve Maurice de la Porte, 1553. In-8 de (8) ff. avec 3 portraits en buste : Ronsard, Cassandre et Muret, 262 pp. (mal ch. 282), (1) f. Plein veau brun granité, filet à froid autour des plats, dos à nerfs richement orné, mors supérieur restauré, pièce de titre en maroquin rouge, tranches jaspées rouges. Reliure française du XVIIe siècle. 156 x 96 mm.
Seconde édition originale de deuxième émission (sur trois) de l’œuvre majeure de Ronsard. C’est dans cette édition que paraît pour la première fois la fameuse Ode à Cassandre : « Mignonne, Allon Voir si la Rose », l’un des plus beaux poèmes de la littérature occidentale (page 266). J.P. Barbier, Ma bibliothèque poétique, II, pp. 36 à 41 ; Tchemerzine, V, 421; A. Péreire, Bibliographie des œuvres de Ronsard « Bulletin du Bibliophile », 1937, pp. 352-360. « Cette odelette ravissante et peut-être le plus célèbre des poèmes du Vendômois... Ronsard l'a placée à la fin de ces ‘Amours’, comme on place une pointe particulièrement réussie à la fin d’un sonnet. Le recueil entier se trouve rehaussé, d’être si merveilleusement clos. » J. P. Barbier. La première édition fut publiée l'année précédente, en 1552. Le recueil de 1552 comprend 183 sonnets, une « Chanson » et une « Amourette ». Il connut un grand succès et fut réédité sept mois plus tard, diminué de deux sonnets, augmenté de 39 autres inédits, d’une «Chanson» et de quatre odes, et accompagné d’un très riche commentaire que l’humaniste Marc-Antoine de Muret avait rédigé pour mettre l’érudition ronsardienne à la portée du lecteur. « Dans cette édition des «Amours», impr. en 1553 se trouve le sonnet que Mellin de Saint-Gelais adressa à Ronsard après leur réconciliation». (Brunet) « Cette deuxième édition des ‘Amours’ est précieuse, non seulement pour les sonnets et pièces inédits qu'elle contient, mais parce que parmi ces pièces se trouvent deux œuvres célèbres : le Voyage aux Iles Fortunées, et surtout l'Ode à Cassandre ‘Mignonne, allon voir si la rose... ‘. Et puis il y a le commentaire de Muret, inédit lui aussi, qui mettait d'un seul coup le poète de 29 ans au rang des auteurs classiques, puisque son œuvre méritait d'être abondamment expliquée aux lecteurs non avertis, que tant de nouveautés et de si savantes allusions mythologiques auraient pu dérouter ». Jean-Paul Barbier. Ce recueil a pour inspiratrice une femme réelle, Cassandre Salviati, fille d'un banquier florentin établi à Blois. Ronsard la rencontra à un bal de la cour en 1545. Elle se maria peu de temps après, échappant sans doute aux prises du poète. « Il ne faut pas lire ‘Les Amours’ comme une œuvre autobiographique, mais comme le journal d'une vie amoureuse rêvée. Cette œuvre appartient à la mode naissante des « canzoniere » pétrarquistes. C'est dire que le projet amoureux est élevé, ambitieux et quelquefois désespéré. Dans le prolongement de la tradition courtoise, l'amant considère la belle comme un être absolu, lieu de beauté de ravissement, lieu aussi d'une cruauté qui peut se manifester sans justification. Il se partage entre l'admiration, l'obéissance et le reproche. Une telle matière requiert un style « haut », riche en figures, dans lequel Ronsard se montre plus souvent grand poète qu'imitateur précieux. Les ‘Amours’ sont redevables aussi à la tradition du néoplatonisme finicien : l'amour est une des ‘fureurs’ qui permettent à l'âme de retrouver l'Un, son lieu d'origine ; dans la sérénité, la femme conduit l'amant à la Beauté. Mais, chez Ronsard, ces inspirations sublimées ne sont pas sans contrepartie. Violemment sensuel, l'amant de Cassandre est l'un des rares poètes pétrarquistes à revendiquer les droits de la chair. Il use ainsi de propos sans équivoque et d'images audacieuses. Définir ‘Les Amours’ de 1552-1553 comme abstraits, précieux et conventionnels, c'est ne les avoir lus qu'en surface. Ils révèlent au contraire un amoureux fou, pressé de rompre avec cette introversion qu'aimait le soupirant-transi : poésie sauvage sous un vêtement d'apparat. » L’édition originale de 1552 est fort rare et très difficile à trouver en condition d’époque. Aussi les amateurs se contentent-ils d'exemplaires en reliure moderne. La seconde originale de 1553 «en reliure ancienne», est, elle aussi, très difficile à trouver. Imprimée en caractères italiques pour les vers et en caractères romains pour la prose, cette élégante édition est ornée des beaux portraits gravés sur bois de Ronsard, Cassandre et Muret. « The woodcut portraits of Ronsard and Cassandre, with Greek verses by Baïf on the bottom, generally attributed to Jean Cousin, were in fact drawn by Nicolas Denisot (see the poem addressed to him by Ronsard on p. 210). They were already printed in the first edition of 1552 and are regarded as the first example of an effigy of a living poet portrayed cheek by jowl with his love ». Précieux exemplaire conserve dans sa reliure française du XVIIe siècle en veau brun granité.