1990 Isabelle Guyot Bibliophiles De Bretagne Couverture souple 1990 Les bibliophiles de bretagne/ Coop breizh , 1990.In8 broché, 221 pp. Dessins d' Isabelle Guyot.
Reference : M162700
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Brasparts, Editions Beltan, Les bibliophiles de Bretagne, 1990, gr. in-8°, 222 pp, dessins d'Isabelle Guyot, biblio, broché, couv. à rabats, C. de bibl., bon état
"Le livre d'Anne Guillou, qui est sa thèse de doctorat (elle enseigne aujourd'hui à l'Université de Brest), analyse la vie des femmes dans le milieu agricole du Pays de Léon (Finistère) dont, pour y être née, elle connaît intimement la population. Les exploitations agricoles y ont subi, depuis cinquante ans, d'importantes modifications structurelles : progrès rapide de la mécanisation, intensification de l'élevage bovin, création d'élevages industriels porcins et avicoles. La femme s'y taille un domaine qui recoupe celui de l'homme, mais ne coïncide pas entièrement avec lui, qu'il s'agisse d'élevage ou de culture des choux-fleurs, très importante dans cette région. Autre changement capital, la fin de la cohabitation avec les parents donne plus d'autonomie au jeune ménage et favorise la détente des rapports entre générations. L'agricultrice d'aujourd'hui met tous ses soins à aménager son intérieur, surtout quand elle a la possibilité de faire construire une maison, symbole de la rupture avec l'ordre ancien. Le rapport au corps et, à travers lui, à la vie sexuelle, à l'amour, au mariage et à la procréation, est un des domaines qui ont connu le plus grand bouleversement, lié, dans une large mesure, à une modification profonde des rapports avec la religion et avec le clergé, longtemps tout-puissant et très traditionaliste dans cette partie de la Bretagne. La Jeunesse agricole chrétienne a beaucoup fait, au lendemain de la guerre, pour ouvrir les esprits à une nouvelle conception du rôle et de la place de la femme en milieu rural. Les pages où Anne Guillou oppose les anciennes manières de voir et d'agir aux nouvelles attitudes sont parmi les mieux venues du livre. Au centre de la vie de l'agricultrice, sa collaboration au travail paysan. Elle y joue un rôle capital, mais qui varie beaucoup selon les exploitations. Tâches de production : s'occuper de la traite des vaches, nourrir les veaux et, quand il y a des choux-fleurs, aider à leur cueillette qui exige beaucoup de main-d'œuvre. Tâches de gestion : tenir la comptabilité, correspondre avec les banques, etc. Enfin, tâches de prévention : détecter à temps les maladies du bétail. Sans parler de la multitude de tâches annexes que le mari confie à sa femme : courses à faire en ville, coups de téléphone aux livreurs, etc. Tout cela est décrit et analysé avec le regard de l'ethnologue. On retrouve celui-ci, sa finesse et sa précision, dans les chapitres consacrés à la maison paysanne (le rôle de la cave, innovation dans ce pays, fait l'objet de pages savoureuses) et à la participation des femmes à la vie collective : affaires de la commune, des organisations professionnelles et vie mutualiste. Cette région a joué un rôle pilote en matière de syndicalisme agricole et de prise en main de leurs affaires par les paysans eux-mêmes. Ici encore les femmes, beaucoup plus instruites qu'autrefois, jouent un rôle discret, mais efficace. Le dernier chapitre, « Vieillir à la campagne », est un peu nostalgique : beaucoup de ces exploitations agricoles seront sans successeurs, car le processus de concentration des terres est irréversible. Les 185 exploitations recensées en 1982 se réduiront, dans une génération ou deux, à quelques dizaines, dont chacune dépassera cinquante hectares. Les jeunes ont tendance à émigrer vers des emplois urbains. Cette évolution ne peut que s'accentuer. La fin de la civilisation paysanne se marque par la disparition de l'« argent du beurre », qui, pendant des siècles, a procuré à la femme léonarde un pécule qu'elle gérait en toute autonomie. La production capitaliste introduit de nouvelles contraintes (calcul des rations, gestion des stocks de concentrés, etc.) dans le rapport entre les gens et les bêtes. L'homme tend à déposséder la femme de ses fonctions traditionnelles, mais la collaboration de celle-ci lui reste indispensable : seulement, elle est moins spécialisée, plus générale, plus cérébrale aussi qu'autrefois. Tandis que l'homme prend en charge tout l'aspect technique de la vie de l'exploitation, la femme assume le volet « social », à la gestion duquel elle est mieux préparée. Il en résulte certaines tensions, mais dans l'ensemble les couples d'agriculteurs léonards se sont remarquablement adaptés à la transformation radicale de la vie rurale constatée depuis quarante ans. Ce remarquable travail contribue à faire du Léon une des régions françaises les mieux analysées par la sociologie contemporaine." (Jean-René Tréanton, Revue française de sociologie, 1993)
Editions Beltan, 1990, format 235x155mm, broché, 219 pages, dessins d'Isabelle Guyot, bon état.
Fragments d'une thèse présenté par l'auteur en 1987 à l'université de Nantes.