‎TODOROV (Tzvetan).‎
‎La Conquête de l'Amérique. La question de l'autre.‎

‎ Seuil, 1982, in-8°, 279 pp, 16 illustrations, notice bibliographique, index, broché, couv. illustrée, bon état‎

Reference : 91622

‎"Le capitaine Alonzo Lopez de Avila s'était emparé pendant la guerre d'une jeune Indienne, une femme belle et gracieuse. Elle avait promis à son mari craignant qu'on ne le tuât à la guerre de n'appartenir à aucun autre que lui, et ainsi nulle persuasion ne put l'empêcher de quitter la vie plutôt que de se laisser flétrir par un autre homme ; c'est pourquoi on la livra aux chiens." (Diego de Landa, Relation des choses de Yucatan, 32). J'écris ce livre pour essayer de faire en sorte qu'on n'oublie pas ce récit, et mille autres pareils. A la question : comment se comporter à l'égard d'autrui ? je ne trouve pas moyen de répondre autrement qu'en racontant une histoire exemplaire, celle de la découverte et de la conquête de l'Amérique... (T. T.) — "Qui de plus radicalement autres, de plus lointains et de plus extérieurs, que les Indiens des Caraïbes et du Mexique pour les Espagnols du XVIe siècle ? Voici donc le lecteur invité à lire, à écouter aussi, en tout cas à se mettre à l'écoute de cette « histoire exemplaire » (p. 12). D'un côté, des textes écrits « à chaud » ou presque, des rapports, des témoignages d'époque sur ce que faisaient, disaient, croyaient faire, croyaient dire les conquistadors espagnols surtout, mais aussi Moctezuma ; de l'autre, une lecture « à froid », l'interprétation moderne et distanciée que donne Todorov en reprenant les textes anciens dans son commentaire. Un dialogue s'établit donc, de part en part de l'histoire du colonialisme, entre les premiers témoins et acteurs de son instauration, et un intellectuel témoin de son achèvement (du moins sous sa forme directe et classique). (...) Le livre de Todorov, écrit avec élégance et concision, est, à l'image de l'histoire qu'il raconte, exemplaire. Interpellant les textes anciens à la lumière d'une lecture minutieuse et profondément actuelle, c'est l'image miroitante de notre petite enfance anthropologique qui nous est renvoyée. Todorov pose de vraies questions, sinon la question même de l'anthropologie. Aucune pratique ethnologique ne peut l'ignorer, et il faut donc remercier Todorov d'orienter notre méditation." (Jean-Paul Dumont, revue L'Homme, 1983) ‎