‎PRIOLLAUD (Nicole)(textes réunis par).‎
‎La France colonisatrice. Textes réunis par Nicole Priollaud. Illustrations de Cham.‎

‎ Liana Levi, Sylvie Messinger, 1983, gr. in-8°, 254 pp, préface de Patrice de Beer, chronologie, biblio, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Les reporters de l'histoire)‎

Reference : 83288
ISBN : 9782867460050

‎Textes de Paul Arène, Maurice Barrès, Léon Bloy, Paul Bonnetain, Chateaubriand, Alphonse Daudet, Ernest Feydau, Anatole France, Eugène Fromentin, Théophile Gautier, Gobineau, Victor Hugo, Lamartine, Jules Lemaître, Pierre Loti, Maupassant, Pierre Mille, Péguy, Proudhon, Rimbaud, Séverine, Stendhal, Tocqueville, Jules Vallès, Louis Veuillot, Paul Vigné d'Octon. — "Les textes réunis dans cette anthologie sont fort bien choisis. C'est probablement parce qu'ils n'appartiennent que marginalement à la littérature journalistique que l'on prend du plaisir à les lire. D'une bonne tenue littéraire, ils n'ont en effet que peu de rapports avec la médiocrité habituelle des articles de presse consacrés à cette période du problème colonial. Ils sont pour la plupart – mais pas tous – fort critiques à l'endroit de la colonisation. Et pour la plupart aussi ignorent ou méprisent le colonisé. Quelques lignes auraient été les bienvenues pour situer ceux dont la renommée ne dépasse pas un cercle d'initiés, ainsi de Paul Bonnetain ou Vigne d'Octon qui se trouvent en fort bonne compagnie près de Chateaubriand, de Gobineau ou de Tocqueville ; il n'aurait pas été inutile de savoir comment ils s'étaient trouvés engagés personnellement dans la vie coloniale, autant que Loti ou Rimbaud..." (Paule Brasseur, Revue française d'histoire d'Outre-Mer, 1985) — "Tout avait été déjà dit sur la réalité coloniale, si l'on en juge par les textes et les témoignages que Nicole Priollaud a réunis dans “la France colonisatrice”, préfacé par Patrice de Beer. À la lecture de cette anthologie, on a le curieux sentiment d'avoir été joué, d'assister à un débat récent dont l'essentiel aurait été prononcé au siècle dernier. L'histoire n'aurait-elle que bégayé ? L'anthologie, en tout cas, révèle une large connivence entre gens de tous bords sur la nécessité coloniale. Le regard fixé sur l'Angleterre ou l'Allemagne, les uns estiment que l'expansion outre-mer est indispensable à la grandeur et à la gloire de la France, les autres, qu'elle apportera les bienfaits de la civilisation. Lamartine, en 1834 déjà, prévient ses contemporains qu'abandonner Alger "ce serait trahir la providence, qui nous a fait ses instruments dans la conquête la plus juste peut-être qu'une nation ait jamais accomplie ; ce serait mépriser le sang de ces braves que nous avons sacrifiés dans cet assaut donné à la barbarie..." Cinquante ans après, s'adressant à ceux qui dénigrent l'intervention en Indochine, Paul Bonnetain coupera court à toute interrogation : le caractère "inéluctable" de l'"expansion transocéanienne" est "scientifiquement démontré". La colonisation, surtout en Algérie, n'est pas toujours une partie de plaisir. Parce que Abd-el-Kader dame le pion aux troupes françaises, Stendhal, fidèle à lui-même, regrette ces "jeunes généraux de l'armée d'Italie". Tocqueville (1841), l'esprit plus diplomatique que jamais, déplore que toutes les alliances locales aient "amené la destruction ou la diminution de ceux qui mettaient en nous leur confiance". Comme on nous le répètera plus tard, Paris ne se préoccupe pas assez de ses colonies, laisse trop le colon agir à sa guise ; ce colon, dit Maupassant (1881), qui "ne voit dans l'Arabe que l'ennemi à qui il faut disputer la terre". C'était justement ce que préconisait Louis Veuillot à Guizot, en 1841, avec l'immigration d'Européens et l'installation de "villages défensifs et agricoles". Veuillot se propose de négocier avec des "catholiques suisses". Il importe, en effet, que "la croix ne s'élève pas en vain sur cette terre infidèle". Le spectacle que donne la population européenne d'Alger, "qui vit de la paie, du sang, et, il faut bien le dire, des débauches de l'armée", attriste l'âme de l'écrivain catholique..." (Le Monde, 27 jan. 1984) ‎