‎PIVEC-STELÈ (Melitta).‎
‎La vie économique des Provinces illyriennes, 1809-1813. Suivie d'une Bibliographie critique. (Thèse).‎

‎ P., Bossard, 1930, gr. in-8°, 363-lxxii pp, qqs tableaux, 3 cartes hors texte, tableau chronologique des décrets et arrêtés, tableau comparatif des monnaies, poids et mesures, biblio, index des noms de personnes, des noms géographiques, broché, bon état‎

Reference : 80590

‎Thèse principale pour le Doctorat ès Lettres présentée à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris. L'une des rares études disponibles en français sur les provinces illyriennes. Un ouvrage incontournable pour ceux qui s’intéressent à cet épisode peu connu de l’histoire de l’Europe du Sud-Est et de la geste napoléonienne. Les Provinces illyriennes (1809-1813) représente un cas exceptionnel d’organisation « coloniale » d’un territoire conquis par les armées de Napoléon. L’ouvrage de Melitta Pivec-Stele se concentre sur la vie économique de cet ensemble disparate, allant de la Carinthie jusqu’aux Bouches de Kotor. L’auteur aborde l’organisation des douanes, de la marine, mais aussi les relations très importantes avec l’Empire ottoman, notamment l’organisation de la poste française jusqu’à Istanbul. L’ouvrage est enrichi de cartes, de précieux tableaux et contient également une bibliographie critique quasiment exhaustive. — "C'est un travail très consciencieusement préparé que celui de Mme Melitta Pivec-Stelè sur les Provinces illyriennes et leur état économique de 1809 à 18131. Les sources sont très dispersées, ce qui accroît encore le mérite de l'auteur... Dans l'esprit de Napoléon, l'Illyrie était une création factice destinée à servir de base dans l'éventualité d'une nouvelle campagne contre l'Autriche, à couper celle-ci de la mer de manière à rendre le blocus effectif de ce côté et aussi à favoriser les ports italiens ; elle devait enfin mettre la France en contact direct avec l'empire ottoman, peut-être, comme on l'a dit, pour en permettre un jour l'invasion, mais surtout pour rétablir par voie de terre le trafic avec le Levant. Par ailleurs, l'empereur a entrepris d'organiser ce pays comme tous ceux qu'il occupait. D'une part, il faut qu'il se suffise et fasse les frais des forces militaires qu'il doit mettre à la disposition de la France. D'un autre côté, on y introduit en bloc, non seulement le régime administratif et les impôts français, mais le Code civil qui bouleverse tout l'état social par l'abolition de la dîme, des droits féodaux personnels, des corporations ; par l'égalité devant la loi, la liberté religieuse, la laïcisation de l'État. La noblesse, mécontente, émigre en partie ; le clergé, quoique habitué par le Joséphisme à l'intervention de l'État, se divise ; pour ne pas les pousser à bout, Napoléon se garde d'abolir les droits féodaux réels ; le paysan s'aperçoit bien vite que l'essentiel de ses charges subsiste et constate que le régime français, en augmentant les impôts, en ruinant le commerce et en exigeant des recrues, est bien loin d'améliorer son sort : il regrette les Autrichiens. Quant à faire appel au sentiment national yougoslave, il va de soi que l'idée n'en pouvait venir à Napoléon. A vrai dire il n'existait pas. Mais il est juste d'ajouter que les Français ont été les premiers à introduire le croate et le Slovène (comme aussi l'italien) dans l'enseignement primaire et que leur domination est à l'origine de la renaissance slave. L'Illyrie était un pays pauvre et arriéré, qui importait une bonne part de sa subsistance, exportait en retour du bois et le produit de ses mines, mais tirait ses principales ressources du transit autrichien et hongrois. L'occupation française bouleversa son économie..." (Georges Lefebvre, Annales d'histoire économique et sociale, 1933) ‎