Fayard, 1966, in-8°, 222 pp, traduit de l'anglais, présentation de Jacques Le Goff, broché, couv. à rabats, bon état (Coll. L'Histoire sans frontières)
Reference : 6266
"Les révoltes populaires : une tradition ? Ne nous croyons pas en présence d'une sociologie du romanesque et de l'aventure, ni d'une méditation à la Camus sur les hommes révoltés. L'ouvrage de E. J. Hobsbawm est un travail érudit en même temps qu'une synthèse, courageuse dans le sens où elle lutte contre l'inertie intellectuelle qui se refuse à voir les autres différents de soi-même et leur histoire différente de sa propre histoire. Paysans d'Andalousie, de Sicile, d'Ukraine, bandits viennois de 1792, menu peuple du faubourg Saint-Antoine, sectes dissidentes anglaises, bas-fonds napolitains, Bleus et Verts du Circus du Bas-Empire, le défilé pourra paraître au lecteur un peu cosmopolite. Les « révoltés primitifs » sont pour l'auteur tous ceux qui se dressent ou se sont dressés contre l'ordre social, sans en avoir compris le mécanisme, la règle du jeu, sans avoir découvert un langage politique et idéologique lucide. Beaucoup d'êtres plongés en une mentalité pré-cartésienne, pré-mécanicienne, médiévale, somme toute, se sont trouvés intégrés brutalement dans un monde moderne qu'ils ne pouvaient comprendre. Pour saisir leur difficile processus d'adaptation ou de non-adaptation sans le juger selon des critères trop rationalistes, l'auteur a dû effectuer une véritable mutation d'âme, avec les déplacements, les dépaysements que cela exige. Ainsi a-t-il pu déceler les confusions, les ambiguïtés, les déviations de ces révoltes élémentaires. Ambiguïté du banditisme d'abord. « Pour être champions de leur peuple, les bandits devront d'abord cesser d'être des bandits, c'est le paradoxe des modernes Robins des Bois. » On pense à ce que F. Braudel a écrit sur le banditisme « marée sociale qui soulève les eaux les plus diverses ». E. J. Hobsbawm constate que la mafia, elle aussi, est finalement beaucoup moins dressée contre le pouvoir, beaucoup moins un moyen de protection des faibles qu'un instrument d'ascension individuelle pour aspirants à la puissance et une association de « businessmen » locaux. Il montre que dans les jacqueries anarchistes d'Espagne et socialistes de Sicile, au siècle dernier, se mêlaient, en une onde un peu trouble, ardeur révolutionnaire, ferveur religieuse et humbles revendications concrètes. Quant au « mob », à la « populace » des villes pré-industrielles, il en dénonce, malgré de cycliques périodes de fureur, l'étrange symbiose avec les princes tandis qu'il voit, dans les sectes protestantes qui se développèrent en milieux prolétariens anglais, une remarquable école de cadres, sensibilisés aux problèmes ouvriers mais armés cependant d'une patience par trop éthérée. L'auteur constate que le goût de tels mouvements pour une mythologie, que le rituel compliqué des compagnonnages et des sociétés secrètes correspondaient à des types d'intelligence qui ne savaient pas encore dissocier la forme et le fond. Toutes ces turbulences furent donc finalement beaucoup moins efficaces que l'ultérieure action organisée des masses ouvrières, mais il faut insister sur leur intérêt humain, leur importance historique. Historiens et sociologues trouveront en ces pages denses de pénétrantes analyses des rapports sociaux et des psychologies collectives." (Renée Rochefort, Annales ESC) — Hors-la loi des Carpates ou de Sicile, mouvements millénaristes de paysans de Toscane ou de Sicile, organisations parallèles comme la Mafia, sectes ouvrières anglaises, sociétés secrètes comme les Carbonari ou les Blanquistes : ce livre parvient à montrer ce qui unifie ces diverses figures de la révolte, apparemment disparates. À l'aube de la société industrielle s'esquissent des formes de protestation qui se nourrissent de visions utopiques ou de radicalismes religieux qui mettent à mal les schémas classiques du progressisme politique. Ces révoltes sont celles de marginaux du système qui récusent le monde qui vient comme le monde qu'ils quittent, témoignant ainsi de l'obstination, qui n'a rien perdu de son actualité, avec laquelle des hommes et des femmes veulent inventer un autre avenir.
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Fayard Fayard 1963, In-8 broché. 222 pages. Cachet de bibliothéque. Bon état.
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