P., SEDES, 1990, gr. in-8°, 270 pp, texte dactylographié, 77 pages de documents et 17 tableaux statistiques, broché, annotations stylo en marges de 6 pages, bon état (Coll. Les cours de Sorbonne)
Reference : 28827
"Comme l'indique son sous-titre, le livre de J.-L. Van Regemorter se propose de retracer l'évolution économique de la Russie d'Alexandre II à Gorbačev. Cette synthèse très dense, de lecture parfois ardue, se veut délibérément iconoclaste. Le premier chapitre intitulé « Indications de méthodologie et de bibliographie » expose les présupposés de l'entreprise. L'auteur cherche à rétablir la continuité de l'histoire russe ; pour cela, il n'hésite pas à briser les cadres chronologiques traditionnels et à remettre en cause la coupure de la révolution : c'est ainsi que le chapitre VI (p. 57-73) traite la période 1914-1920 comme un tout. À maintes reprises, J.-L. Van Regemorter souligne les éléments de continuité entre la Russie tsariste et l'Union soviétique, qu'il s'agisse de la « contrainte budgétaire douce », de l'organisation des usines, du rôle de l'alcool dans le budget de l'État ou de l'obsession du retard russe. Pour écrire une histoire économique de la Russie, « il importe d'écarter au préalable les grilles idéologiques qui ont déformé la perception et l'analyse des faits chez les contemporains eux-mêmes, donnant naissance à des idées reçues qui sont passées ensuite sans critique dans l'historiographie courante » (p. 1). La vulgate, qu'elle soit libérale, léniniste ou autre, doit être passée au crible de la critique. Donnons quelques exemples de ces remises en cause qui aboutissent à une vision décapée de l'histoire : — Il n'est pas évident que la paysannerie ait connu une paupérisation croissante à la fin du XIXe siècle : il faut pour le moins nuancer l'accusation portée à l'époque contre Witte d'avoir financé l'industrialisation aux dépens de l'agriculture ; — En dépit des analyses léninistes, la concentration industrielle et la domination du capital financier ne constituent pas des symptômes indiscutables d'un capitalisme développé : il s'agit plutôt d'archaïsmes dissimulés sous des apparences de modernité, — contrairement à l'opinion répandue dans les classes supérieures et même dans la majorité de l'intelligentsia, en 1917 les classes inférieures « n'obéissaient pas uniquement à des instincts anarchiques ni à la haine de classe : leurs aspirations répondaient à un programme positif qui comportait essentiellement la garantie de l'emploi et la vie à bon marché, ces deux "promesses d'Octobre" qui sont demeurées jusqu'à nos jours une contrainte permanente pour le régime soviétique, contrainte moins visible mais plus astreignante que l'idéologie » (p. 62). Le chapitre X consacré au « système autoritaire et bureaucratique de commandement » est particulièrement neuf : il met à mal les clichés sur « l'économie de commandement » et la « société totalitaire » en montrant que dans la pratique les agents économiques gardaient une marge d'autonomie non négligeable. Même un mouvement aussi ouvertement manipulé par le pouvoir que le stakhanovisme a permis aux ouvriers de mener des contre-attaques masquées et de limiter la toute-puissante théorique des directeurs. L'ouvrage de J.-L. Van Regemorter comporte d'importantes annexes : 77 pages de documents et 17 tableaux statistiques. Les documents, inédits en français, proviennent aussi bien de recueils soviétiques que de publications de l'émigration. Certains constituent de véritables révélations : c'est le cas par exemple des textes émanant du mouvement ouvrier indépendant de 1918 (p. 195-198). Ce compte rendu serait incomplet si l'on ne signalait pas les qualités formelles du livre : aisance et clarté du style, sens de la formule frappante. Ajoutons-y une discrète note d'humour qui ne gâte rien en ces matières austères. Le travail de J.-L. Van Regemorter vient à son heure : il était temps de faire le point des recherches récentes. Il comble une lacune de l'historiographie française dans un domaine dominé jusqu'alors par les Anglo-Saxons." (Jean-Paul Depretto, Revue des études slaves, 1992)
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