Casterman, 1977, gr. in-8°, 222 pp, 2 cartes et 2 croquis, 3 annexes, biblio (5 pp), index, broché, couv. illustrée à rabats, bon état, prière d'insérer joint
Reference : 28474
"L'auteur, Léon Papeleux, est connu parmi les historiens. Son livre examine un des aspects de l'activité de l'amiral Canaris : son rôle d'intermédiaire entre deux dictateurs. Franco et Hitler. Canaris est un personnage mystérieux, énigmatique, insaisissable et l'étude présente le prouve une fois de plus. Interné au Chili après la bataille des îles Falkland (1914), il s'évade et rejoint l'Allemagne. En novembre 1915, il est envoyé en Espagne pour veiller au ravitaillement clandestin des sous-marins allemands. Il y reste jusqu'en octobre 1916. Son rapport sur la situation en Espagne est fort apprécié. Ce document inédit est publié in extenso par l'auteur. Dans l'entre-deux-guerre. Canaris joue un grand rôle dans le réarmement clandestin de la Kriegsmarine en Espagne. Sont notamment mis au point un nouveau type de sous-marin et un nouveau type de torpille. Lorsque le 23 juillet 1936, Hitler décide d'intervenir en Espagne en faveur de Franco, Canaris est chef de l'Abwehr (service d'espionnage allemand) et, grâce à sa connaissance de l'Espagne et de la langue espagnole, il devient l'indispensable intermédiaire entre les insurgés et les autorités allemandes. Canaris, encouragé par son anticommunisme, aide Franco autant qu'il le peut et acquiert l'amitié du Caudillo. En octobre 1938, Canaris est envoyé en mission en Espagne et appuie auprès d'Hitler la demande de Franco de fourniture d'armes et de munitions. Le 1er avril 1939 la guerre civile se termine par la victoire de Franco, mais l'Espagne est épuisée. Hitler voudrait que Franco prenne le parti des Puissances de l'Axe mais Franco se dérobe, arguant le marasme économique de l'Espagne. Après la victoire allemande à l'ouest, il croit pourtant le moment venu, et, en juin 1940, propose d'entrer dans la guerre aux côtés du IIIe Reich, mais ses prétentions sont exhorbitantes : en plus d'une aide économique et militaire très importante. Franco réclame Tanger, le Maroc, l'Oranie. Hitler qui veut ménager le régime de Vichy, ne promet rien, aussi Franco ne bouge pas. Il va inaugurer son habile politique de neutralité, ne s'engageant jamais à fond, cédant à Hitler sur des questions secondaires pour préserver l'essentiel. Hitler envisage la prise de Gibraltar et en juillet 1940, Canaris est envoyé en Espagne pour sonder Franco et préparer un plan d'attaque de la forteresse. Canaris se met au travail avec ardeur. Le 12 novembre, l'opération contre Gibraltar revient à l'ordre du jour et reçoit le mot-code « Félix ». Fin décembre, Canaris est à nouveau en Espagne pour obtenir de Franco le choix d'une date fixe pour la pénétration des troupes allemandes en Espagne, mais Franco se dérobe à nouveau. L'opération Félix n'aura pas lieu. Il semble bien qu'à cette occasion Canaris a déconseillé à Franco d'entrer dans la guerre. Fin décembre 1942, Hitler envoie de nouveau Canaris en Espagne pour demander à Franco si son pays se défendra en cas de débarquement des Alliés. La réponse est que l'Espagne se battra contre toute puissance qui violerait ses frontières. Ici aussi Canaris conseille à Franco de rester en dehors de la guerre et déclare à Hitler que l'Espagne ne serait d'aucun secours pour le IIIe Reich. Cependant les relations se détériorent entre l'Espagne et l'Allemagne et, fin 1943, Franco rappelle la légion Condor qui combattait au front de l'est et demande le retrait des agents allemands installés en Espagne. Au début de 1944, Canaris se voit même interdire le franchissement de la frontière espagnole. Le rôle de Canaris en Espagne est terminé. L'auteur parle également de l'opération Mincemeat (« L'homme qui n'existait pas »). Il s'agit d'un soi-disant capitaine Martin dont le cadavre échoua sur une plage espagnole et qui portait des documents indiquant que les prochains débarquements auraient lieu en Sardaigne et dans le Péloponnèse, l'attaque contre la Sicile n'étant qu'une diversion. Franco communique ces renseignements à Hitler parce qu'ils prouvent que l'Espagne n'est pas menacée. Il craint en effet une attaque préventive de la part des Allemands. Hitler a cru à l'authenticité des documents parce qu'ils renforçaient ses propres intuitions. Canaris lui y a-t-il cru ? Papeleux donne les témoignages contradictoires sur cette question sans prendre fermement position. En tous cas, il n'a pas contredit Hitler. L'importance de cet incident est d'ailleurs mince car les Alliés étaient si forts qu'ils devaient de toutes façons réussir leur débarquement en Sicile. En annexe l'auteur donne de larges extraits des plans inédits établis par Canaris pour l'attaque de la forteresse de Gibraltar. Cette attaque aurait probablement réussi car, comme à Singapour, la plupart des canons anglais étaient orientés vers le front de mer. On peut conclure avec l'auteur que le rôle de Canaris en Espagne fut très important, bien qu'il subsiste des zones d'ombre, et non dépourvu de contradiction. En effet, tandis qu'il fait de l'Espagne un bastion de l'Abwehr et travaille minutieusement à mettre au point le plan d'attaque de Gibraltar, au plus haut niveau Canaris rend impossible la réalisation de ce plan en encourageant Franco à résister aux pressions d'Hitler. Ce sabotage du sabotage pratiqué par Canaris et son adjoint Oster devait mal finir. En effet Canaris fut arrêté au début de 1944 et fut exécuté fin avril 1945." (Georges Hautecler, Revue belge de philologie et d'histoire, 1979)
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