P., Fayard/Editions de Minuit, 1983, fort in-8°, 585 pp, notes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
Reference : 19611
ISBN : 9782213012667
"Il s'agit, pour l'essentiel, de la thèse soutenue par l'auteur à la Sorbonne le 16 avril 1983, thèse dans laquelle elle s'est efforcée d'analyser les productions des intellectuels membres ou « compagnons de route » du Parti Communiste français, qui s'étaient mis « au service de la classe ouvrière » ; elle a voulu comprendre et expliquer comment ces intellectuels ont accompli les tâches que leur fixait la direction du parti : trouver des arguments, créer des œuvres justifiant ou exaltant la ligne politique et les mots d'ordre du parti français – ou du parti soviétique – en cette période de guerre froide. Jeannine Verdès-Leroux a raison de distinguer plusieurs catégories dans l'intelligentsia communiste : 1) les « grands intellectuels », intellectuels autonomes, qui ont pu ainsi « sauvegarder une certaine autonomie au niveau de leur production » ; 2) les « intellectuels-de-parti », opposés aux premiers « dans des luttes souvent âpres, attisées et arbitrées par la direction » et qui « recevaient leur position, leur pouvoir, leurs privilèges uniquement du parti » ; elle fait un sort à la génération issue de la Résistance, qui subit une rupture dans ses études et fut sollicitée par le parti pour devenir des « permanents », spécialement dans la presse. Ces « intellectuels prolétaroïdes » (selon l'expression de Max Weber) ont été souvent des agents d'exécution de la direction. « Cette intelligentsia ne s'est pas contentée d'être alignée sur tous les aspects de politique générale ; elle a été massivement « jdanovienne » en matière culturelle, par ignorance, par inexpérience. Elle a donné une direction typique à la période, par l'étendue de son fanatisme, intervenant dans tous les domaines alors que les intellectuels autonomes gardaient des zones de quant-à-soi, faisaient des restrictions mentales et exprimaient leurs réserves par leurs silences » ; 3) l'auteur y associe « l'intelligentsia autodidacte des couches négativement privilégiées » (Max Weber), en clair les militants d'origine ouvrière, paysanne ou petite bourgeoise sur lesquels elle porte cette appréciation : « A ces permanents privés de capital scolaire et de capital culturel, le parti apportait, à travers ses écoles, non des connaissances, mais une saisie unitaire du monde social, une nouvelle façon de se conduire et de se percevoir dans ce monde et tout un ensemble de croyances et de certitudes. Après une sélection dont ils ignoraient les critères, ils recevaient des responsabilités, inespérées à leurs yeux, qui les remplissaient d'émerveillement. Ces positions étaient toujours plus valorisantes que ce qu'ils s'attendaient à vivre mais il convient de noter que l'étroitesse de leur connaissance du monde extérieur les conduisait à surestimer grandement la fonction de permanent ». Jeannine Verdès-Leroux décrit assez bien la mise en condition de ces intellectuels qui « étaient entrés au parti communiste pour faire l'Histoire ». Ils participaient aux combats de la classe ouvrière mais non pas à l'élaboration de la politique du parti (privilège réservé au groupe dirigeant). La plupart, accaparés par les tâches pratiques, la multiplicité des réunions, n'avaient pas le temps de réfléchir, de se documenter sérieusement ailleurs que dans les publications du parti, de se former une opinion personnelle ; il faut dire que même au niveau du Comité central, des élus et permanents la sous-information, voire la désinformation était la règle. Les intellectuels, comme les autres, avaient foi dans les dirigeants et avaient tendance à accepter et à défendre leurs analyses politiques puis, par entraînement progressif, leurs opinions sur les sujets les plus divers – sauf dans leur discipline, là où ils se sentaient compétents. Les nécessités de la lutte et « l'esprit de parti » faisaient le reste..." (Robert Brécy, Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1985) — "Contre le lieu-commun qu'entretiennent aussi bien la direction du parti communiste que les "ex", ce livre établit d'abord que l'essentiel des intellectuels dont les oeuvres dominèrent l'après-guerre n'étaient pas communistes. Quelques grandes figures, Picasso ou Joliot-Curie, que la direction met sans cesse en avant, avaient déjà construit leur oeuvre en première personne. Quant à la production que la direction a encouragée, celle des intellectuels-de-parti, par exemple la peinture et le roman réalistes-socialistes, elle ne put jamais s'imposer en dehors des cercles du parti en raison de son caractère de propagande. Cet "art" satisfaisait trop bien à la recommandation de Jdanov : "l'art doit être tendancieux". Plus qu'à la caution apportée par quelques "grands" intellectuels, et plus qu'à leurs silences, on s'est attaché à analyser ici les productions "artistiques" et "scientifiques" des intellectuels-de-parti et les conditions de cette production. Les caractéristiques, les dispositions et la trajectoire de ces intellectuels les rattachent à cette intelligentsia paria dont Max Weber a montré le rôle dans les Eglises. Renonçant à l'autonomie propre aux intellectuels professionnels pour se mettre "au service de la classe ouvrière", ils se transforment en rhéteurs, prêts à toutes les "tâches" que leur désigne la direction du parti : "théoriser" l'existence d'une science prolétarienne opposée à la science bourgeoise, ou approuver l'arrestation des "Blouses blanches", médecins accusés par Staline de comploter l'assassinat de dirigeants soviétiques. Pour rendre intelligibles des oeuvres et des conduites que Sartre se contenta de qualifier de monstrueuses, il a fallu accomplir un va-et-vient entre les productions de l'époque et ceux qui les ont produites ou les ont contrôlées. L'enquête, menée au long de cinq années, s'appuyant sur une mémoire involontaire des acteurs, a permis d'aller bien au-delà de ce que les écrits, utilisant la mémoire volontaire, prétendent imposer et, plus encore, au-delà de la façade monolithique présentée alors par le parti communiste." (J. V.-L.)
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