P., Gaultier-Laguionie (maison Anselin), 1840, in-8°, xxxi-300 pp, broché, couv. papier bleu muette d'attente de l'époque, les 2 derniers feuillets lég. salis en marge, bon état
Reference : 125927
Cet hommage à Napoléon a longtemps été attribué à Joseph Bonaparte (et réédité sous son nom ! Par exemple : "Napoléon, poème historique en dix chants, par Joseph Bonaparte, frère aîné de l'Empereur ; précédé d'une notice sur l'enfance et la jeunesse du héros, suivi des Cendres de Napoléon, et de quelques autres poésies sur son exil et sur sa mort ; par Th. Villenave fils". Paris, A. Gardembas, 1840, in-8°, 240 pp). Il est en réalité l'œuvre de Hubert-Louis Lorquet, professeur à l'île Maurice qui le publia anonymement en 1822. — Dans le mois d'octobre de 1840, peu de mois après la réimpression de ce poème, parut dans l'Estafette, un article qui fut reproduit, en septembre 1841, dans le Cernéen, journal anglais-français qui parait à l'île Maurice. Cet article contenant l'historique de la publication de ce poème et de ses réimpressions, nous le reproduisons ici : « Le Roi couvert des dépouilles du poète. – Ce ne sont pas ordinairement des dépouilles poétiques qu'ambitionnent les rois, et on leur voit voler plus habituellement des provinces que des vers : il est vrai qu'il s'agit, dans le cas actuel, non d'un roi régnant, mais d'un ex-roi, et à. défaut d'autre couronne, celle du poète peut, à la rigueur consoler des grandeurs déchues. Cet ex-roi n'est autre que Joseph Bonaparte, qui fut successivement roi de Naples, et de toutes les Espagnes. Nous dirons toutefois, pour la justification du roi, de l'empereur, du comte, ou tout simplement de M. Joseph Bonaparte, qu'il n'a jamais dit lui-même qu'il fût l'auteur et le propriétaire des vers en question, mais seulement qu’il l’a laissé dire, et cela pendant assez longtemps, pour qu'il y eût en sa faveur prescription ; les vers sont intitulés : « Napoléon, poëme historique en dix chants ». Il vient d'en paraître une nouvelle édition, et voici quelques extraits de la préface qu'y a jointe M. Th. Villenave, fils : « Napoléon, poëme en dix chants, par un de ses frères ! Voilà un livre appelé à un grand succès, à un long retentissement. Ce poëme a paru en 1823, à Philadelphie, sous le voile de l’anonyme ; mais il est généralement attribué « au prince .Joseph, ancien roi de Naples et d Espagne, frère aîné de l’empereur, et aujourd'hui comte de Survilliers. Ce prince, instruit à l'école du malheur, cultive loin de la terre de France, dans les pénibles loisirs de l’exil, les lettres et la poésie, ces deux grandes consolatrices dans les vicissitudes humaines ». Le poëme de Napoléon est à peu près inconnu en France ; quelques personnes en possèdent un exemplaire, qu'elles gardent précieusement. L'une d'elles, M Roosmalen, habile professeur de diction, reçut autrefois, de Philadelphie, ce poëme sous le couvert du général Bernard, alors fixé en Amérique et lié avec le prince. Cet ouvrage fut envoyé comme un souvenir précieux d'amitié, et comme étant l’œuvre du comte de Survilliers. L’exemplaire, que j'ai entre les mains, est venu aussi de Philadelphie, et a été envoyé à un de mes amis, au nom de l'ancien roi d'Espagne. Ce poëme, traduit en vers italiens, par Petroni, a paru à Londres en 1834, 2 vol. in-8°, avec le texte français en regard. D'autres indices, d'autres informations, d’autres faits, viennent corroborer encore cette opinion accréditée, et le doute n’est plus permis. Le poëme est sans signature ; mais tout autre que l'ex-roi Joseph l'aurait signé. Il renferme trop de beautés pour que son illustre auteur demeure plus longtemps ignoré ; il est temps de soulever le voile qui le couvre, et de rendre à César ce qui appartient à César ». C’est précisément ce que nous allons faire. L'auteur réel du poëme est l'ami intime d'un de nos compatriotes, capitaine de port, à Brest, et depuis longtemps il nous l'avait fait connaître. Voici quelques détails sur cet auteur : M. Lorquet, qui a l'honneur de voir depuis vingt ans, son œuvre attribuée à une plume royale, et qui, croyons-nous, se serait assez volontiers privé de cet honneur. Lorquet (Hubert-Louis) est né le 19 décembre 1768, en Argonne. Après avoir fait ses études à l’Université de Reims, il vit arriver la Révolution, et loin de chercher à se produire au milieu des factions à travers lesquelles la médiocrité même, pour peu qu'elle fût audacieuse, pouvait si aisément se faire jour à cette époque, il se tint à l'écart et dans une obscurité profonde jusqu'à la fin du règne de la Terreur. Il fut alors nommé par le département de l’Yonne, élève de la première Ecole Normale établie à Paris après la mort de Robespierre. Il fut ensuite maître de pension pendant huit ans, à Gien, département du Loiret. C'est de là qu'il partit, pendant la courte paix d'Amiens, pour l'Ile-de-France, où il arriva en février 1803, et où il a toujours résidé depuis. Admis peu de temps après son débarquement comme professeur de latin au Collège colonial, qui prit successivement les noms d'Ecole centrale et de Lycée sous les Français, il fut continué dans les mêmes fonctions au Collège Royal, sous les Anglais. Il y composa son ouvrage et le publia à Maurice, presque aussitôt qu'on y eut appris la mort du héros. Il le donna sous le voile de l'anonyme et sous les rubriques de Philadelphie, G. Tell, parce que la censure a toujours existé à Maurice, et qu'il n'avait pu obtenir la permission de faire imprimer sur les lieux. Le poëme parut, et il faut rendre aux Anglais la justice de dire qu'ils ne semblaient nullement disposés à rechercher ni à inquiéter l'auteur, quoiqu’ils le connussent parfaitement, car le manuscrit avait couru partout avant l'impression, et il s'était ouvert une souscription qui avait été rapidement couverte de nombreuses signatures, parmi lesquelles se trouvaient celles de toutes les personnes les plus notables de la colonie, et même beaucoup de signatures anglaises. Pendant plusieurs jours, l'autorité demeura muette, et l'on pourrait dire bienveillante ; mais les passions étant alors dans toute leur violence, l'auteur fut dénoncé à la commission d'instruction publique. Le président de la commission, le colonel Barry, à qui la dénonciation fut d'abord remise, la garda plusieurs jours avant de la communiquer à ses collègues réunis. La commission fut convoquée, la pièce fut mise sous ses yeux, et l'auteur mandé devant elle. Dès la première question, il avoua franchement la vérité, et déclara même que, s’il avait gardé l'anonyme, c'était bien moins par crainte personnelle, que par déférence et ménagement pour quelques personnes d'une circonspection trop timide, qui craignaient de voir tomber sur le collège la désapprobation du gouvernement anglais. La commission fit son rapport au gouverneur, M. Farquhar, homme doux et ami des lettres, mais qui, tremblant de se compromettre auprès de la Métropole, en ne sévissant pas, sacrifia l'auteur à sa propre tranquillité, et le renvoya du collège. Il y eut même une enquête judiciaire, à l'effet de constater si l'ouvrage avait été imprimé à Maurice, ce qui exposait les imprimeurs et l'auteur à payer 500 piastres d’amende ; mais, grâce au juge d'instruction, M. C, qui trouvait cette persécution aussi injuste que ridicule, l’enquête n’eut aucune suite, et l'auteur ne fut pas même obligé de comparaître. La mesure de rigueur prise contre lui, loin d'obtenir l'approbation du public, le mit tout entier dans ses intérêts, et le triomphe du dénonciateur fut accompagné d'une si cruelle amertume, que le dénoncé se crut trop vengé d'un homme qu'il jugeait plus faible que méchant, et chercha lui-même à adoucir la sévérité de l'opinion. On lui témoigna par suite, et à plusieurs reprises, le désir de le revoir au collège, où il peut dire sans forfanterie qu'il était aimé et estimé, mais il ne voulut pas y rentrer. Un exemplaire du poëme, peu de temps après sa publication, fut envoyé par M, Bickam, consul américain, au prince Joseph, qui en fit faire une belle édition, à Philadelphie, chez Palmer. Dès que l'auteur en eut connaissance, il adressa par le conseil de ses amis, et de M. Bickam lui-même, une dédicace au prince, avec des corrections et additions à faire à l'ouvrage. Cet envoi fut répété plusieurs fois et toujours sans succès. Le poëme fut ensuite réimprimé deux fois à Bruxelles, chez Demat, puis à Paris, à Londres, etc. (et récemment encore avec une excellente traduction en vers italiens), sans que jamais l'auteur, malgré ses efforts réitérés, ait pu parvenir jusqu’à présent à se faire reconnaître. Aujourd'hui enfin, cette propriété qui est constatée par les journaux de l'époque et par des documents aussi certains qu'on peut le désirer, va cesser d'être attribuée à l'usurpateur poétique qui, si longtemps, a indûment gardé sur sa tête la couronne d'un autre. M. G.... a menacé le dernier éditeur de le poursuivre au nom de M. Lorquet, et il vient d'écrire à M. J. Bonaparte, pour l'inviter à une loyale et solennelle restitution en faveur du propriétaire légitime. Ce long et royal quiproquo touche donc à sa fin. Un journal de Brest, L’Armoricain, du 20 janvier, contient la lettre suivante du secrétaire de M. le Comte de Survilliers : "Lutterworth, 5 janvier 1841. Monsieur, M. le Comte de Survilliers a reçu votre lettre du 3 octobre 1840. Il me charge de vous répondre qu'il a eu connaissance du poëme en dix chants. Napoléon, par M. Lorquet, dont vous faites mention ; mais que jamais il n'a eu l'intention ni même l'idée de se faire passer pour l'auteur de cet ouvrage. Ayant déjà, en plusieurs occasions, démenti cette assertion, il apprend avec regret qu'on persiste à lui en attribuer une nouvelle édition au détriment de l'auteur ; il désire, comme vous, Monsieur, que cette erreur soit rectifiée, et, à cet effet, vous pouvez au besoin cous servir de cette lettre. J'ai l'honneur, etc .. L. Maillard, Secrétaire de M. le Comte de Survilliers". » (Quérard, surpercheries littéraires dévoilées, Tome I, A-D, p. 141-144) (Davois, Bibliographie napoléonienne française jusqu'en 1908, tome I, A-E, p. 99-101, 1909)
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