‎BOUASSE (Henri).‎
‎Bachot et bachotage. Etude sur l'enseignement en France.‎

‎ P., Lethielleux, s.d. (1910), in-12, 296 pp, broché, bon état‎

Reference : 120602

‎"Henri Bouasse.(1866-1953) fut un physicien, auteur de manuels réputés avant-guerre ; il était aussi savoureux et prolixe pamphlétaire. Il manifesta toujours une vocation pour l’enseignement, d'où son engagement dans les projets de réforme de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur, pour l’ouverture des facultés des sciences aux sciences appliquées." (Robert Locqueneux, “Bouasse et l’esprit taupin”) — "A lire quelques pages de ce livre, on pourrait croire qu'il a été composé, dans un moment de mauvaise humeur, par un candidat malheureux ; mais, sur la couverture même, nous lisons, en gros caractères, que l'auteur est ou a été membre des plus importants jurys d'examen. A qui en veut-il donc ? Tout simplement à l'enseignement tel qu'il est donné par l'Université. Et cet universitaire, démolisseur de l'Université, n'est point un clérical (il prend la précaution de nous en avertir) ; c'est tout simplement un homme intelligent qui se plaint que l'on détonne le cerveau des jeunes Français. Dans sa première partie, l'auteur veut démontrer que le baccalauréat est la plus vaine, la plus sotte, la plus immorale, la plus écœurante des loteries connues. Ce sont ses propres expressions. Dans la seconde partie, M. Bouasse tend à prouver que le baccalauréat est un examen stupide dans son esprit et dans ses programmes ; il ne prend nullement au sérieux la prétendue « culture générale » que l'Université déclare donner aux malheureux candidats de 16 à 17 ans, obligés d'emmagasiner dans leur mémoire des centaines de phrases toutes faites sur chacune des questions du programme. On pourra ne pas admettre toutes les idées de l'auteur, mais il est impossible qu'un professeur intelligent, et qui n'est pas hypnotisé par la crainte de l'Administration, n'apprenne pas dans ce livre, surtout dans la seconde partie, à mieux comprendre la mentalité de ses élèves, à ouvrir leur intelligence, en un mot, à remplir sa grande et très difficile fonction. Les faits qu'il apporte pour appuyer sa démonstration irriteront beaucoup de professeurs de faculté ou de lycée, des inspecteurs, même généraux, des recteurs, qui sait ? des députés et des ministres. L'auteur n'en a cure ; il va son train, disant des vérités parfois énormes, tapant comme un sourd, ne reculant pas devant le mot cru, alors même qu'il serait un peu gros. Ce livre aura un grand retentissement et ne passera inaperçu dans aucun camp ; l'auteur a fait tout ce qu'il fallait pour se faire lire malgré tout, et il sera lu. Bien entendu ce n'est pas un livre à mettre entre les mains des jeunes sous sa forme actuelle." (L'Express du Midi, 9 juillet 1910) — "À de nombreuses reprises, Bouasse s'est élevé contre les programmes encyclopédiques où chaque sujet n'étant qu'effleuré ne laisse aucune trace dans l'esprit de l'élève. Ainsi, en 1910, dans “Bachot et bachotage”, Bouasse s'attaque-t-il vigoureusement à l'encyclopédisme de l'ensemble des programmes de 1902 : il critique ces inspecteurs généraux pour qui « l'enseignement scientifique consiste à donner des clartés de tout [...] Ils n'ont pas compris que les faits qui ne se rattachent à rien, qui se promènent à la dérive d'un discours, ne sont pas des faits scientifiques, mais... des manières de phrases ! » Et, il s'y attache à mettre en évidence les défauts inhérents à la surcharge des programmes dans les sciences physiques et naturelles. Parce qu'il est convaincu que la science ne vaut que par le détail et qu'elle n'a d'intérêt que par nos efforts pour la construire, Bouasse pense que l'histoire des sciences, elle aussi, ne mérite pas une heure de peine si elle ne nous apprend pas à raisonner..." (Robert Locqueneux, “L'intérêt de l'histoire de la physique pour la formation des physiciens selon Henri Bouasse”, 2005) ‎