‎HAFFNER (Léon).‎
‎Cent ans de marine de guerre (1830-1930).‎

‎ Payot, 1931, in-8°, 332 pp, préface du vice-amiral Amet, illustré de 325 dessins de l'auteur, broché, reliure demi-toile verte, dos lisse avec titres dorés (rel. de l'époque), bon état (Coll. Bibliothèque historique)‎

Reference : 115789

‎Par Léon Haffner (1881-1972), peintre officiel de la marine. — "M. Haffner a condensé l'histoire du matériel de la marine militaire depuis un siècle (vapeurs, cuirassés, croiseurs, torpilles et torpilleurs, mines, sous-marins, avions) en trois cents pages bourrées de faits et de chiffres, nullement fastidieuses, en dépit de leur technicité, tant il écrit avec verve. En outre, des croquis remarquablement dépouillés, plus parlants que des photographies, le dispensent en éclairant son texte de multiplier les détails et les tableaux numériques rebutants. Cependant, la lecture de son livre demande une attention soutenue ; car l'évolution des bâtiments de guerre, loin d'être poursuivie avec régularité, présente une confusion extrême. Spécialement celle des cuirassés, compromis toujours détruits et rétablis entre des exigences techniques plus ou moins conciliables (la navigabilité, l'armement, la protection), entre les conceptions théoriques - parfois doctrinaires - de l'architecture navale et les leçons de la bataille, entre une mégalomanie dont peu de nations ont été exemptes et la nécessité d'une politique d'économies. Que les qualités nautiques ne puissent être subordonnées sans danger à la puissance offensive, le chavirement du Captain, disparu en quelques secondes dans un coup de vent le 6 septembre 1871, l'illustre dramatiquement. La bataille de Yalou, qui révéla les effets foudroyants de l'artillerie à tir rapide sur les parties non cuirassées d'un bâtiment (la moitié au moins de leur surface visible), démontra qu'on avait passé les bornes en sacrifiant leur protection depuis une quinzaine d'années à l'épaississement de la ceinture de flottaison et du blindage des tourelles. On citerait dix de ces exemples. Les pages consacrées par M. Haffner à la rencontre de Lissa contiennent un des plus curieux : pendant trente ans, l'architecture et la tactique navales vécurent de la conviction que l'éperon avait détrôné l'artillerie ; deux accidents qui n'avaient aucune raison de se reproduire (l'incapacité des canonniers italiens, la destruction du Re d'Italia par abordage) avaient été pris pour la sanction même de l'expérience ! Le livre de M. Haffner n'est donc pas seulement un répertoire des types de navires, où l'on est à peu près assuré de trouver tout renseignement utile ; il présente des suggestions fort intéressantes sur les conditions d'établissement et d'entretien de la puissance maritime. On regrettera peut-être que ces suggestions ne soient pas plus nombreuses : l'évolution du matériel naval est inséparable de celle des sciences appliquées et de l'industrie, inséparable aussi de la politique : budgets, approvisionnement en matières premières, compétitions internationales. La construction des premiers cuirassés de haute mer américains vers 1895 s'explique par la naissance de l'impérialisme des États-Unis. Ne pas se cantonner dans la technique, c'est rendre la technique elle-même plus intelligible." (A. Reussner, Revue Historique, 1932) ‎