‎BEDEL (Maurice).‎
‎L'Amour camarade.‎

‎ Flammarion, 1931, in-12, 122 pp, broché, bon état. Edition originale, un des 220 ex. numérotés sur papier alfa‎

Reference : 112244

‎"C'est merveille et c'est délices de voir l'exquis romancier disserter sur la matière la plus riche et la plus subtile, sur ce délicat « impondérable » qu'est le coeur de la jeune fille devenue la jeune femme d'aujourd'hui. Il le fait avec un tact –qui n'exclut aucune audace – avec une douceur et une tendresse, dirait-on de frère aîné. Lisez l'Amour camarade et vous comprendrez à quel point un joli sujet peut inspirer un des plus subtils parmi les psychologues d'aujourd'hui. Voilà une réussite d'un ordre tout à fait supérieur !" (Le Figaro, 17 août 1931) — "Nous venons de lire un livre fort spirituel de M. Maurice Bedel, l'Amour camarade, où ce voyageur ami des jeunes filles s'est courageusement ingénié à déterminer quelques traits les plus divertissants de la sensibilité contemporaine, qui, dit-on, fait si peu de place à l'amour. Pauvre amour, qui en tenait une si grande dans l'existence de nos pères et la littérature d'il y a trente ans ! C'est en effet un grand sujet d'étonnement, pour les anciens lecteurs de la célèbre Physiologie de Paul Bourget, que voir ce qu'il est devenu, apparemment, du moins, pour les jeunes classes, qui ont substitué si gaillardement au romanesque d'autrefois ce singulier esprit de camaraderie entre les sexes, dont le goût abusif des sports serait, assure-t-on, la cause. On éprouve quelque scrupule à s'aventurer ici sur un terrain à ce point glissant et délicat. Mais enfin, le présent esprit féminin, si ardent à réclamer sa liberté et si jaloux d'égalité, n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans ce nouvel état de choses qui ne peut tourner finalement qu'au préjudice de la femme ? Elle y perdra plus qu'elle n'y gagne. Est-il bien vrai, d'ailleurs, qu'on n'aime plus ? Et la nature humaine est-elle si esclave des variations de la mode que l'instinct qui régit l'espèce en soit à son tour étouffé ? Que l'amour-luxe, plaisir des oisifs d'avant-guerre et principale occupation d'une partie de cette société qui n'avait qu'à goûter la douceur de vivre, soit en voie de disparition dans ce temps pressé, c'est possible. Mais le véritable amour est une autre chose, sur quoi le snobisme ne saurait avoir prise. Aussi bien, les caractères de modernité cynique et insensible que M. Maurice Bedel prête ironiquement à la jeune fille d'aujourd'hui ne nous semblent pas d'une généralité décisive, et nous craignons un peu, pour la validité de son amusante et narquoise enquête, qu'il n'ait eu en vue que quelques snobinettes qui croient naïvement être de leur temps, parce qu'elles trouvent « formidable » ce qui était seulement « épatant » aux yeux de leurs mères, connaissent l'existence du docteur Freud, appellent M. Cocteau par son prénom, prennent la facilité pour la liberté, et s'imaginent vivre, parce qu'elles souhaitent de vivre vite. On les attend au mariage, quil fait tomber les illusions. On serait curieux d'avoir sur ce point l'opinion de femmes vraiment femmes, comme il y en a beaucoup dans ce pays, qui ne se piquent pas d'être modernes et se contentent d'être humaines. Mais comme elles ne vivent pas pour la galerie, c'est rarement de celles-là que les enquêtes font état. La sagesse est toujours cachée et n'aime pas parler de soi." (E. H., Le Temps, 21 septembre 1931) ‎