Paris, Roberto A. Corrêa, 1930. In-8°, 95p. Broché, couverture rempliée.
Reference : 16533
Edition numérotée 1/600 exemplaires sur vélin du Marais. Couverture jaunie marginalement, sinon bel exemplaire.
Le Cabinet d'Amateur
M. Marc Mettler
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Paris, Guillaume de Luyne, Claude Barbin, Pierre Tribouillet, 1663, 1665 et 1666. In-12, plein veau brun granité, armoiries dorées au centre des plats, dos à nerfs orné, infimes restaurations, coupes décorées, tranches rouges. Reliure armoriée de l’époque. 140 x 82 mm.
« Après le succès des représentations de Molière, suivi de l’écoulement rapide dans le public des pièces imprimées séparément, il fallait s’attendre à ce qu’on vît publier, avec ou sans l’autorisation de l’auteur, un recueil général de ses comédies. Deux moyens s’offraient aux éditeurs. Le premier, le plus rationnel, était de constituer une édition collective autorisée ou non par Molière, édition à pagination continue, avec un faux-titre pour chaque pièce et un titre général pour l’ensemble. Au contraire, le deuxième procédé, beaucoup plus simple consistait à relier ensemble les pièces déjà imprimées et de faire précéder ou non le tout d’un titre général portant soit au verso, soit sur un feuillet séparé la liste des comédies contenues dans l’ouvrage. Bien entendu, il ne s’agissait plus dans ce cas de pagination suivie. Les pièces existaient déjà à leurs dates propres dans le recueil avec le nom de leurs imprimeurs » (A. J. Guibert. Molière CNRS - Premiers essais d’éditions collectives). Furent réunies et reliées à l’époque les cinq pièces suivantes : I- L’Escole des maris, Comédie, de I.-B. P. Molière représentée sur le Théâtre du Palais Royal. Paris, chez Guillaume de Luyne, 1663. In-12 de (5) ff. (frontispice, titre, épître, personnages), 65 pp. et (3) pp., (2) ff. bl. Seconde édition originale, reproduisant l’édition originale de 1661. Paul Lacroix la signale également sous la date de 1664 ; elle a été partagée entre les libraires concessionnaires du privilège de 1661. De toute rareté complète des deux derniers feuillets blancs en reliure armoriée de l’époque. II- Les Fascheux, Comédie de I.-B. P. Molière, représentée sur le Théâtre du Palais Royal. Paris, [Guillaume de Luyne], 1663. In-12 de 82 pp., (1) p., (1) p.bl. Rarissime édition grenobloise imprimée l’année d’après l’originale. III- L’Escole des femmes, Comédie. Par I.-B. P. Molière. Paris, Claude Barbin, 1665. In-12 de (6) ff. y compris une figure et 95 pp. Seconde édition, qui reproduit exactement l’édition originale. L’édition est ornée du précieux frontispice gravé par François Chauveau qui représente le plus ancien portrait de Molière. Elle peut être qualifiée de « seconde édition originale ». De toute rareté en reliure armoriée du temps. IV- La Critique de l’Escole des femmes, Comédie. Par I.-B. P. Molière. Paris, chez Claude Barbin, 1663. In-12 de (5) ff. (titre, épître, privilège et personnage), 117 pp. et (1) f.bl. Edition originale. Le privilège est daté du 10 juin 1663 et l’achevé d’imprimer du 7 août 1663. L’édition a été partagée entre Claude Barbin, Charles de Sercy, Thomas Joly, Guill. De Luyne, Louis Billaine, Et. Loyson, Jean Guignard et Gabriel Guinet. De toute rareté complète du dernier feuillet blanc conservé dans sa reliure armoriée de l’époque. V- L’Amour médecin. Comédie. Par I.-B. P. Molière. Paris, chez Pierre Trabouillet, 1666. Avec Privilège du Roy. In-12 de (6) ff. dont 1 frontispice gravé et 95 pp., la dernière chiffrée par erreur 59. Edition originale. Le privilège est daté du 30 décembre 1665 et l’achevé d’imprimer du 15 janvier 1666. L’édition a été partagée entre Pierre Trabouillet, Nicolas le Gras et Th. Girard. Ce type de recueil en reliure armoriée de l’époque est de la plus insigne rareté dans les bibliothèques de grands classiques du XVIIe siècle. La plupart des éditions originales ou rares des pièces de Molière ont été reliées par les grands maîtres du XIXe siècle. De très rares exemplaires en main privée sont à ce jour conservés dans leur reliure de l’époque non armoriée : vélin, veau ou maroquin. Ainsi Jacques Guérin possédait-il un seul exemplaire factice des Œuvres de Molière de 1673 relié en 8 volumes in-12, maroquin rouge non armorié de l’époque avec 7 pièces en édition originale, vendu 2 100 000 FF (320 000 €) il y a près de 30 ans, enchère considérable à l’époque. (Référence : Bibl. J. Guérin. Livres exceptionnels, Paris 29 novembre 1988, n° 23). Le présent exemplaire est l’un des seuls connu conservé dans sa reliure armoriée de l’époque attribuée à une demoiselle Cauchon dont la famille comptait au XVIIe siècle une abbesse.
Exceptionnel exemplaire contenant 3 corrections manuscrites de l’époque aux pages 9, 57 et 176 avec adjonction de mots, le bequet de la page 45 et le premier état avec les deux fautes « donner le lustre » et « amplète » à la 6è et 18è ligne au verso du feuillet Oii. Paris, Claude Barbin, 1668. Avec Privilège du Roy.In-4 de (28) ff., 284 pp. et (1) f. pour l’Épilogue et le Privilège (daté du 6 juin 1667 avec la cession de Barbin à Thierry pour la moitié), suivi de Achevé d’imprimer pour la première fois le 31 mars 1668.Plein veau havane granité, dos à nerfs orné, coupes décorées, tranches jaspées, coiffes et coins anciennement restaurés. Reliure strictement de l’époque.243 x 177 mm.
« Premier état de l’édition originale des Fables de La Fontaine, l’un des livres les plus célèbres d’Occident, donnée par La Fontaine lui‑même, contenant les six premiers livres. Elle est rare et fort recherchée. » (A. Claudin, Bibliographie des Éditions Originales, n° 164).Tchemerzine, III, pp. 865-866 ; Brunet, III, p. 750 ; En Français dans le texte, n°105.« Edition originale des six premiers livres des Fables » (Tchemerzine, III, 866).L’exemplaire de M. A. Rochebilière (vendu en 1882) possédait un carton du feuillet oii, verso, de la vie d’Esope. Le feuillet original porte à la 6è ligne « donner le lustre » et à la 18è « amplete », cas du présent exemplaire.Cette édition originale est riche de 124 Fables parmi lesquelles « Le Chêne et le roseau », « Le Corbeau et le Renard », « La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », « Le Laboureur et ses enfants », « Le Lièvre et la Tortue », « Le Loup et l’Agneau », « Le Lion et le Rat », « Le Meunier, son fils et l’Ane », « La Mort et le bûcheron », « Les Deux Mulets », « L’œil du Maître », « Le Pot de terre et le pot de fer », « Le Renard et la cigogne », « Le Renard et les raisins »...Elle avait été composée pour le Dauphin, fils de Louis XIV (dont les armes ornent la page de titre). Le fabuliste s’y montre fidèle à l’esprit de ses modèles, Ésope et Phèdre, qu’il se contente d’égayer par des traits nouveaux ou familiers, mais Les Fables de 1668 marquent une date capitale dans l’histoire du genre, ..., dès l’Antiquité, l’apologue était passé de la prose grecque... aux vers latins, ..., il appartient à La Fontaine de l’avoir annexé véritablement à la poésie... (En français dans le texte, n° 105).L’édition est illustrée de 118 eaux-fortes, signées François Chauveau, et de bandeaux, lettrines et culs-de-lampe gravés sur bois.Les gravures sont placées en tête des fables, encadrées d’un double filet et signées F. C. (François Chauveau) ; l’édition contient en outre quelques frises et quelques culs de lampe.La publication de la seconde série des Contes de La Fontaine en 1666, avait causé un grand scandale et Louis XIV qui n’aimait pas l’ami de Fouquet lui avait fait faire des observations par Colbert.La Fontaine comprit la nécessité de s’assagir et, le 31 mars 1668, fit paraître la première édition des Fables. L’œuvre eut un succès foudroyant et La Fontaine fut, dès ce moment, considéré comme l’Ésope français.« Cette belle édition originale, imprimée avec soin, est illustrée de petites gravures à mi-pages, signées F. C. (François Chauveau). Les fins de page sont ornées de culs-de-lampe typographiques dont quelques-uns sont d’un beau style. Les armoiries qu’on voit sur le titre sont celles du Grand Dauphin auquel le recueil est dédié. On y trouve les six premiers livres comprenant 124 fables qui paraissent ici pour la première fois, puis l’Épilogue ». (J. Le Petit, Bibliographie des principales Editions originales, p. 234.)La rareté des exemplaires de tout premier état conservés dans leur reliure de l’époque est légendaire.Jules Le Petit, dans sa bibliographie, ne mentionne que des exemplaires reliés au XIXe siècle : « Prix : Vente Solar (1860), bel ex. mar. r. par Trautz-Bauzonnet. 575 fr. – Vente du baron J. Pichon (1869), mar. r. par Trautz, I,360 fr. - Répertoire Morgand et Fatout (1878), ex. grand de marges (0,244 miliim.), mar r. par Trautz, 3400 fr. - Vente de Béhague (1880), mar. r. par Trautz, ex. de la vente Pichon, 2 700 fr. - Vente Guy-Pellion (1882), mar. r. doublé de mar. bl. par Trautz 3, 600 fr. - Vente J. Renard (1881), mar r. par Capé, I,400 Fr - Vente du Comte Roger du Nord (1884), très bel ex. (hauteur 0,247 millim.), mar. citron, par Trautz, I,700 fr ».Brunet (supplément VII, 747) ne mentionne aucun exemplaire en reliure ancienne.Tous sont reliés au XIXe siècle : « en mar. de Trautz, 855 fr. Double ; cet exempl. qui n'était pas des plus beaux, avait été payé 380 fr. ; en mar. de Duru, 495 fr. Chedeau ; en mar. de Trautz, fort beau, 1,360 fr. baron Pichon, revendu 2 050 fr. Benzon ; enfin, en mar. doublé de Trautz, un exempl. de toute beauté, est porté à 2, 800 fr. au catal. Morgand et Fatout ».Quant à Tchemerzine, il ne cite qu’un seul exemplaire relié en veau ancien, celui de Daulnoy vendu au prix considérable de 24 000 Fr. de l’époque.Les rares exemplaires connus en maroquin sont en reliure du XVIIIe, c'est-à-dire postérieurs d’au moins deux générations : celui de la comtesse de Verrue (aujourd'hui perdu) qui commença sa collection à son retour en France en 1700 (1670-1736 ; maroquin rouge, ancienne collection Alexandrine de Rothschild, Répertoire des biens spoliés, section « Livres », p. 400, n° 7715) et celui du comte de Toulouse également en maroquin rouge (1678-1737 ; localisation inconnue). Les deux exemplaires en veau à provenance attestées sont également reliés au XVIIIe siècle : celui du comte d'Hoym qui constitua sa collection entre 1717 et 1735 et mourut en 1737 (veau fauve, vente Hayoit, Sotheby's Paris, 28 juin 2001, n° 47, acquis par le commerce ; dos remonté et très restauré) et le second exemplaire de la comtesse de Verrue pour sa résidence de Meudon (Bibliothèque nationale ; reliure en veau très restaurée), catalogue de la vente Pierre Berès.Citons quelques-uns des exemplaires répertoriés en véritable reliure de l’époque :- en veau brun aux armes du Chancelier Séguier (cf. Brunet ; localisation et état inconnus).- en veau brun, bibliothèque privée. - l’exemplaire Rochebilière de second état mesurait 225 mm de hauteur (n°164).- en 2007, un exemplaire de second état en vélin ancien, mesurant 232 mm de hauteur, avec seulement deux corrections manuscrites de l’époque aux pages 57 et 176, était vendu 195 000 €.- en 2010, un exemplaire de second état en veau identique à celui-ci mais avec une seule correction manuscrite page 176, était vendu 230 000 €.- quant à l’exemplaire Pierre Berès de second état, en vélin du temps, avec une seule correction, il était adjugé 325 000 € le 20 juin 2006, il y a 13 ans.Exceptionnel exemplaire de premier état, à grandes marges (hauteur : 243 mm), conservé dans sa reliure de l’époque, possédant 3 corrections manuscrites de l’époque aux pages 9, 57 et 176, le béquet imprimé collé à la 18e ligne de la page 45 pour corriger le mot Tracas par le mot Fatras et les deux fautes aux lignes 6 et 18 au verso du feuillet Oii : « donner le lustre » et « amplète », caractéristique de premier état.Provenance : Marquis d’Houdetot et vicomte de Miribel (1824-1878).
Exceptionnel exemplaire de l’édition originale relié en maroquin de l’époque armorié, condition absolument rarissime pour cette œuvre précoce de Voltaire. Genève [Rouen], Jean Mokpap [Viret], 1723. In-8 de viii pp., 231 pp., (1) f. bl, enrichi du portrait de Voltaire peint par La Toure. Plein maroquin olive, triple filet doré autour des plats, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs finement orné, roulette intérieure, coupes décorées, tranches dorées sur marbrures. Reliure en maroquin armorié de l’époque. 184 x 113 mm.
Exceptionnel exemplaire de l’édition originale relié en maroquin de l’époque armorié, condition absolument rarissime pour cette œuvre précoce de Voltaire. Les originales de Voltaire en maroquin armorié valent jusqu’à dix fois le prix des exemplaires reliés en veau de l’époque. Rare édition originale imprimée secrètement à Rouen par le libraire Viret, Voltaire s’étant vu refuser la permission de l’imprimer en France. Poème en neuf chants écrits en alexandrins, La Ligue est une composition mêlant savamment événements réels et fictions puisées dans l’univers du merveilleux. Le sujet central du poème est le siège de Paris par Henri de Navarre, futur Henri IV. Voltaire trace le portrait d’un souverain idéal, ennemi de tous les fanatismes. L’œuvre, remaniée par l’auteur, paraîtra en 1728 sous le titre de La Henriade. (Bengesco, I, 360 ; L’œuvre imprimée de Voltaire à la Bibliothèque Nationale, 1669). «L’œuvre garde aujourd’hui encore de 1’importance par les sentiments profonds de tolérance religieuse et civile qui l’animent. Henri, ce héros de prédilection de la France, personnifie aussi le type de souverain éclairé qu’attendaient les gens cultivés de cette époque et dont le ‘Siècle des Lumières’ fixera définitivement les caractéristiques.» En 1584, la mort de l’héritier du trône François duc d’Alençon, et l’acceptation comme héritier par le roi de son plus proche parent en ligne masculine, le roi Henri iv, protestant, alimentent les tensions entre protestants et catholiques. Henri de Guise prend la tête d’une nouvelle Ligue. La Ligue déclare vouloir rétablir la religion unique et soustraire le roi à l’emprise de ses favoris. Ce n’est pas un hasard si Voltaire rédige La Ligue en 1723 alors que le régent, le Duc d’Orléans, vient de mourir. A son arrivée au pouvoir Louis XV poursuit la législation antiprotestante de Louisxiv. Voltaire voulut dédicacer son ouvrage au jeune Louis XV mais ce dernier refusa et la censure exigea des suppressions au texte auxquelles l’auteur ne consentit. Voltaire va alors décider de le faire imprimer secrètement à Rouen. C’est donc dans un climat d’hostilité aux protestants que paraît cette ode à Henri iv roi protestant et hymne à la tolérance, véritable satire contre le pape Clément xi qui va attiser la haine des catholiques. Précieux et rarissime exemplaire relié en maroquin olive de l’époque aux armes de Machault d’Arnouville (1667-1750). Louis-Charles de Machault, seigneur d’Arnouville, fils de Jean-Baptiste, conseiller au Parlement de Paris, et de Madeleine-Catherine de Villemontée, né le 13 juillet 1667, devint conseiller au Grand Conseil le 17 janvier 1691, maître des requêtes le 1er mars 1694 et intendant et conseiller du conseil de commerce ; il fut pourvu de la charge de lieutenant général de police de la ville de Paris le 28janvier 1718, à la suite de d’Argenson ; ayant résigné cette fonction le 5 janvier 1720, il fut nommé conseiller d’État la même année, chef du conseil de la duchesse d'Orléans et premier président du Grand Conseil en 1740. Il mourut à Paris le 10 mai 1750. Il avait épousé Françoise‑Élisabeth Milon le 19 février 1709. (Olivier-Hermal, pl. 2153).
Précieux catalogue regroupant 66 planches d’ameublement dont 54 coloriées à la main à l’époque. Paris, E. Maincent, 1855-1866. In-folio oblong regroupant 66 planches à pleine page dont 54 en couleurs, qq. rousseurs. Demi-veau brun à coins, plat de percaline vert bouteille, étiquette sur le plat supérieur portant la mention manuscrite « Salon Louis XVI », usures. Reliure de l’époque. 263 x 347 mm.
Rare et superbe recueil de lithographies consacrées à l’ameublement parisien du milieu du XIXe siècle. Désiré Guilmard (1810-1885) est un géomètre, dessinateur spécialisé dans l’ornement et l’ameublement et fondateur du journal d’ameublement ‘Le Garde-meuble ancien et moderne’. « De la vie, de la carrière et des aspirations de Désiré Guilmard, nous ne connaissons aujourd'hui presque rien. Aucune information sur son enfance et sur sa formation ne nous est parvenue. On sait juste qu'il est né à Boulogne-sur-Mer le 29 mai 1810 de l'union de Jean Jacques Guilmard, marchand âgé de 34 ans, et de Louise Dorothée Millen. Ce n'est qu'en 1838 qu'on trouve trace de son activité. Une modeste signature, « D. Guilmard », est apposée à cette date sur un plan général de la ville de Château-Thierry et de ses faubourgs, conservé aux archives municipales. Le bottin commercial de 1839 (Annuaire général du commerce, 1839) le révèle géomètre de profession, domicilié à Paris, 23 rue d'Hauteville, dans le cinquième arrondissement. Le voilà donc Parisien d'adoption et jeune ingénieur-géomètre de vingt-neuf ans. Cette activité n'était probablement pas suffisamment à son goût, car au mois d'août de la même année 1839 paraît l'annonce de la création d'une publication périodique d'ameublement, Le Garde-meuble ancien et moderne, éditée par Guilmard à son adresse rue d'Hauteville (Bibliographie de la France, Paris, Pillet, 24 août 1839). Le Garde-meuble propose six livraisons annuelles de neuf planches lithographiées divisées en trois catégories : sièges, meubles et tentures de différents styles (Renaissance, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI...) offrant parfois des vues de chambres et des aménagements intérieurs. Le périodique paraît tous les deux mois jusqu'en 1935, bien après le décès de Guilmard, que l'on situe à Paris vers 1885. Faisant référence au Garde-meuble royal qui fut réorganisé au XVIIe siècle, la publication a pour ambition d'aborder l'ameublement à la fois ancien et moderne. Guilmard est-il familier des travaux des menuisiers et des ébénistes ? A-t-il été formé dans ce domaine ? Toujours est-il qu'il dessine avec une grande précision une cinquantaine de planches par an, lithographiées par des artistes divers et destinées aux artisans, aux menuisiers, aux ébénistes et aux amateurs. Les premières lithographies du Garde-meuble ne nous sont pas connues ; ce n'est qu'à partir de la septième livraison datée du 5 octobre 1839 qu'elles sont enregistrées au dépôt légal. Les différentes éditions porteront successivement l'adresse de la rue d'Hauteville puis du corps de logis sis à l'angle des rues de Lancry et de Bondy, où Guilmard, désormais recensé comme dessinateur pour fabriques, est locataire du troisième étage (Archives de Paris, D1 P4 609). Pendant plus de quarante années d'activité, Guilmard dessine plusieurs milliers de planches éditées sous différents titres de publications. Dans la lignée du Garde-meuble ancien et moderne paraissent dans les années 1840 Le Garde-meuble riche, Le Garde-meuble simple, Le Petit Garde-meuble et L'Ameublement et l'utile avec lequel il fusionne par la suite. Le Garde-meuble riche propose une collection de sièges et de tentures dans le style Renaissance, Louis XV, Louis XVI, etc. destinés aux ameublements des palais, châteaux et riches hôtels, dans des épreuves disponibles en noir et blanc ou en couleurs. Le Garde-meuble simple reproduit des sièges et meubles, « ce qui se fait de plus simple dans la fabrication parisienne et spécialement par les nombreux fabricants du faubourg Saint-Antoine ». L'intérêt que Guilmard porte aux techniques de la gravure et de la lithographie n'est pas celui d'un praticien : l'estampe, qui est depuis la Renaissance le vecteur principal de la diffusion des œuvres d'art, connaît au XIXe siècle un profond bouleversement avec l'invention de la lithographie. Guilmard exploite au maximum ce procédé peu coûteux qu'il ne pratiquera jamais personnellement, faisant appel à des artistes lithographes qui collaborent à plusieurs de ses projets. Les planches du Garde-meuble et de ses publications connexes sont l'un des exemples majeurs de l'utilisation de la lithographie dans le domaine de l'ameublement. Toutefois, Guilmard ne s'intéresse pas à la valeur strictement artistique des lithographies de ses recueils, il cherche avant tout à diffuser les modèles d'ameublement de son époque avec la plus grande fidélité possible, offrant à l'amateur comme au professionnel un immense catalogue illustré de la production contemporaine. Si ses écrits sont peu nombreux, ses recherches sur l'ornement et sa connaissance des structures, des motifs et des styles du mobilier français sont considérables. Guilmard est un éditeur avisé et un dessinateur industrieux, toutefois peu enclin à l'écriture. Les planches d'ameublement éditées par Guilmard correspondent au goût de l'époque, mais elles illustrent aussi le manque de renouvellement de la création française en matière d'art décoratif, fort diminuée face à la concurrence étrangère de l'Angleterre et l'Allemagne. Guilmard n'a pas exécuté de meubles, mais il a contribué, par le biais de milliers de dessins, à une diffusion extraordinaire du style mobilier français. En témoigne la collection de plus de quatre cents pièces de planches lithographiées issues de ses différents recueils conservée à la Smithonian Institution Library du Cooper-Hewitt National Design Museum de New York, numérisée et mise à disposition de l'amateur sur Internet ». (Olivia Tolède, docteur en histoire de l'art). Le présent recueil comporte 66 planches à pleine page d’ameublement dessinées par Guilmard et lithographiés par Destouches et Midart, à savoir 13 de meubles, 14 de tentures, 27 de sièges et 12 issues du Garde-meuble simple. Parmi ces 66 lithographies 54 ont été mises en couleurs à la main l’époque dans des teintes particulièrement vives. Elles représentent des canapés, fauteuils, chaises, ottomanes, tentures, tables de salons, écrans, consoles et glaces, guéridons, jardinières, grands meubles d’appui, intérieurs de salons, etc. dans le style Louis XVI, traduisant le goût de l'époque. Précieux et rare catalogue illustré de la production mobilière française au milieu du XIXe siècle.
Précieux exemplaire à grandes marges conservé dans sa belle reliure de l’époque. Strasbourg, Josias Rihel, 1572. In-folio de (20) ff., 369 ff., (17) ff. Qq. rousseurs et brunissures, qq. mouillures marginales, dernier f. déchiré sans manque. Peau de truie estampée à froid, trois frises d’encadrement sur les plats, attaches conservées. Reliure estampée à froid de l’époque. 319 x 204 mm.
Précieuse et fort rare édition imprimée et coloriée à la main à Strasbourg en 1572 du célèbre herbier de Bock orné des centaines de gravures sur bois bien connues de David Kandel : marque d’imprimeur sur le feuillet de titre, portrait de l’auteur et plus de 500 gravures dans le texte entièrement rehaussées de couleurs à l’époque. Le premier herbier méthodique du XVIe siècle. VD 16, B 6021 ; IA 120.597 ; Heilmann 193 ; Muller III, 519,137 ; Nissen, BBI 182 ; Stafleu/C. 575 ; STC 130 ; Pritzel 866, Jourdan, Biog. médicale, F. Ritter, Repr. bibliog. des livres imprimés en Alsace au xviè siècle, 1934, 219 ; Arber, Herbals, 1938, 59 et 221. Pasteur Luthérien, Jérôme Tragus, dit Bock (1498-1554), pratiquait également les fonctions de médecin et d’apothicaire. Exilé à Sarrebruck, à la suite des troubles religieux, il devint médecin à la cour du Comte de Nassau. Bock figure au premier rang des restaurateurs de la botanique au XVIe siècle. Ses études des plantes résultaient d’observations effectuées sur le vif, dans la nature, au cours de fréquentes excursions dans les Ardennes, les Vosges, le Jura, les Alpes Suisses et les bords du Rhin. « Bock est le second des fondateurs germaniques de la Botanique... Ses descriptions de fleurs étaient remarquablement claires… il prenait en considération des éléments que ses prédécesseurs avaient complètement ignorés. Il reconnaissait la corolle, les étamines et les pistils comme parties essentielles de beaucoup de fleurs et il est probablement le 1er botaniste du XVIe, siècle à avoir compris la nécessité d’une classification. » Hunt. « Ce fut lui qui, le premier introduisit dans la botanique une certaine méthode dont on ne trouve encore aucune trace ni dans Brunfel ni dans Fuchs. » (Jourdan, Biographie médicale.) Le « New Kreutter Buch », grand ouvrage de Jérôme Bock, vit le jour à Strasbourg en 1539. Loué pour ses admirables descriptions, il ne comportait cependant aucune illustration. Toute la partie iconographique du recueil fut confiée au peintre de fleurs David Kandel qui conçut et exécuta ainsi plus de 500 dessins de botanique, gravés sur bois dans l’ouvrage, certains avec monogramme de l’artiste. La plupart de ces planches, parues en 1546, étaient originales ; quelques-unes étaient inspirées de Brunfels et Fuchs. La 4ème partie posthume de l’ouvrage, d’un remarquable intérêt documentaire par son panorama des métiers du temps, ne fut adjointe au recueil que dans l’édition de 1556. Belle édition gothique strasbourgeoise ornée de plus de 500 gravures sur bois, dont la richesse iconographique manifeste est magnifiée dans l’exemplaire par les teintes douces dont un aquarelliste a revêtu, à l’époque, chacune des estampes. Beaucoup des gravures sur bois reprennent la présentation assez classique d’un herbier du XVIe siècle. Certaines, empreintes de fantaisie, sont cependant prétexte pour l’auteur à la représentation d’une scène animalière ou d’une scène animée, sur fond d’arbre ou de plante : Homme assoupi sous la Vigne. Porcs conduits à la glandée sous un chêne. Bergers sous un hêtre. Danse villageoise, cigognes, cueillette des cerises, cueillette des noix par femme parée... Plusieurs gravures sur bois, d’un grand intérêt, sont consacrées à un panorama de différents métiers du temps : forgeron, travaux des champs, traite des vaches et fabrication du beurre, ruches à miel, purification du sel, boulanger, pressoir, mise du vin en tonnelets, vente des œufs et basse-cour, boucher, fabrication du boudin, étal de poissons, épicier, marché villageois, repas bourgeois… Très bel exemplaire en séduisante reliure de l’époque en peau de truie estampée à froid sur ais de bois, avec les fermoirs conservés, magnifié par le coloris main de l’époque.