s.l. [Paris] 12 juin (1851), 11,5x17,9cm, 4 pages sur un bifeuillet.
Reference : 86794
| «Tu es le soleil de mon âme et la joie de mes yeux » |<br>* Lettre autographe très probablement inédite signée adressée par Juliette Drouet à son amant Victor Hugo, quatre pages rédigées à l'encre noir sur un bifeuillet. Pliures transversales inhérentes à l'envoi, pli unifiant les deux feuillets renforcé d'une fine bande de papier encollé à peine perceptible. Absente de la très complète édition en ligne des lettres de Juliette Drouet à Hugo du Centre d'Études et de Recherche Éditer/Interpréter (Université de Rouen-Normandie). Très belle déclaration d'amour et d'admiration de Juliette Drouet, le lendemain de la plaidoirie d'Hugo défendant son fils. Charles Hugo avait ététraduit devant les assises, et condamné malgré l'intervention de son père, pour avoir vaillament fustigé la mise à mort de Claude Montcharmont. Le grand amour d'Hugo adresse cette lettre en des temps troublés, où père et fils se retrouvent au devant de la scène pour leurs prises de positionabolitionnistes. Scandalisé par l'exécution de Montcharmont, un braconnier du Morvan de 29 ans, Charles Hugofait paraître un articledans l'Evénementqui lui vaut un procès pour atteinte au respect dû aux lois : la Seconde république n'existe déjà plus que de nom, et la presse fait l'objet d'attaques fréquentes, encore aggravées ici par la notoriété des Hugo. Victortient à défendre son fils et livre un plaidoyer resté célèbre : "Mon fils, tu reçois aujourd'hui un grand honneur, tu as été jugé digne de combattre, de souffrir peut-être, pour la sainte cause de la vérité. A dater d'aujourd'hui, tu entres dans la véritable vie virile de notre temps, c'est-à-dire dans la lutte pour le juste et pour le vrai. Sois fier, toi qui n'est qu'un simple soldat de l'idée humaine et démocratique, tu es assis sur ce banc où s'est assis Béranger, où s'est assis Lamennais !" Malgré l'historique intervention d'Hugo, Charlesest condamné à six mois de prison et 50 francs d'amende - une décision que fustige amèrement Juliette, submergée par l'angoisse àl'issue du procès :"J'ai beau savoir que cet arrêt inique est non seulement supporté avec courage par vous tous, mais accepté avec orgueil et avec joie par le plus directement intéressé dans cette malheureuse condamnation, la fatigue et l'inquiétude que j'ai éprouvé pendant toute cette interminable journée d'hier m'a laissée une douloureuse courbature physique et morale". 12 juin jeudi matin 7h [1851] Bonjour, mon pauvre sublime petit homme, bonjour,mon pauvre généreux homme. [...] Pourvu que l'émotion et la fatigue ne t'aient pas fait mal. [...] Jusque là ma pensée sera si souvent de la crainte à l'espérance et de l'espérance à la crainte avec cela que j'ai la tête brisée depuis hier. J'ai beau savoir que cet arrêt inique est non seulement supporté avec courage par vous tous, mais accepté avec orgueil et avec joie par le plus directement intéressé dans cette malheureuse condamnation, la fatigue et l'inquiétude que j'ai éprouvé pendant toute cette interminable journée d'hier m'a laissée une douloureuse courbature physique et morale dont je n'ai pas encore pu triompher jusqu'à présent. Je compte beaucoup sur la salutaire réaction que me causera le bonheur de te savoir pas plus satisfait que ce jour dernier [...]Ce que je sais ce qui ne s'embrouille jamais dans mon cur c'est que je t'aime à l'adoration et que tu es le soleil de mon âme et la joie de mes yeux. Superbe lettre, témoignage du désir commun de justice qui habitaient les plus célèbres amants du XIXe siècle. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Le Feu Follet
Edition-originale.com
31 rue Henri Barbusse
75005 Paris
France
01 56 08 08 85
Nos ouvrages sont complets et en bon état, sauf indications contraires. Nos prix sont nets. A partir de 30 €, les envois se font en recommandé avec A. R. Le port est à la charge du destinataire. Les réservations par téléphone ne pourront dépasser 72 h.