Izdanie Otdela Izobrazitel'nikh Iskysstv [Éditions du département d'art visuel] Narkompros [Commissariat du peuple à l'Éducation], s.l. [Petrograd] s.d (1920), 17,5x11,5cm, agrafé, 16p..
Reference : 75893
«La place qu'a occupée le texte dans l'uvre de Malevitch est immense, à la fois à titre d'enseignement, à titre de réflexion personnelle sur la peinture et l'art en général, et à titre stratégique. (...) On y découvre le cheminement intellectuel de l'artiste et ce qui l'a conduit au suprématisme. Loin de n'être qu'une théorie esthétique, le suprématisme est une philosophie et un engagement politique, visant à la libération de l'individu.» Edition originale d'une grande rareté. Petite fente au pied du dos, tampon violet avec le prix sur le second plat et petite trace sur le premier plat du tampon d'un autre exemplaire. Très bel exemplaire. Publié deux ans après son chef d'uvre Carré blanc sur fond blanc, ce manifeste composé à partir de son précédent traité théorique «Des nouveaux systèmes en art» de 1919 est un des écrits majeurs de Malevitch. Rédigée à l'apogée de sa recherche artistique, cette synthèse de la pensée créatrice de Malevitch pose les fondements théoriques du Suprématisme, appréhendé non comme une rupture avec le passé mais au contraire comme l'aboutissement d'une histoire de l'Art affranchi des «illusions du monde sensible». Ainsi, Malevitch instaure une généalogie intellectuelle prenant ses racines dans l'uvre de Cézanne, Van Gogh et Monet, traversant le Cubisme et le Futurisme pour aboutir au Suprématisme, cette «affirmation de la totale souveraineté de la peinture en tant que telle, du triomphe de la couleur qui dans sa matérialité même, dans ses vibrations, son énergie intrinsèque, divulgue la réalité abyssale dans laquelle se fondent jusqu'à disparaître, les objets.» (Jean-Claude Marcadé, postface de De Cézanne au suprématisme, 1993). Connut pour son uvre picturale, Malevitch fut aussi un théoricien de génie. Or, contrairement à d'autres, sa réflexion artistique ne précède pas son uvre, elle l'accomplit. Il délaisse d'ailleurs la création entre 1919 et 1920 pour se consacrer à ce travail théorique, qui restera abscons pour beaucoup de ses contemporains. La revue marxiste Petchat' i révolyoutsiya ne verra dans De Cézanne au Suprématisme qu'« un ramassis de phrases ineptes ». Il est cependant exact que ce court traité, sublimant l'ambition suprématiste, comporte des coupes visibles, peut-être attribuables à la censure officielle. Mais ces réserves peuvent également être le fait de Malevitch lui-même. En effet, publié par le «Commissariat du peuple à l'Éducation» dirigé par son ami et grand défenseur des arts, Anatoli Lounatcharski ce fascicule est bien plus qu'un simple résumé du travail théorique de Malevitch. Comme l'analyse Jean-Claude Marcadé, cette «brochure imprimée à Moscou était appelée à avoir une diffusion plus grande dans les milieux artistiques que (...) les petites éditions artisanales de l'Ecole de Vitebsk où Malevitch essayait d'imposer son esthétique, sa pédagogie et sa méthodologie sous le signe de l'Affirmation du Nouveau Art (OUNOVIS). Sa querelle fondamentale avec le matérialisme officiel et surtout l'art figuratif, fait place [ici] à une analyse des origines de l'art non figuratif total (Cézanne, le cubisme, le futurisme) qui vise à démontrer aux adversaires de l'art abstrait le sérieux, le caractère scientifique, la logique inébranlable et la légitimité (...) de l'évolution des arts plastiques. (...) De Cézanne au suprématisme est moins une uvre offensive qu'une démonstration du caractère inéluctable de la «déduction» suprématiste.» La brièveté de ce fascicule contribue ainsi à l'élever au rang de Manifeste, au service d'une volonté révolutionnaire de métamorphose collective des «manifestations humaines». Cette intention auctoriale est servie par le format réduit du volume et la composition suprématiste de la couverture blanche au titre éloquent imprimé en quinconce qui pose la modernité russe en héritière de la révolution picturale européenne et le blanc en «déduction» de la couleur. Ce titre synthèse de la pensée de Malevitch sera d'ailleurs choisi par ses biographes pour la publication complète de ses écrits en 1993. D'une extrême rareté en bel état, cette fragile brochure, aboutissement de la théorie suprématiste, conclue la recherche d'absolu du peintre philosophe qui retournera ensuite à une peinture symbolique et figurative. «La place qu'a occupée le texte dans l'uvre de Malevitch est immense, à la fois à titre d'enseignement, à titre de réflexion personnelle sur la peinture et l'art en général, et à titre stratégique. (...) On y découvre le cheminement intellectuel de l'artiste et ce qui l'a conduit au suprématisme. Loin de n'être qu'une théorie esthétique, le suprématisme est une philosophie et un engagement politique, visant à la libération de l'individu.» - Photos sur www.Edition-originale.com -
Le Feu Follet
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