Dieppe 1er septembre 1885, 22,4x17,7cm, 4 pages sur un double feuillet.
Reference : 68398
Lettre autographe inédite signée d'Edgar Degas à Albert Bartholomé, peintre et plus tard sculpteur et grand ami deDegas. Sa femme est Prospérie de Fleury, décédée en 1887, déjà malade en 1885.. 4 pages à l'encre noire sur un feuillet remplié. Une pliure centrale inhérente à la mise sous pli du courrier. Belle lettre inédite témoignant de l'autre grande passion de Degas après la danse?: le chant. La première parisienne de l'opéra wagnérien Sigurd d'Ernest Reyer eut lieu le 12 juin 1885 à l'Opéra de Paris. Degas, subjugué par la prestation de la chanteuse Rose Caron vit la pièce à trente-sept reprises?: «?J'aime toujours Sigurd et je l'aime aussi de plus en plus. Je n'ai vu Reyer qu'une fois et dans la rue. Et je n'ai pas oublié de lui parler de l'admiration qu'il avait provoquée beaucoup plus immédiatement sur moi que sur une personne qui, pour être ni bonne, ni blanchisseuse, méritait quelque considération.?» Degas rendit hommage à la beauté de Rose Caron dans Sigurd en réalisant deux dessins sur éventails, aujourd'hui en mains privées aux États-Unis. Véritablement obsédé par cette «?uvre admirable qui [lui] fait tant de bien, qu['il] ne [peut] plus [s']en passer?», le peintre réclame à son célèbre voisin de lui en interpréter la partition au piano?: «?Le jeune [Jacques-Emile] Blanche notre voisin me la joue tous les jours, à défaut de votre femme.?» La lettre s'achève sur une description lyrique du Mont Saint Michel, dont Degas fit plusieurs dessins?: «?Avez-vous jamais vu le Mont Saint Michel?? Pourrions-nous un jour y aller passer quelques jours ensemble?? Que c'est beau, que c'est attachant. En un mois j'y suis allé deux fois. Les grandes marées de la fin de septembre vont m'y ramener une troisième.?» La passion de Degas pour l'opéra est retracée dans une exposition, en l'honneur du 350è anniversaire de l'Opéra de Paris, se déroulant du 24 septembre 2019 au 19 janvier 2020 au musée d'Orsay. Dieppe, chez M. Halévy, rue de la Grève, 1 Septembre 85 "Si je n'ai pas de nouvelles de votre femme, ni de vous, mon cher ami, je n'ai aucune peine à vous avouer que c'est par ma faute et que je l'ai bien mérité! Ecrivez-moi, dites-moi où et comment vous êtes tous les deux, continuez à me croire tous les deux meilleur que je ne le parais. J'aime toujours Sigurd et je l'aime de plus en plus, je n'ai vu Reyer qu'une fois et dans la rue. Et je n'ai pas oublié de lui parler de l'admiration qu'il avait provoquée beaucoup plus immédiatement sur moi que sur une personne qui, pour être ni bonne ni blanchisseuse, ni du commun, méritait quelque considération. On vous fera voir cet ogre charmant cet hiver. Mais sans piano. La partition qu'on me joue ici est paraît-il des plus mal arrangées. C'est un certain Vidal qui est l'arrangeur, et Reyer s'en lave d'autant plus les mains, qu'il ne sait pas jouer du piano, qu'il compose dans les bois et non au cvlavecin et qu'il ne sait pas la musique. Oeuvre admirable, qui me fait tant de bien, que je ne peux plus m'en passer. Le jeune [Jacques-Emile] Blanche, notre voisin, me la joue tous les jours, à défaut de votre femme. Avez-vous jamais vu le Mont Saint-Michel? Pourrions-nous un jour y aller passer quelques jours ensemble?Que c'est beau, que c'est attachant. En un mois j'y suis allé deux fois. Les grandes marées de la fin de septembre vont m'y ramener une troisième. Ecrivez-moi le plus tot que vous pourrez, je serai encore ici toute la semaine. Je vous sers à tous deux bien affectueusement la main." - Photos sur www.Edition-originale.com -
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[Quelque part au Kenya] 19 septembre 1953, 20,2x25,2cm, 2 pages sur un feuillet et une enveloppe.
| « I slapped a giraffe on the ass» | * Lettre autographe signée d'Ernest Hemingway, inédite à notre connaissance, adressée à Roberto Herrera Sotolongo, 2 pages à l'encre bleue sur un feuillet ligné et enveloppe autographe signée « E. Hemingway », tampon postal indiquant la date du 19 septembre 1953. La missive débute en espagnol et se poursuit en anglais, avant de s'achever sur quelques mots d'espagnol signés du surnom d'Hemingway connu dans tout Cuba, « Mister Papa ». Magnifique lettre d'Hemingway racontant son safari au Kenya en 1953, adressée à son ami et secrétaire cubain. Hemingway dévoile le véritable dénouement de la chasse au lion à crinière noire, thème central de son récit du safari resté inachevé, qui connaîtra deux éditions posthumes : True at First Light (1999) puis Under Kilimanjaro (2005). L'écrivain aventurier partage ses rencontres avec une girafe, un impala, ainsi que des chasses à la lance avec les Masaï restées inédites, renouant avec les émotions de son premier périple africain qui, vingt ans plus tôt, lui avait inspiré ses grands textes The Green Hills of Africa, The Snows of Kilimanjaro et The Short Gappy Life of Francis Macomber. Il évoque également une tragédie familiale : la rare tentative de réconciliation initiée par son troisième enfant, Gigi, qui souffrait de dysphorie de genre. ERNEST OU LA VIE SAUVAGE Tout aux joies des premiers jours dans la savane, Hemingway écrit depuis son campement, sur les rives du fleuve Salengai, à 40 miles au sud de Nairobi au sein de la Southern Réserve de Kajiado. Adulé des médias, jouissant du succès du Vieil Homme et la Mer, Hemingway avait débuté son aventure kenyane le 1er septembre 1953, accompagné du célèbre chasseur Philip Percival qui avait inspiré le personnage du Baron Bror von Blixen dans The Short Happy Life of Francis Macomber. Profitant d'une escale à Nairobi du photographe qui accompagnait l'équipée, Hemingway envoie une chaleureuse lettre à son ami cubain Herrera le 19 septembre : « Monstruo, tu te plairais ici, Plein de coqs de bruyère, de perdrix et de grandes pintades». Les premières chasses du safari sont couronnées de succès, et Hemingway exprime sans réserve sa fierté de retrouver les frissons de l'aventure, partageant des événements restés absents de son récit de voyage publié après sa mort : « J'ai eu une très belle chasse au lion à pied. Nous avons traqué toute la journée [...] Ce matin, nous essayons à nouveau. Il est 5 heures du matin. La nuit dernière, nous avons chassé les animaux de nuit pour avoir une « vue de lion » [jeu de mots avec l'expression birds eye view]. Un impala a sauté par-dessus la jeep. J'ai donné une claque sur le cul d'une girafe.» La région, récemment rouverte aux chasseurs, regorgeait de gibier et de grands prédateurs : « Peut-être aurons-nous une autre chasse demain ou cet après-midi, car les lions ont inquiété le village indigène la nuit dernière et nous en avons repéré un grand nombre en ce moment. » L'écrivain est accompagné de son grand ami cubain Mayito Menocal, de vingt-quatre ans son cadet, qui surpasse les talents de tireur d'un Hemingway vieillissant : « Mayito va bien et tire merveilleusement bien. Pourriez-vous appeler le petit Mayito [son fils] ou la famille de Mayito à son domicile [...] et dire que vous venez d'avoir de mes nouvelles, qu'il va très bien, qu'il est heureux et qu'il vient de tuer un magnifique lion à crinière noire et que nous chassons les lions avec les Masaï maintenant. » La traque de ce légendaire lion à crinière noire occupera une grande partie du récit qu'entreprendra Hemingway à l'issue du safari (publié sous le titre True at First light). Hemingway construira l'histoire autour de l'obsession de sa femme Mary pour ce fameux colosse qui se dérobait sans cesse entre les hautes herbes, prolongeant la chasse pendant de longs mois à travers la réserve kenyane. Comme un heureux dénouement, l'écrivain fera le choix d'attribuer le premier tir sur cette noble bête à Mary, et non à Mayito comme il l'indique dans la lettre. L'écrivain intégrera également dans son récit sa remarque sur la petite taille de Mary dont il fait part à Herrera dans la lettre : « J'ai trouvé le grand colosse endormi, mais j'ai attendu Mary, qui avait du mal à le voir dans l'herbe, car elle est petite ». GIGI, L'ENFANT MAL DIT Un important passage de la lettre évoque la grande dispute qui l'oppose à son fils « Gigi » (Gregory) son troisième enfant né de son union avec Pauline Pfeiffer, en qui Hemingway avait placé de grands espoirs : « Lettre de Gigi. Il dit, très joliment, qu'il lui est impossible de rester fâché contre moi, selon lui 'il a essayé pendant sept mois' ». Gigi avait été arrêté quelques années plus tôt pour être entré dans un cinéma en portant des vêtements féminins. Hemingway avait rejeté la faute sur Pauline, qui succomba peu après cet épisode, atteinte d'une tumeur non détectée. Hemingway a imputé le décès de sa femme aux comportements de Gigi, qui souffrira sa vie durant de dysphorie de genre. Malgré cette rare tentative de réconciliation mentionnée dans la lettre, ils restèrent brouillés jusqu'à la mort de l'écrivain. Quelques mois après l'écriture de cette lettre, en survolant l'Uganda, Hemingway sera victime de deux accidents d'avion. Brièvement déclaré mort par la presse internationale, l'écrivain ne se remettra jamais tout à fait de ses graves blessures, qui marquent selon ses biographes le début d'une période sombre affectant à jamais sa production littéraire : « une lente descente de sept ans qui a sapé sa puissance créative, l'a plongé dans la paranoïa, l'a conduit aux électrochocs et l'a rendu fragile. Les mots, disait-il, ne venaient plus.» Exceptionnel exemple de la prose d'Hemingway, qui dévoile la réalité tout aussi rocambolesque de ses aventures derrière l'autofiction de ses écrits publiés. Ces instants heureux, couchés sur le papier dans la nature kenyane, capturent l'essence même de cet écrivain voyageur et bon vivant "Le plus itinérant des auteurs qui ont façonné la littérature américaine" (Miriam B. Mandel), quelques mois avant son accident tragique dont il ne se remettra jamais. - Photos sur www.Edition-originale.com -
1er avril 1793, 15,6x20cm, une page sur un feuillet.
Lettre autographe inédite datée et signée, rédigée à l'encre noire et adressée à un notaire. Au verso, probablement de la main d'un secrétaire, la mention«Sade du 1er avril 1793»; sous cette mention, une courte phrase de la main du Marquis :«pour que j'écrire à Gaufridy de lui envoyer de l'argent». Quelques pliures transversales inhérentes à la mise sous pli. Longue lettre adressée à un notaire alors que le Marquis,rendu à la liberté le2 avril 1790par l'abolition deslettres de cachet, est libre et tente de mettre de l'ordre dans ses affaires. Après la Révolution ses fils ont émigré et il ne les a pas suivis. Son nom figure pourtant sur la liste des personnes ayant quitté la France en raison des troubles révolutionnaires : «J'espère qu'avec tout cela je parviendrai à faire effacer mon nom de dessus cette fatale liste d'émigrés.»Soucieux de ne pas être considéré comme un ci-devant Marquis en cette période précédant la Terreur, il insiste sur la persécution dont il serait victime malgré sa bonne volonté: «C'est une atrocité sans exemple que de m'avoir joué un pareil tour à moi qui n'ai pas quitté Paris depuis la révolution, et qui depuis cette époque n'ai pas cessé de donner les preuves les moins équivoques de mon patriotisme». Sade dénonce également dans cette missive la complexité des rouages de l'administration française après la Révolution :«Je viens d'envoyer à M. Lions le certificat de résidence qui convient et j'y ai joint une pétition au district qu'il me dit être (...) essentielle. »Impécunieux, il prie son avocat«d'exciter le zèle de ceux qui [lui] doivent et de les engager à compter le plus d'argent qu'il percevront tout de suite à M. Gauffridi (sic)» et n'hésite pas à se montrer complaisant pour arriver à ses fins:«ne me ménagez pas alors je vous en conjure (...) conservez moi toujours votre soin et votre amitié (...) Je vous embrasse et salue de tout mon cur.» Les efforts de Sade seront vains, en décembre 1793 il est incarcéré aux Madelonettes, avant d'être admis, grâce à sa bonne amie Mme Quenet, à la maison Coignard de Picpus, un établissement de santé abritant les riches suspects. Intéressante lettre inédite montrant l'infortuné Marquis aux abois, lors de l'un de ses rares moments de liberté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.l. [Klarskovgaard] 11 [janvier 1951], 20,5x33,5cm, 2 pages sur un feuillet, enveloppe jointe.
Lettre autographe inédite signée de Louis-Ferdinand Céline, adressée à Paul Marteau, datée du 11 [janvier 1951], une indication bibliographie indique la date erronée de 1950, démentie par la mention du procès de Céline le 21 février 1951. 27 lignes à l'encre bleue, plusieurs ratures et corrections de la main de l'expéditeur, enveloppe jointe. Structurée autour des traits cyniques de l'auteur, cette lettre dévoile l'ampleur de l'affaiblissement qui saisit Céline, tourmenté par sa condamnation imminente. Grand admirateur de Céline, le riche industriel Paul Marteau devient un correspondant régulier de l'écrivain pendant ses années d'exil et se révèlera d'une aide inébranlable lors du procès et à son retour en France. Ereinté par l'isolement et la maladie, à l'image de son double Bardamu dans l'épisode africain du Voyage, «cloué au lit à grelotter, la grippe, le paludisme, et des vertiges. Des vertiges couché!Le bateau vraiment craque bute échoue partout », Céline se réfugie dans l'humour sarcastique, ultime ressource contre ses tourments: «Cette famille de ma fille [...] a su donc par vous que j'existais - C'est déjà agréable. » Sous les traits ironiques transparaît l'anxiété de Céline à l'approche de son procès («Et il paraît en plus qu'ils vont me condamner à je ne sais quoi le 21 fév...») et la peur, récurrente du séjour au Danemark, d'être oublié de ses contemporains, la prolifique correspondance cherchant à enrayer ce mouvement : «Quand je dis que j'existe je me vante un peu - Ce n'est plus beaucoup exister où nous en sommes !» Les maximes grinçantes qui referment la lettre, emblématiques du style célinien, incarnent l'indissociabilité de l'humeur noire et de la dérision dans l'écriture de Céline, exacerbée par les affres de l'exil: «Quand elle vous court après le fantôme elle devient comique la haine... et pour des fantômes de crimes... C'est à rigoler bien sûr. Je veux dire en spectateur » - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.l. [Paris] 25 juin Lundi soir 7h3/4 [1849?], 13,3x20,7cm, 4 pages sur un bifeuillet.
| «Le bon Dieu a pu mettre des limites à la mer. Mais il ne l'a pas osé pour l'amour» |<br>* Lettre autographe inédite signée adressée par Juliette Drouet à son amant Victor Hugo, quatre pages rédigées à l'encre noir sur un bifeuillet.Timbre à sec en haut à droite du premier feuillet. Pliures transversales inhérentes à la mise sous pli. Très belle déclaration d'amour de Juliette Drouet à Victor Hugo et sa famille : «Ô tu es un homme béni, mon adoré, et toute ta ravissante famille avec toi. L'excès de mon amour se répand sur elle et je sens que je mourrais avec bonheur pour vous tous.» Cette lettre inédite fait probablement suite au week-end que passèrent Victor Hugo et Juliette Drouet à Rouen: «Je suis revenue comblée de bonheur, de joie, d'amour et d'adoration, mon cher bien aimé, la journée d'hier restera dans mon cur comme une des plus belles, des plus douces, des plus réjouissantes, un ravissant souvenir prend place dans mon cher petit musée d'amour parmi les plus charmants et les plus illustres de ma chère petite collection.» Ce séjour s'est achevé par une rencontre entre l'amante d'Hugo et l'un de ses fils: «Jamais je n'oublierai l'admirable soirée d'hier et le rire d'enthousiasme de ton beau garçon. J'aurais désiré l'embrasser comme une fille pour l'adorable amabilité qu'il répandait autour de nous et quand son enthousiasme allait du chef d'uvre du bon Dieu aux tiens.» La comédienne met sur un pied d'égalité le «chef-d'uvre du bon Dieu» et ceux écrits par son amant, mais elle invoque également le livre de Job pour décrire la puissance de son amour: «Le bon Dieu a pu mettre des limites à la mer et lui dire : tu n'iras pas plus loin. Mais il ne l'a pas osé pour l'amour aussi le mien déborde sur vous de toutes parts et je ne sais pas moi-même où il s'arrêtera. » Superbe lettre, témoignage de l'inconditionnel amour de Juju pour Toto. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.l. [Paris] 12 juin (1851), 11,5x17,9cm, 4 pages sur un bifeuillet.
| «Tu es le soleil de mon âme et la joie de mes yeux » |<br>* Lettre autographe très probablement inédite signée adressée par Juliette Drouet à son amant Victor Hugo, quatre pages rédigées à l'encre noir sur un bifeuillet. Pliures transversales inhérentes à l'envoi, pli unifiant les deux feuillets renforcé d'une fine bande de papier encollé à peine perceptible. Absente de la très complète édition en ligne des lettres de Juliette Drouet à Hugo du Centre d'Études et de Recherche Éditer/Interpréter (Université de Rouen-Normandie). Très belle déclaration d'amour et d'admiration de Juliette Drouet, le lendemain de la plaidoirie d'Hugo défendant son fils. Charles Hugo avait ététraduit devant les assises, et condamné malgré l'intervention de son père, pour avoir vaillament fustigé la mise à mort de Claude Montcharmont. Le grand amour d'Hugo adresse cette lettre en des temps troublés, où père et fils se retrouvent au devant de la scène pour leurs prises de positionabolitionnistes. Scandalisé par l'exécution de Montcharmont, un braconnier du Morvan de 29 ans, Charles Hugofait paraître un articledans l'Evénementqui lui vaut un procès pour atteinte au respect dû aux lois : la Seconde république n'existe déjà plus que de nom, et la presse fait l'objet d'attaques fréquentes, encore aggravées ici par la notoriété des Hugo. Victortient à défendre son fils et livre un plaidoyer resté célèbre : "Mon fils, tu reçois aujourd'hui un grand honneur, tu as été jugé digne de combattre, de souffrir peut-être, pour la sainte cause de la vérité. A dater d'aujourd'hui, tu entres dans la véritable vie virile de notre temps, c'est-à-dire dans la lutte pour le juste et pour le vrai. Sois fier, toi qui n'est qu'un simple soldat de l'idée humaine et démocratique, tu es assis sur ce banc où s'est assis Béranger, où s'est assis Lamennais !" Malgré l'historique intervention d'Hugo, Charlesest condamné à six mois de prison et 50 francs d'amende - une décision que fustige amèrement Juliette, submergée par l'angoisse àl'issue du procès :"J'ai beau savoir que cet arrêt inique est non seulement supporté avec courage par vous tous, mais accepté avec orgueil et avec joie par le plus directement intéressé dans cette malheureuse condamnation, la fatigue et l'inquiétude que j'ai éprouvé pendant toute cette interminable journée d'hier m'a laissée une douloureuse courbature physique et morale". 12 juin jeudi matin 7h [1851] Bonjour, mon pauvre sublime petit homme, bonjour,mon pauvre généreux homme. [...] Pourvu que l'émotion et la fatigue ne t'aient pas fait mal. [...] Jusque là ma pensée sera si souvent de la crainte à l'espérance et de l'espérance à la crainte avec cela que j'ai la tête brisée depuis hier. J'ai beau savoir que cet arrêt inique est non seulement supporté avec courage par vous tous, mais accepté avec orgueil et avec joie par le plus directement intéressé dans cette malheureuse condamnation, la fatigue et l'inquiétude que j'ai éprouvé pendant toute cette interminable journée d'hier m'a laissée une douloureuse courbature physique et morale dont je n'ai pas encore pu triompher jusqu'à présent. Je compte beaucoup sur la salutaire réaction que me causera le bonheur de te savoir pas plus satisfait que ce jour dernier [...]Ce que je sais ce qui ne s'embrouille jamais dans mon cur c'est que je t'aime à l'adoration et que tu es le soleil de mon âme et la joie de mes yeux. Superbe lettre, témoignage du désir commun de justice qui habitaient les plus célèbres amants du XIXe siècle. - Photos sur www.Edition-originale.com -