s.l. 19 janvier 1955, 13,5x10,5cm, une carte recto verso.
Reference : 62732
Carte autographe signée de Roland Barthes à René Wintzen de 24 lignes écrites à l'encre bleue,deux soulignements de la main de l'auteur. Deux perforations portant atteinte à plusieurs lettres, une coupure sans manque, bavures sans gravité. Roland Barthes écrit cette carte pour remercier René Wintzen de lui avoir fait parvenir un livre dédicacé mais aussi pour l'accueil que ce dernier lui a reservé. René Wintzenfut rédacteur en chef de Documents,revue des questions allemandes. Il dirige, au moment de la rédaction de cette lettre, les éditions et la revueVent Deboutet participe à l'hebdomadaire allemandNouvelle de France. Le livre auquel Barthes fait ici référence est probablement une étude de Wintzen sur Brecht parue l'année précédente. Brechtvient à Paris en 1954 avec le Berliner Ensemble et marquebeaucoup la réflexion sur le théâtre deBarthes qui fait paraître "La révolution brechtienne" dans la revueLe Théâtre populaire. Dans cette deuxième moitié des années 1950, Barthes s'investit en effet pleinement dans le théâtre en tant que spectateur et critique. René Wintzen est aussi organisateur de colloques et de rencontres entre auteurs.Roland Barthes participe d'ailleurs l'année suivante à une de ces rencontres à Vezelay où il intervient sur les rapports entre littérature et réalisme. Il écrit à son correspondant qu'il a été"sincèrement très content de ces rencontres et que l'espèce de scepticisme que l'on a toujours au seuil des parlottes d'écrivains a été en l'occurence absolumentcontrépar les faits". L'auteur semble ici mettre en doute l'importance des débats,"parlottes",entre écrivains. Ce jugement réprobateur apparait en conflit avec l'attitude de Barthes en cette année 1955. En effet, il participe et s'engage dans trois débats d'importance: avec Camus au sujet deLa Peste, avec Jean Paulhan à propos desPetites mythologies du moisque Barthes écrit dans les pages de la Nouvelle NRF, et enfin pour la défense de la pièceNekrassovde Sartre. Cette carte de Barthes montre l'enthousiasme du jeune auteur qui ne fréquente alors les milieux littéraires que depuis quelques années, mais aussi une critique de la parole des écrivains. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. Mercredi (n.d. circa 1956), 13,4x10,5cm, une carte recto verso.
Carte autographe signée de Roland Barthes à René Wintzen de 14 lignes écrites à l'encre bleue, datée "mercredi", un soulignement et une correction de la main de l'expéditeur. Deux perforations en bas de la carte, portant atteinte à une lettre. Roland Barthes envoie cette carte à René Wintzen, pour accompagner l'envoi d'un texte. René Wintzen était rédacteur en chef deDocuments,revue des questions allemandes, à cette époque, il travaille pour la revue et les éditions Vent Deboutet collabore avec la revue allemande Nouvelles de France. Il organise aussi des conférences ayant pour sujet la littérature. Le texte que Barthes lui envoieest d'ailleurs la version écrite d'une allocution que celui-ci a effectuée à Vezelay en 1955 sur la littérature et le réalisme(il y fait allusion dans cette lettre). Roland Barthesaffirme qu'il "mesure à le voir noir sur blanc toute la sécheresse" de son texte et insiste pour que son destinataire précise le caractère "parlé, présentatif, non exhaustif" de celui-ci dans sa présentation.Pour l'auteur qui n'est qu'au début de sa carrière, il y a une volonté de ne réaliser que des publications de qualité, de ne pas laisser attacher à sa personne des écrits qui ne lui apportent pas une entière satisfaction par peur d'un jugement négatif de l'audience. On retrouve dans cette lettre l'humilité qui caractérise Barthes. Son arrivée soudaine dans le milieu intellectuel grâce à Maurice Nadeau dix ans auparavantlui a laissé un sentiment d'illégitimité qui transparait ici, alors que la publication en 1953 du Degré zéro de l'écritureavait reçu un accueil favorable et confirmé la valeur de sa pensée. On ressent en lisant ces mots l'insécurité de l'auteur qui disait à propos de la publication de son premier livre : "en tant que sujet producteur d'un objet offert publiquement au regard des autres, j'étais plutôt honteux." (Roland Barthe par Roland Barthes). - Photos sur www.Edition-originale.com -