S.n. [Journal des débats], s.l. [Paris] s.d. (1943), 13,5x21,5cm & 2 pages in-4, 2 1/2 pages in-8.
Reference : 44960
Manuscrit autographe de l'auteur de 2 pages et demie in-4 publiée dans le numéro du 23 Décembre 1943 du Journal des Débats. Manuscrit complet à l'écriture très dense, comportant de nombreuses ratures, corrections et ajouts. On joint le tapuscrit complet. Cet article, un des rares parus en première page du journal, est une audacieuse critique de la vision traditionaliste de l'Art, quiarguant de la nécessaire adéquation entre Art et Vérité, condamne la Modernité. Avec une rigueur intellectuelle implacable, Blanchot démontre comment cette conception de "l'Art authentique""rejoint exactement celle des surréalistes" et cite un des principes majeurs du Surréalisme comme parfaite démonstration des propos d'Hourticq. Dans une France obsédée par le rejet de l'Art Dégénéré, Blanchot révèle les contradictions des traditionalistes: "' ils admettent que l'art en général précède la science, et c'est au nom de la science passée (...) qu'ils condamnent les mouvements nouveaux de l'art." Blanchot, sous couvert de critique littéraire, questionne à nouveau son époque :(...) Encore serait-il bon de rechercher si justement la science toute moderne ne se reconnait pas dans l'univers "déforméé, décomposé, hors d'usage, que l'art a rendu familier à nos regards." Entre avril 1941 et août 1944, Maurice Blanchot publia dans la "Chronique de la vie intellectuelle" du Journal des Débats 173 articles sur les livres récemment parus. Dans une demi-page de journal (soit environ sept pages in-8), le jeune auteur de "Thomas l'obscur" fait ses premiers pas dans le domaine de la critique littéraire et inaugure ainsi une oeuvre théorique qu'il développera plus tard dans ces nombreux essais, de "La Part du feu" à "L'Entretien infini" et "L'Écriture du désastre". Dès les premiers articles, Blanchot fait preuve d'une acuité d'analyse dépassant largement l'actualité littéraire qui en motive l'écriture. Oscillant entre classiques et modernes, écrivains de premier ordre et romanciers mineurs, il pose, dans ses chroniques, les fondements d'une pensée critique qui marquera la seconde partie du XXe. Transformé par l'écriture et par la guerre, Blanchot rompt, au fil d'une pensée exercée "au nom de l'autre", avec les violentes certitudes maurassiennes de sa jeunesse. Non sans paradoxe, il transforme alors la critique littéraire en acte philosophique de résistance intellectuelle à la barbarie au c?ur même d'un journal "ouvertement maréchaliste": "Brûler un livre, en écrire, sont les deux actes entre lesquels la culture inscrit ses oscillations contraires" (Le Livre, In Journal des Débats, 20 janvier 1943). En 2007, les Cahiers de la NRF réunissent sous la direction de Christophe Bident toutes les chroniques littéraires non encore publiées en volumes avec cette pertinente analyse du travail critique de Blanchot : "romans, poèmes, essais donnent lieu à une réflexion singulière, toujours plus sûre de sa propre rhétorique, livrée davantage à l'écho de l'impossible ou aux sirènes de la disparition. (...) Non sans contradictions ni pas de côté, et dans la certitude fiévreuse d'une ?uvre qui commence (...) ces articles révèlent la généalogie d'un critique qui a transformé l'occasion de la chronique en nécessité de la pensée." (C. Bident). Les manuscrits autographes de Maurice Blanchot sont d'une grande rareté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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