Mercure de France, Paris 1912, 12x19cm, broché.
Reference : 40271
Edition originale. Précieux envoi autographe signé de Léon Bloy au peintre Georges Rouault: "Rien pour son art - Il n'y a pas de caricature". Dos renforcé comportant quelques manques comblés, une déchirure restaurée sur la page de faux-titre où figure l'envoi. Notre exemplaire est présenté dans un coffret en plein maroquin noir, dos lisse, plats de papier marbré et intérieur en agneau. Rouault fait la connaissance de Léon Bloy en 1904 par l'intermédiaire d'une de ses oeuvres: « On m'apprend que le peintre Georges Rouault, élève de Gustave Moreau, s'est passionné pour moi. Ayant trouvé chez son maître "La Femme pauvre"..., ce livre l'a mordu au coeur, blessé incurablement » (Journal de L. Bloy, 16 mars 1904). Naît alors une indéfectible amitié entre les deux artistes. Cependant lorsqu'en 1905 Rouault expose au Salon d'Automne "Monsieur et Madame Poulot" inspiré du roman de Bloy, la réaction de celui-ci est violente: « ... Cet artiste qu'on croyait capable de peindre des séraphins, semble ne plus concevoir que d'atroces et vengeresses caricatures. L'infamie bourgeoise opère en lui une si violente répercussion d'horreur que son art paraît blessé à mort. Il a voulu faire mes Poulot personnages de "La Femme Pauvre". À aucun prix je ne veux de cette illustration. Il s'agissait de faire ce qu'il y a de plus tragique : deux bourgeois, mâle et femelle, complets : candides, pacifiques, miséricordieux et sages à mettre l'écume de la peur à la bouche des chevaux des constellations. Il a fait deux assassins de petite banlieue. » Nul mieux que Raïssa Maritain ne sut décrire l'amitié complexe qui unit le jeune peintre et le vieil écrivain, analysant à la fois "la raison profonde de leur dissentiment" en citant une lettre de Bloy à Rouault de 1907 : « Vous êtes attiré par le laid exclusivement. " comme leur "admiration" qu'elle explique par "la vive foi de l'un et de l'autre, (...) l'élévation et la rigueur de leur conscience d'artistes". "Combien de fois - écrit-elle - dans les années qui ont suivi, n'avons-nous pas vu Rouault chez Bloy, debout, appuyé contre le mur, un léger sourire sur ses lèvres closes, le regard au loin, le visage apparemment impassible, mais d'une pâleur qui allait s'accentuant lorsque la question de la peinture moderne était abordée. Rouault pâlissait, mais gardait jusqu'au bout un silence héroïque. Et toujours, malgré cette irréductible opposition sur la question même de son art, il est resté fidèle à Léon Bloy. On eût dit qu'il venait chercher chez Bloy les accusations mêmes qui tourmentaient en lui ce qu'il avait de plus cher, - non pour les soumettre à une discussion quelconque, mais pour éprouver contre elles la force de l'instinct qui l'entraînait vers l'inconnu et qui devait triompher de tout obstacle." ("A l'aube de nouvelles amitiés" in La Nouvelle Relève, octobre 1941)C'est le même Léon Bloy, respectueux mais immuablement critique à l'égard de son jeune ami, qui lui dédicace ce portrait d'une sainte, cette élégie de la beauté qu'il ne saura jamais percevoir dans l'oeuvre de Rouault. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Paris Mercure de France 1912 1 vol. broché in-12, broché, LI + 289 + (5) pp. Edition originale peu courante. Exemplaire numéroté du premier mille (n° 346). Petite déchirure sans manque en marge de la couverture, sinon en très bon état, en partie non coupé.