Didot, Paris 1803, 40x54cm, une feuille.
Reference : 29743
Gravure originale in folio non rognée, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon. Planche composée de 5 vues ainsi décrites par l'auteur : N° 1. Homme du peuple dans l'attitude qu'il prend aussitôt qu'il a à traiter de quelque chose qui exige plus de deux ou trois phrases. N° 2. Plan du temple de Karnak, le plus grand monument de l'Egypte. N'ayant jamais été dans le cas de pouvoir en mesurer les détails, j'en ai fait sur les lieux une image pour pouvoir m'en rendre compte, en garder le souvenir, et aider la description, qui paroît encore fantastique à ceux même qui se sont trouvés à portée de s'assurer de l'existence d'une aussi vaste conception : situé à trois à quatre cents toises des bords du Nil, sa principale entrée est dirigée de l'ouest à l'est ; deux grands colosses, dont il ne reste que les piédestaux, étoient placés en avant de la porte, flanquée de deux môles énormes ; ces derniers n'ont jamais été terminés : les Egyptiens commençoient par élever des masses, dans lesquelles ils dressoient leurs lignes architecturales ; ils travailloient ensuite leurs hiéroglyphes par le procédé que nous employons pour dégrossir, et terminer une statue colossale composée de plusieurs quartiers de pierre ou de marbre. Derriere ces deux môles est une vaste cour, qu'une avenue de colonnes, B, partage en deux parties ; il n'y a plus qu'une de ces colonnes debout : dans la cour à gauche une galerie couverte, C, avec de petits logements ou cellules ; à droite, D, un, édifice particulier, qui ressembleroit plus à un palais que toutes les autres parties de l'édifice, ayant une porte à part, une cour intérieure décorée d'une galerie, derriere laquelle sont une suite de chambres, et une galerie latérale conduisant au grand portique ; au bout de la galerie B, deux autres môles EE, moins grands que les premiers, précédés aussi de deux colosses en granit ; on en voit encore les torses renversés : ces seconds môles, qui ont été terminés, se sont écrasés sous leurs masses ; c'est derriere cette seconde entrée qu'est le portique le plus vaste, le monument le plus extraordinaire de la magnificence égyptienne : une avenue de vingt colonnes, F, de 11 pieds de diametre , deux quinconces, GG, de quarante colonnes chacun, de 7 pieds de diametre, portant architrave, plate-bande et plafond. On est plus que surpris de si énormes magnificences, on est humilié de la comparaison de nos édifices avec ceux-ci : tout ce portique est encore debout ; le terrain a cédé dans quelques parties, et a fait gauchir l'à-plomb de quelques colonnes, ce qui a ouvert le plafond dans plusieurs endroits ; le comble de ces espaces couvert devoit servir de terrasse et de promenoir lorsque le soleil n'étoit plus sur l'horizon. L'avenue, de colonnes plus grandes, avoit aussi sa plate-forme ; le tambour produit par son élévation étoit latéralement décoré d'un attique en pilastre, surmonté de claires voies en pierre, qui donnoient de l'air et un jour mystérieux à cette forêt de colonnes ; cette avenue étoit terminée par une troisieme porte, qui est absolument en ruine ; de droite et de gauche sont des chambres fort embarrassées de décombres, et dont la distribution embrouillée exigeoit des recherches embarrassantes. Vis-à-vis, K, sont quatre obélisques de granit parfaitement travaillés ; deux grands d'abord, deux moins grands après, et tous quatre moins couverts d'hiéroglyphes que ceux de Luxor : il y en a encore trois debout ; le quatrieme, renversé, a été morcelé pour faire des meules. Ces monuments si simples, si pures, si précieux dans leur exécution, la plus parfaite et la plus élégante production de l'architecture égyptienne, celle dont l'exécution prononce tout à la fois et sur la solidité de leur goût et sur la hardiesse de leur entreprise, celle que tous les arts perfectionnés pouvoient seuls exécuter, transporter et dresser, étoient ici prodigués pour décorer l'entrée du petit sanctuaire, pour lequel il semble que tout le reste de cet immense édifice ait été bâti ; ce qui produit un contraste qui est peut-être encore une magie de l'art, celle de frapper l'ame de respect pour la sainteté du tabernacle qui occupe le centre de tous ces édifices : ce saint des saints est construit entièrement en granit, couvert de petits hiéroglyphes représentant toujours des offrandes au même dieu, qui est celui de l'abondance et de la régénération (voyez planche CXXVII, n° 10), divinité dont on trouve l'image répétée dans toutes les parties du temple avec les mêmes attributs toujours aussi prononcés. Le plafond est peint en bleu semé d'étoiles jaunes ; la porte de ce sanctuaire, I, est précédée d'une autre porte dont les chambranles sont formés de trois tiges de lotus terminées par leurs fleurs, ce que l'on a pris pour des colonnes accouplées avec leurs chapiteaux. De chaque côté du sanctuaire il y a de petits appartements, LL, et derriere sont d'autres pieces, MM, devant lesquelles sont des portiques en colonnes, NN, qui donnent sur une immense cour, O, bordée de galeries, PP, et terminée par une autre qui est ouverte, Q, portée par des colonnes et des pilastres avec chapiteaux et sans chapiteaux (voy. pl. LX, n° 12, et pl. LXXI, n° 11) : la corniche, très saillante de cette galerie, forme une espece d'auvent : une autre qui lui est parallele laisse un espace ouvert entre celle Q et une suite de cellules R : autour de tout cela est un mur de circonvallation, couvert d'hiéroglyphes en-dedans et en-dehors : par-delà et en droite ligne est la porte de l'est, S, encore très conservée ; toutes les lignes architecturales en sont arrêtées; mais les ornements et les hiéroglyphes n'y sont sculptés qu'à sa partie supérieure , ce qui fait voir la marche de ces travaux ; la porte du nord, U, étoit sans doute précédée de sphinxs, dont on ne voit plus que les substructions des socles qui les portoient ; le chemin qui y amenoit étoit pavé en larges pierres ; à la partie intérieure il y avoit des colonnes qui formoient ou une galerie couverte ou un portique : au sud-est du grand temple on trouve des ruines éparses, des cippes, des statues brisées ou renversées, des arrachements de murs annonçant des constructions de plus petites proportions : étoit-ce la partie des habitations des rois, des grands, des prêtres ? En revenant à l'ouest, on trouve de grands môles éboulés, entre lesquels sont des portes ruinées ; en-dedans et en-dehors il y a encore des torses de figures colossales en marbre blanc et en grès rouge ; des galeries détruites formoient une cour terminée par d'autres môles décorés de même ; la porte qui unissoit ceux-ci est tombée ; les chambranles qui sont restés en place sont en granit couvert d'hiéroglyphes d'une exécution extraordinaire pour la franchise de la taille et le fini précieux des figures. Les Egyptiens avoient sans doute quelque trempe particuliere pour les outils avec lesquels ils travailloient le granit. Une autre cour, Z, amenoit à un sanctuaire ; cette partie est tellement détruite que le plan en est effacé : l'extérieur de ce monument étoit précédé d'une de ces célebres allées de sphinxs ; ceux-ci étoient à tête de taureau, ils arrivoient à un embranchement d'une autre allée, b, de sphinxs à tête humaine : cette seconde allée venoit couper la grande avenue, d, qui, depuis le temple de Luxor, à un mille de là, venoit aboutir à la porte du sud, d; ceux-ci étoient à tête de bélier, tenant entre les pattes de devant de petits sanctuaires où sont des figures d'Isis ; les corps tronqués de ces sphinxs, sur leurs piédestaux enfouis, mêlés à des palmiers, offrent encore un aspect auguste et imposant ; voyez la porte d, planche XLIII, n° 3 , qui est en ligne directe des deux môles ; l'espace qui est entre la porte et ces môles étoit encore garni de sphinxs ; il n'en reste que quelques uns : ces deux môles précedent un portique ouvert de vingt-huit colonnes, qui formoit une cour intérieure d'un style plus grave encore que tout ce que nous avons décrit, un péristyle et un sanctuaire plus mystérieux que tout ce que nous avons rencontré, une enceinte dans une enceinte ; tout à côté, L, un autre temple ; m m m, une enceinte générale, dont la ruine forme une petite chaîne de montagnes enfermant deux lacs XX, et d'autres ruines sans formes. On est fatigué de décrire, on est fatigué de lire, on est épouvanté de la pensée d'une telle conception ; on ne peut croire, même après l'avoir vu, à la réalité de l'existence de tant de constructions réunies sur un même point, à leur dimension, à la constance obstinée qu'a exigée leur fabrication, aux dépenses incalculables de tant de somptuosité.N° 3. Plan du monastere blanc (voyez le Journal, tome I, page 296).N° 5. Plan du Memnonium, qui étoit un temple ou un palais. Lettre A, un môle, dont un pareil détruit formoit la premiere entrée de l'édifice : B, la statue la plus colossale de l'Égypte (voy. sa ruine, pl. XLII, n° 5, et pl. XLV, n° 1) ; elle avoit 75 pieds de proportion ; on en voit encore le torse et les cuisses ; il y a sur le bras une inscription hiéroglyphique (voyez pl. CXVIII, n° 7): il est probable que c'était là la statue de Memnon, puisqu'elle se trouve devant l'édifice qu'Hérodote et Strabon ont indiqué comme étant le Memnonium, puisque l'on a mis une grande volonté à la renverser ; ce qui suppose un projet de découvrir un mystere célèbre, ou détruire un objet de culte, et parcequ'elle est seule au lieu des deux (planche XLIV), de l'une desquelles on s'est obstiné à faire la statue de Memnon. La lettre C est un second môle, qui, avec un autre aussi détruit, formoit une seconde entrée à une cour bordée d'une galerie de colonnes et de pilastres, devant lesquels étoient des figures de prêtres ou divinités : les deux points carrés marquent la place de deux statues en granit noir d'un travail recherché ; elles sont renversées et brisées : les détails apportés auroient pu donner une idée de la perfection de la sculpture égyptienne. La lettre E étoit sans doute un portique comme celui du temple de Karnak ; les parties F, G, sont dans un état de destruction à ne pouvoir donner aucune idée de ce que pouvoient être ces pieces.N° 4. Le musulman entouré de tout ce qu'il aime ; assis à l'ombre, avec sa pipe, son café, son chat, ses oiseaux, il est tourmenté, et jamais importuné par ses petits enfants qu'il idolâtre : heureux de jouissances si douces, il devroit être bon et vertueux ; et il le seroit sans l'orgueil et la paresse, qui enfantent en lui l'intérêt, qui gâtent toutes ses bonnes qualités. Quelques rousseurs principalement marginales, un infime manque angulaire, sinon bel état de conservation. Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres. Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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