Paris, Honoré Champion, 1893. Un volume (LXXXI, 495 p.) Couverture conservée. 122x183 mm. Édition originale. Exemplaire agréable. « La légende de la mort » se rapporte à la destinée des âmes après la mort et à leurs relations avec les vivants. On y trouve aussi une description des croyances, usages et rites en lien avec les morts, qui constitue pour ainsi dire un indispensable complément à ces légendes. Les histoires, recueillies de la bouche même des habitants, sont de longueurs très variables ; certaines peuvent atteindre 25 pages, tandis que d’autres n’en occupent que deux. Léon Marillier note, dans sa longue préface : « Toutes les légendes que contient ce volume sont, autant qu’il semble, de formation récente, ou du moins ce sont des formes rajeunies de récits plus anciens : l’une d’entre elles (La coiffe de la morte) a pour origine un événement qui s’est passé vers 1860 ; une autre se rattache à des faits qui ont eu lieu en 1886. La transformation légendaire des événements réels est cependant déjà complète. C’est qu’en Bretagne aucun mur ne sépare le merveilleux du monde réel… » Autrement dit, « La légende de la mort » est faite de croyances vivantes, se renouvelant au gré des événements que pouvaient vivre des habitants encore peu scolairement éduqués, éloignés en tout cas des milieux urbains, et dont le clergé local n’était pas très loin de partager l’univers mental – tout au moins en partie. Comme le précisait L. Marillier : « Le travail du collecteur de légendes est fort différent, à certains égards, de celui du collecteur de contes. Le conte est essentiellement un témoin ; en lui survivent souvent des croyances mortes depuis longtemps et qui n’ont pas laissé d’autres traces. Puis, il vient du fond d’un lointain passé ; il dure toujours, semblable à lui-même en ses multiples transformations depuis des milliers d’années ; il vient aussi parfois d’un pays lointain ; il a voyagé (...) La légende, au contraire, est un produit du sol où on la récolte ; c’est là qu’elle est née, c’est là sans doute qu’elle mourra… » On ne trouve quasiment pas de conseil moral, d’exhortation à la piété ou à l’observance de la loi divine dans ces récits : on trouve en revanche – et naturel compte tenu de la nature du livre –, des moyens de se prémunir des périls surnaturels. On n’est pas châtié pour une faute mais on périt victime d’une imprudence. Léon Marillier, beau-frère de l’auteur, qui notait également que « les croyances qui ont donné naissance à ces récits, où les acteurs principaux sont les âmes des morts, sont des croyances encore actives et fécondes », en eut l’amère confirmation lorsqu’il passa toute la nuit sur un récif sans être secouru, à la suite du naufrage de 1901 dans lequel périrent de nombreux membres de la famille de Le Braz. « A tout instant, il se disait : “On va venir”. Point. Les lumières du rivage s’éteignirent l’une après l’autre et personne ne bougea. Il cria toute la nuit : toute la nuit, on le laissa crier. Ce n’est qu’à l’aube – à l’aube, remarquez bien – qu’on se décida enfin à recueillir cette épave humaine que la mer avait épargnée et qu’un secours moins tardif nous eût sans doute permis de conserver à la vie, à la science, à toutes les nobles choses qu’il aima. Et pourquoi le secours ne vint-il que lorsqu’il ne pouvait plus servir qu’à prolonger la plus atroce des agonies physiques et morales ? Une femme de pêcheur à qui j’en faisais tristement reproche me répondit en baissant la tête : “Oh ! nous entendions bien les appels : ils déchiraient assez la nuit ! Mais, à cause de cela même, nous croyions que c’étaient les Ames de l’Enfer de Plougrescant qui hurlaient”. Notez qu’il n’y a pas de marins plus intrépides que les habitants de cette côte. Ils se font un jeu quotidien de mépriser la mort. Mais ils ont des morts une peur irraisonnée, une peur sauvage capable de tout abolir en eux, même le plus élémentaire sentiment d’humanité… » (Le Braz : préface à la deuxième édition ; 1902) Voir notre site https://livres-rares-imaginaires.com/
Reference : KHF-43
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Mme Nathalie Kassarian
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