Tome cinquième (lettres CXXI à CL). Édition originale. À La Haye, Chez Pierre Paupie, 1737. Un volume seul (sur six), dont la reliure n’a pas été achevée : les plats et le dos ne sont pas recouverts. 8 ff. n. ch., 240 pages (170×104 mm). Édition originale de ce tome. Ce volume contient la fameuse lettre juive consacrée au vampirisme ; inspirée par un article d’octobre 1736 paru dans le Mercure historique, elle fut publiée la même année, ou bien peut-être en 1737. Cette lettre systématiquement citée par les vampirologues, rédigée après la retombée de la vague d’intérêt suscitée par les événements serbes de 1732, fait partie des rares imprimés d’époque en français se consacrant entièrement et sérieusement au vampirisme. Elle inspira en 1737 un article dans une revue anglaise et connut une traduction allemande en 1748, illustrée par le poème Der Vampir, d’Heinrich August Ossenfelder, que l’on considère quant à lui comme la première œuvre littéraire sur le thème. « Au dix-huitième siècle le raisonnement logique s’oppose fréquemment aux croyances, qu’elles soient populaires ou religieuses. Les philosophes déclarent une guerre sans merci à la crédulité, à la superstition et au fanatisme », comme en témoignent les vives réactions suscitées par plusieurs affaires de possessions diaboliques, guérisons miraculeuses et transes collectives. « Leur esprit critique ébranle l’édifice religieux en s’attaquant à la fois aux gens de l’Église et aux enseignements des livres saints. En même temps, au siècle des Lumières, la crise du christianisme est déjà bien amorcée en Occident et la place des croyances religieuses se réduit comme une peau de chagrin au fur et à mesure que les découvertes scientifiques s’accumulent. […] C’est à cette époque précise que les récits sur les vampires serbes fournissent un autre exemple de corps prodigieux. L’occasion est trop belle pour que médecins et philosophes la laissent passer. Ils en profiteront pour arracher aux clercs le monopole du jugement sur les faits surnaturels. […] Ce sera leur façon à eux de contrer le discours désuet des théologiens qui s’obstinent à rechercher dans tout fait inexplicable les signes d’une éventuelle intervention d’agents divins ou diaboliques. » (Daniela Soloviova-Horville : « Les Vampires du Folklore Slave a la Littérature Occidentale ») Ainsi, le marquis d’Argens, dont le combat contre la superstition fut un engagement majeur, fut, avec cette 125e lettre [la 137e dans les éditions ultérieures], le premier philosophe français à émettre un jugement sur les vampires. Il reproduit intégralement l’article du Mercure historique et politique (1736) et expose ses idées. On lit par exemple, au sujet de l’incorruptibilité des cadavres de vampires : « L’expérience nous apprend, qu’il est de certains Terrains qui sont propres à conserver les corps dans toute leur Fraicheur […] Quant à l’Accroissement des Ongles, des Cheveux, et de la Barbe, on l’apperçoit très souvent dans plusieurs Cadavres. Tandis qu’il reste encore beaucoup d’Humidité dans les corps, il n’y a rien de surprenant, que, pendant quelque Tems, on voie quelque Augmentation dans des parties qui n’exigent point les Esprits vitaux. » « Voilà, mon cher Isaac, ce qu’on peut dire […] ou les Corps de ces Vampires sortent de leurs Tombeaux pour venir sucer, ou ils n’en sortent pas. S’ils sortent, ils doivent être visibles. Or, l’on ne les voit point ; car quand ceux qui s’en plaignent appellent au Secours, on ne découvre rien. Il faut donc, qu’ils ne sortent pas. » Pour plus de détails et des photos : https://livres-rares-imaginaires.com/ (lien direct : https://livres-rares-imaginaires.com/boyer-dargens/)
Reference : KHF-18
Librairie Ancienne Liri
Mme Nathalie Kassarian
06 63 00 36 40
Conditions de vente conformes aux usages de la librairie ancienne. Nous acceptons les paiements par chèque et par virement bancaire. Envois de préférence en colissimo. Les frais correspondants sont à la charge de l'acheteur. Ils s'ajouteront au prix indiqué sur le site. Nous nous basons sur les tarifs de la poste (aucun frais d'emballage ou autre ne sera réclamé).