‎ARAGON (Louis)‎
‎LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À PIERRE MAISON]‎

‎ARAGON (Louis). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À PIERRE MAISON]. [Septembre 1915], 11 pages sur trois bifeuillets à en-tête du Grand Hôtel Bellevue et de la Plage, Étables (Côtes-du-Nord), 21 × 13,5 cm. Exceptionnelle très longue lettre intime, en 1915, l'année des dix-huit ans d’Aragon. Les témoignages de cette époque sur ce dernier sont d'une très grande rareté. Ce document, adressé à son ami d'enfance Pierre Maison, modèle initial du personnage d'Anicet, apporte un éclairage particulièrement précieux sur sa formation, sa sensibilité et ses préoccupations d'adolescent. Aragon, dans les « clés » d’Anicet — rédigées à l'intention de divers collectionneurs et bibliophiles ; le roman avait paru en 1921 —, écrivait notamment : « Dans l’abord, Anicet était, non l'auteur comme il le devint par la suite, mais mon ami Pierre Maison, qui venait de mourir pour la France, comme on dit (18 octobre 1918) » (Pléiade, Œuvres romanesques complètes, I, page 167) ; « Quant à Anicet, mettons que c'est moi et n'en parlons plus. Je rappelle qu'il était au début mon ami Pierre Maison, qui mourut en octobre 1918 au service de la France, dont il paraît qu'alors nous étions tous les domestiques » (id. page 172). Ce document a été étudié par Michel Apel-Muller dans « Aragon : jeunesse, genèse, 1915 et 1921 », article publié dans L'Humanité en février 2008 et disponible à l'adresse https://louisaragon-elsatriolet.fr/wp-content/uploads/sites/37/2013/04/Apel-Muller_Aragon_1915_1921.pdf. Il s’y trouve qualifié d'« immense lettre confidence », « éclair[ant] une relation que l'on ne connaissait jusqu'ici que par Anicet », celle avec l'« ami aimé et admiré » que fut Pierre Maison, « pilotis du personnage d'Anicet », mort de la grippe espagnole en 1918 après avoir survécu à la guerre. Cette lettre contient de plus une remarquable description poétique de paysage à laquelle se mêlent des réflexions, d'une maturité singulière, reflétant l'éclosion de la sensation du caractère irréversible du vieillissement et de la fuite du temps. On y lit même, sous la plume d’un Louis Aragon de dix-huit ans, ce qui peut apparaître comme une première version de « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard ». Des passages entre crochets dans la transcription ci-dessous rétablissent quelques lettres manquantes — voir la fin de la présente notice. « Cher ami Quels remords ! Ne t'avoir pas écrit plutôt [sic] ! (Ne fais pas attention à l'écriture, j'ai une plume effroyable !) Je suis de plus cyniquement sans excuses : plusieurs pages de confusion ne suffiraient certes pas à réparer mes torts et par conséquent je m'abstiens de te les écrire, dans l'assurance où je suis que ta magnanimité consentira à m'absoudre. Donc avec l'absolution de tes benoîtes mains toutes de crottin parfumées, je passe à un autre chapitre, et je mets à la ligne. L'en-tête du papier t'apprend que je perche pour l'instant à l'Hôtel Bellevue, Étables, Côtes du Nord (c'est mon adresse). Si tu avais bon souvenir, tu t'étonnerais sans doute, mais je suis dans la plus absolue certitude que tu [ne] te rappelles pas le moins du monde le nom [du p]atelin pour où je t'avais dit partir. Mais [je] suis bête ! Tu dois déjà connaître pa[r Va]llet mes pérégrinations. Partis pour Villervill[e (C]alvados) [...] Coutrot, nous ne n[ous y p]lûmes pas (mince de parfait défini !), [et] filâmes (remince !) sur la Bretagne à [Er]quy (Côtes-du-[Nord) puis [?]] là pas plus qu'à Villerville nous ne [nous] plûmes. Ceci nous met au premier septembre, date depuis laquelle nous sommes ici, où (enfin !) nous nous plaisons. Tu as sans doute su par Vallet que j'ai eu, que nous avons eu, Tréfouël et moi le plaisir de le voir deux fois au cours de deux excursions en bécane. D'Alexandre pas de nouvelles, sauf par Vallet, mais des nouvelles de quinze jours. Tu dois en avoir. De Guéret des nouvelles : il est à Landerneau, mais te l'a sans doute écrit. Malheureusement j'ai bien des remords à son sujet : voilà presqu'un mois que je traîne dans ma poche une lettre inachevée à son intention ! D'Etevenon pas de nouvelles, bonnes nouvelles, n'est[-ce p]as ? Je lui ai écrit hier douze page[s] dans l'intention de déclancher [une] modeste réponse. Je ne sais [quelles [?]] délices perverses ont pu lui fair[e] oublier tout ici bas (tout ici bas, da[ns l']espèce, c'est moi), mais ce doivent être de[s] délices non pareilles à coup sûr ! et je ne sais s'il faut lui en vouloir ! (J'ai, n'est-ce pas ? quelque toupet de me demander ainsi devant toi, s'il faut en vouloir aux paresseux de la plume !) Oh ! Devine qui j'ai aperçu sur la plage d'Hennequeville à côté de Trouville ? Boisard en chapeau melon qui avait l'air de s'embêter ! Il ne m'a pas vu, je me suis sauvé de toute la vitesse de mes jambes ! J'ai rencontré ici des gens intelligents. Entre autres un jeune homme qui prépare le professorat de lettres à la Sorbonne : je crois qu'il veut écrire une thèse sur Nietzsche, ça ne manque pas de crânerie en ce moment ! Il était d'une conversation très séduisante, je dis : "était" car il est ma[lh]eureusement rentré hier à Paris. Nous avo[ns r]ompu des lances en faveur de la musique [al]lemande, et j'ai pensé à nos bonnes [disc]ussions d'autrefois. Le souvenir m'est rev[enu co]mme je défendais Wagner, du jour où nou[s avions] ensemble descendu le cours de la Seine en parlant du Vaisseau Fantôme, et les mots que tu me disais [a]lors, en objections, me remontaient à la bouche et j'en réfutais l'argumentation. C'est un peu avec toi que j'ai discuté ce soir là, revivant notre promenade d'un dimanche de printemps. T'en souviens-tu ? Il faisait beau, mais le soleil avait quelque chose d'indéfinissablement triste, et le printemps nouveau ressemblait à un automne. Quand nous nous sommes arrêtés, sur la berge, passé Javel, le soleil était déjà bas quoi qu'il ne fut [sic] pas encore cinq heures. Ses rayons déjà affaiblis et horizontaux arrivaient de derrière la colline lointaine où s'accrochent les maisons des bords de la Seine qui disparaissait rapidement en un coude. Malgré la masse vert sombre des arbres de la berge opposée, courbés sur l'eau courante, toute chose semblait couverte d'une imperceptible teinte de rouille : on eut [sic] dit l'emprise poussiéreuse sur la campagne de la grande ville toute prochaine. [Ici Aragon passe d'une encre noire à une encre bleue.] Sur l'eau rougie dont les touches sombres décelaient par ci, par là la profondeur, le long du bord, les pontons lavoirs, comme parsemés eux aussi d'une poussière de brique, s'échelonnaient jusqu'au tournant. Pas un passant en vue : l'activité humaine se révélait en tas de pierres posées au fond, en bel ordre. Une maison flanquée d'une cheminée d'usine et de quelques baraquements noirs dressait d'angle la silhouette imprévue de son toit marqué d'un ressaut. Et par derrière, dans une buée vespérale, s'étageaient les côteaux de Meudon, avec leurs bois recéleurs de tonnelles et de guinguettes. Ce paysage morne, animé du seul mouvement de la Seine, vit encore intensément dans ma mémoire. Je l'ai revu une fois depuis : c'était en allant te voir à Versailles. Du train, on aperçoit le coin, par delà la rangée des maisons et des usines. [Je] l'ai montré, fugitif, à Coutrot et à Vallet par la portière. Et nos fronts collés aux vitres, nous lisions les majuscules des réclames dont s'ornent les usines : le nom de Ripolin en lettres blanches, énormes, passa, et je me souvins que nous avions passé devant l'usine, ensemble, ce jour là. Puis le train fila. Meudon ! Ces côteaux, de là bas entrevus dans la brume, nous les avons gravis pour aller vers toi, en ce Versailles, où nous t'allions visiter un peu comme en exil, avec le sentiment de quelque étonnante anomalie. Et tous ces souvenirs, Meudon, ses côteaux, la route de Versailles, Versailles et la caserne, ta chambre avec son balcon, toute la vision de ta nouvelle vie, sont pour moi étroitement liés à ce paysage des bords de la Seine qui nous avait un jour frappé [sic], et j'en garde le souvenir vivace avec l'aide du dessin que tu en as fait. Ce dessin ! c'est mon meilleur souvenir de l'année, et il restera tel pour moi — il évoquera nos causeries, nos promenades et tout cet adorable et paresseux laisser aller de flânerie et de révâsserie qui fut ma vie de tout un an, en votre compagnie, en la tienne, et comme je n'en trouverai sans doute plus jamais, ce doux farniente où je me complaisait [sic], à en oublier parfois les circonstance[s —] et qui fera que je garderai toujours de la guerre un double souvenir, qui, comme une tête de Janus me montrera deux faces, l'une menaçante et horrible, l'autre toute souriante et mélancolique, l'une qui me dira : "Marche !" et l'autre : "Carpe diem". Et dans ce passé souriant et nostalgique, ton image reste à mes côtés, comme celle du rêveur que tu étais, jeune socialiste à idées ! avant que du jour au lendemain la réalité ne se fût dressée devant toi, dans une nudité qui, comme celle d'une femme d'un certain âge, perdait à la crudité du grand jour. Mais je ne veux pas croire que cette vie nouvelle ait pu considérablement te changer. "Abruti !" résumais tu, aux premiers jours, tes impressions de caserne. Je lisais, il n'y a pas encore longtemps, un mot de toi à Vallet où tu te servais à nouveau de ce terme. Oui, je le crois, le service te réduira, car tu as la ferme volonté de le bien faire, à l'état passif de machine, pendant un certain temps, pendant le temps nécessaire. Mais ta vraie nature n'en sera en rien entamée. Tu seras, tu es déjà, j'en suis sûr un bon soldat (même un bon sous-off ?), mais toujours en toi, subsistera comme une veilleuse cette faculté d'imagination qui t'emportait parfois et dont je te plaisantais — mais que j'espère bien maintenant te retrouver un jour, et qui te faisait ériger en système universel les moindres impressions d'une sensibilité vagabonde. Mathématicien poétique ! La belle antithèse ! et que tu la réalisais bien, toi qui de l'enthousiasme où te plongeait la solution élégante d'un problème passait presque sans intermédiaire à la fougue de la discussion philosophique ou même à celle d'un désir plus matériel. Le même intérêt t'attachait à la solution d'une question de géométrie ou à l'énigme de deux beaux yeux entrevus dans la rue. Te souvient-il de cette femme qui avait les yeux verts et profonds, au coin du Boulevard Malheserbes et de la rue Jouffroy et que nous avons perdue Avenue de Villiers ? Et cette belle fille qui méprisait le type en casquette qui l'accompagnait et te glissait des sourires complices, un jour, dans le tramway jaune de Suresnes ? Et d'autres, qui fixaient ton attention pour un détail, un roulement des hanches, une poitrine ferme, une marche souple, l'élancement d'un corps, une lèvre trop rouge ou des yeux trop cernés ? Et ces sœurs dont tu ne parlais qu'avec émotion ? Tout cela n'était qu'enfantillages, soit, mais quels bons enfantillages ! Tout cela est passé, bien passé, fini ! et à le constater, n'y a-t-il pas quelque amertume, comme la sensation d'avoir en peu de temps vieilli plus qu'il n'eut [sic] fallu ? Presqu'au point d'en soupirer : "Ah ! Jeunesse" à dix-huit ans — C'est loin, loin et nous sommes loin aussi l'un de l'autre, avec la nostalgie d'être tous séparés. Tu souris, et tu penses que la nostalgie est une chose bonne pour les gens qui prennent des bains de mer à Étables (Côtes du Nord). Mon vieux, mon bon vieux, tu ignores ton bonheur. Toi tu peux, si tu le veux, t'abrutir, ne pas penser. Et tu sens que tu fais un travail utile vers un but qui t'est cher. Moi je suis condamné à penser et à ronger mon frein. Je ne puis pas m'abrutir. J'ai essayé d'y parvenir par le sport. J'ai réussi une fois, deux fois, mais je n'ai pu prendre le pli. Et toujours la lancinante idée de mon inutilité revient me hanter. Depuis que je suis oisif, c'est une idée fixe, et n'ayant plus d'autre occuppation [sic], je suis possédé de la pensée de la guerre. J'ai sans cesse l'impression à la bouche d'un relent de tabac refroidi, il me semble m'être réveillé d'un beau rêve, j'ai l'amertume de l'inconscience où pendant un an de classes je sens que j'ai vécu, et de cette honte subite est né un grand désir d'agir. Mais on fait ce qu'on peut. Agir ! Il faudrait en avoir la force. Mon pauvre vieux, il n'y a pas de plus grande tristesse que ça, ne pas se sentir la force, être une âme qui voudrait et un corps qui ne peut pas. Cependant, toujours en moi, j'ai l'espérance sourde que cela n'est pas irréparable, qu'avec de l'exercice... mais je n'ai pas la force de volonté pour prendre cet exercice là moi-même. Alors, s'il faut m'y obliger, le régiment ! Oh ! oui, le régiment, je le veux ! Et je fais tout ce que mes forces peuvent pour cela. Mais que peuvent-elles vraiment quand elles ne trouvent d'autre obstacle qu'une muette désolation et les pleurs d'une mère que l'on aime et que l'on sait malade assez pour avoir une attaque ? L'effroyable courage qu'il faut avoir pour déchirer ceux que l'on aime et peut-être irréparablement ! Mon vieux, mon vieux, si cela était fait, quel soulagement de pouvoir s'abrutir à la caserne, comme une brute, quel bonheur d'être de corvée ! Faire des travaux grossiers ! être une machine ! s'abrutir ! Je n'eus [sic] jamais cru souhaiter cela un jour. Je bavarde, et ma bougie s'est entièrement brûlée, la flamme est pour l'instant à l'intérieur du bougeoir. Je m'aperçois que j'ai noirci bien du papier, et si tu as lu mon épître en entier, j'ai dû bien t'ennuyer. Je ne sais pas trop ce que j'ai dit, et je ne veux pas le savoir. Je ne me relirai pas. Aussi tant pis s'il y a des fautes d'orthographe ! Tu feras semblant de ne pas les voir, et de ne pas baîller [sic]. Il est une heure indûe [sic]. Je te quitte : je t'envoie ma missive rue Jouffroy d'où on te la fera suivre, car j'ai peur de me tromper dans tes numéros. En réponse à ma lettre, et pour m'en accuser réception, tu me ferais plaisir si (je ne te demande pas de m'écrire) tu m'envoyais simplement ton adresse exacte sur une carte, sans plus, car je sais bien que tu n'as pas de temps à toi. Tes quelques loisirs te permettent cependant, j'espère, de lire ? Je regrette de n'avoir pu avant mon départ te revoir et t'apporter les bouquins que je t'avais promis. Je t'indique en passant, si tu as le temps, les titres de deux bouquins de Paul Hervieu de la collection à 0f,95cm : "L'Armature" et "Peints par eux-mêmes" qui sont très remarquables. Bien cordialement à toi, ton vieil ami qui pense bien souvent à toi dans son trou de Bretagne quoiqu'il ne te l'écrive pas souvent. Louis Aragon » Pierre Maison, né le 3 septembre 1897, avait devancé l'appel. À l'époque de la rédaction de cette lettre, il effectuait ses classes à Versailles dans un régiment d'artillerie. Jacques Tréfouël, autre ami de jeunesse d'Aragon, devint directeur de l'Institut Pasteur. Michel Apel-Muller ignorait si Boisard avait été condisciple ou professeur d'Aragon. Sur Alexandre, Coutrot et Vallet, il renvoie au dossier « Aragon et Robert Alexandre », présenté par Agnès Alexandre-Collier et Hervé Bismuth, publié depuis dans le numéro 15 de « Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet ». Sur Etevenon et Guéret, Apel-Muller écrivait ne rien savoir. La « mère » dont Aragon évoque les pleurs et la muette désolation, Claire Toucas, était en réalité sa grand-mère. Mouillure ayant entraîné des trous avec atteinte au texte sur les deuxième, troisième et quatrième pages du premier bifeuillet. La pliure centrale verticale de ce dernier est fendue. L'encre autour des parties manquantes est délavée. La même mouillure affecte, de façon beaucoup moins marquée, le deuxième bifeuillet, où seules quelques lettres sont délavées. Le troisième est complètement épargné. Nous reconstituons le texte manquant entre crochets dans notre transcription sur la base de celle faite par Michel Apel-Muller dans l'article cité ci-dessus. La transcription de ce dernier n'est toutefois manifestement pas complète, et postérieure aux dommages subis par le document, lesquels semblent anciens. En guise d'exemple, signalons seulement qu'entre « Calvados » et « Coutrot » figurent davantage de mots que le simple « avec » présent dans la transcription d'Apel-Muller. Autrement, papier un peu fatigué sans gravité, traces de pliures et petites taches parfaitement acceptables. Également disponible, sur demande : le manuscrit autographe signé du premier poème connu d'Aragon, daté de 1915, dont cette lettre éclaire les circonstances de la composition (cf. l'article de Michel Apel-Muller dont l'adresse électronique figure au début de cette notice).‎

Reference : LRB_32


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