DORVAL (Marie). LETTRE AUTOGRAPHE À ALFRED DE VIGNY. [Bordeaux, samedi 22 février 1834]. 3 pages, adresse sur la quatrième (« Monsieur / Monsieur Alfred de V. / rue Montaigne n° 18 / Paris »). [Numéro au crayon dans le coin supérieur gauche : 36.] Manque de papier ayant peut-être entraîné la suppression d’une virgule (et vraisemblablement rien d’autre). Très belle lettre de la grande actrice romantique à son amant poète. « Samedi [22 février]. Tiens vois-tu, je viens de déchirer quatre pages en réponse à ta lettre d’aujourd’hui… Elle n’irait pas à un homme aussi raisonnable que toi, un homme à qui l’amour ne ferait pas faire dix lieues. Seulement laisse-moi ne pas t’écrire quand j’ai un chagrin que tu ne peux pas comprendre parce que tu ne le sens pas. Dis-toi que cela passera, et ne crois pas que je joue la comédie et que c’est un froid calcul. Je ne suis pas femme à cela. Quand je crois voir de la froideur dans tes tranquilles lettres, des idées de jalousie viennent me tuer voilà tout. Ne parlons plus de cela jamais. Mon caractère ne peut pas changer. Si un jour je t’aime à mon aise, tu me trouveras plus aimable. Mes nerfs se calmeront beaucoup et mon imagination aussi je t’en réponds. Puisque tu es au mieux avec mon mari demande-lui si je le tourmente. Hier j’ai souffert jusqu’à 4h du matin. Je garde le lit aujourd’hui parce que je suis un peu brisée. Du reste je me porte très bien. Je pars toujours comme je te l’ai écrit. Si tu pouvais venir lundi 3, rue du Mail, tu as le temps ou plutôt moi j’ai celui de recevoir une lettre. Tu as bien raison de ne pas m’embrasser je ne le mérite pas. Écrire à cette bonne Mad[ame] Duchambge je l’ai voulu cent fois sans le pouvoir. J’ai compté sur toi pour l’assurer de mon amitié ; parler du théâtre cela m’est odieux ! Odieux ! Et puis Mad[ame] Duchambge est une femme à qui il faut toujours raconter son cœur, qui ne vous parle jamais du sien, et puis je ne sais pas écrire pour écrire, pour causer, pour raconter. Oh ! Je suis une pauvre femme, je me plaignais ce matin au médecin de mon caractère mauvais ; il m’a répondu que je souffrais horriblement des nerfs. Personne n’a pitié de ce mal-là. » Publication : Correspondance d’Alfred de Vigny. Tome 2. Août 1830 — septembre 1835. Sous la direction de Madeleine Ambrière. Presses universitaires de France, 1991. Lettre 34-12, pages 316-317.
Reference : LRB_28
Le Livre de jade
M. Jonathan Chiche
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A COMPTE D'AUTEUR. 1957. In-4. Broché. Etat d'usage, Livré sans Couverture, Agraffes rouillées, Intérieur acceptable. Environ 30 pages - non paginé - coins frottés .. . . . Classification Dewey : 56-Catalogue
Classification Dewey : 56-Catalogue