PIA (Pascal). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE (« P. P. ») À JEAN PAULHAN. 18 juillet 1966. 4 pages, 20,8 × 13,4 cm environ. Très belle lettre, au contenu parfois très personnel, que Pia qualifie de « confidences » et qu’il prie Paulhan de « garder pour [lui] ». « Cher Jean, J’ai trouvé tes deux lettres en rentrant cet après-midi à Paris. J’ai fait aussitôt le nécessaire auprès d’Erval et de Nadeau pour que le prochain n° de la quinzaine contienne tes précisions sur les complicités vestimentaires de F. F. (Quel dommage que je n’aie pas su cela plus tôt ! — Je n’ai reçu qu’aujourd’hui ton édition des “œuvres” de F. Je m’étais débrouillé en allant à la Bibl. Nat. Merci tout de même.) Je n’osais pas te demander des nouvelles de Germaine. La dernière fois que je l’ai vue, je crois que Suzanne m’accompagnait, j’ai eu l’impression que la visite des vieux amis que nous étions lui était peut-être pénible (je veux dire douloureuse). C’est une des raisons qui nous ont fait hésiter à revenir rue des Arènes. Et puis, accablé de besognes journalistiques, j’ai peu à peu cessé de voir d’autres gens, que les importuns qu’il me fallait subir tous les jours. Après quoi, la lassitude est venue, les ennuis de santé aussi, et je me suis mis en veilleuse. Ce n’est pas que je tienne à durer, oh non, mais si je disparais, Suzanne, à 63 ans, sera quasi sans ressources, et cela je ne me le pardonne pas. Colette s’est mariée, a divorcé, s’est remariée. De son premier mariage, elle a eu une petite fille, que Suzanne a élevée jusqu’à 6 ans et qui aura 8 ans à la fin de l’année : c’est Sophie, — elle est en ce moment chez nous — jusqu’à la fin du mois. Du second mariage, une seconde fille, Justine, un bébé d’environ dix mois. Le gendre actuel est un vague journaliste de radio (radio pour les nègres d’Afrique) que Colette a connu dans une agence de presse où elle travaillait il y a deux ou trois ans. Ne t’exagère pas mon rôle au journal du Parlement. J’y passe exactement 6 hres par semaine : 3 hres le mardi après-midi et 3 hres le jeudi après-midi. Encore n’y vais-je pas quand le jeudi est un jour férié, comme le 14 juillet. Mon nom figure dans la manchette parce qu’ap[rè]s le décès des deux patrons, [Berlon ?] et [Sarrus ?], je me trouvais être le plus ancien et le plus âgé des rédacteurs. Le nouveau directeur, un peu jeune dans le métier, m’a demandé comme un service d’accepter le titre qu’il m’offrait. Mon nom, paraît-il, a la vertu de décourager les tentatives de chantage des ministres de l’Intérieur. Ce ne doit pas être tout à fait vrai, mais ce qui est vrai, c’est qu’en dépit de la liberté d’expression que s’arrogent les collaborateurs du JP, le journal n’a pas été poursuivi en justice sur plainte de tel ou tel ministre. (Je ne pense pas que Malraux soit intervenu pour obtenir cela. Je n’ai plus eu l’occasion de le rencontrer depuis 1953. Une fois, en 1960, je lui ai demandé, par lettre, un renseignement banal sur le fonctionnement de la Caisse des Lettres : il s’agissait de savoir ce qui pouvait être fait pour la veuve de Louis de Gonzague Frick. Il ne m’a pas répondu (j’ai eu néanmoins le renseignement désiré : un journaliste l’a obtenu, devant moi, en moins de cinq minutes, en téléphonant à un fonctionnaire de la Caisse des Lettres. C’est te dire qu’il ne s’agissait pas d’un secret d’État.) Excuse ces bavardages. Il m’a semblé que tu attendais de moi quelques confidences. Tu les as. Garde-les pour toi, n’est-ce pas ? Je ne souhaite pas retenir l’attention, ni susciter la compassion. Tibi. »
Reference : LRB_22
Le Livre de jade
M. Jonathan Chiche
+33 7 69 86 15 02
Conformes au « Code de commerce », à la charte du SLAM et à notre rigoureuse morale personnelle.
Paris n.d. (circa 1945), 13,6x21cm, une page sur une feuille.
Lettre autographe signée de Jean Paulhan à un auteur, écrite à l'encre noire. Date en haut de la lettre, signature au bas de la lettre. Papier à en-tête de la NRF. Pliure centrale inhérente à l'envoi postal. Jean Paulhan écrit cette lettre pour remercier son correspondant pour sa suggestion. Il l'informe qu'il a transmis celle-ci au directeur des Lettres Française, Claude Morgan. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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